Exposition : « Habemus Papam Les élections pontificales de Saint Pierre à Benoît XVI »

Dans les appartements pontificaux du palais apostolique du Latran

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ROME, Jeudi 7 décembre 2006 (ZENIT.org) – « Habemus Papam Les élections pontificales de Saint Pierre à Benoît XVI » c’est le titre d’une exposition que l’on peut dire exceptionnelle, pour les œuvres exposées et le parcours historique qu’elle propose, mais aussi pour le lieu choisi qui vaudrait à lui seul la visite: les appartements pontificaux – ornés de fresques et de tapisseries – du palais apostolique du Latran jouxtant la basilique patriarcale, cathédrale des papes.

Inaugurée ce jeudi 7 décembre après-midi, l’exposition sera ouverte au public à partir de samedi prochain, 9 décembre 2006 et jusqu’au 7 avril 2007 (du lundi au samedi de 9 heures à 16 h 45, fermé le dimanche et les 25 et 26 décembre, les 1er et 6 janvier, et le 19 mars).

Un catalogue de 238 pages (en italien) accompagne l’exposition, expliquant par d’abondantes références historiques les reproductions des tableaux, des gravures, les photos des objets précieux ou curieux rassemblés.

On remarquera le dernier chapitre, dû à la plume de l’historien Andrea Riccardi, consacré à Benoît XVI : l’exposition est en effet dédiée au pape, en cette deuxième année de son pontificat.

L’un des souvenirs les plus émouvants rassemblés par l’exposition est certainement le lectionnaire qui avait été placé, le 8 avril 2005, sur le cercueil de Jean-Paul II : on se souvient que, feuilleté par le vent, il a été soudain fermé complètement. Il est ouvert à la page où saint Luc raconte la Nativité (Lc 2, 1-14), en regard, on peut lire le Prologue de Saint Jean (Jn 1, 1-14).

Un DVD propose aussi une mise en perspective et en musique de toutes les œuvres rassemblées ainsi au Latran, avec un riche commentaire chronologique. Le public pourra découvrir les « curiosités » liées aux élections des papes, comme ces bulletins de vote, ou les plans des « chambres » installées à la hâte pour les cardinaux en conclave dans le palais du Vatican ou dans le palais du Quirinale (40, puis 70 puis 120 depuis Paul VI) : charpente en bois, lattes de bois, le tout recouvert de tentures. On voit en particulier le plan de l’appartement du cardinal Pirelli lors du conclave de 1769.

Sur les sphères en bois utilisées pour le tirage au sort des différentes fonctions à assurer pendant le conclave et le vote, mais aussi des chambres à attribuer aux cardinaux, on voit encore les noms et les numéros du dernier conclave d’avril 2005. On voit notamment le nom du numéro 1 : le cardinal Ratzinger, alors doyen du collège cardinalice, et qui a, en tant que tel présidé les funérailles de Jean-Paul II.

L’exposition montre l’évolution des lois régissant l’élection des pontifes romains, avec en particulier la constitution « Ubi periculum » de Grégoire XIII après le difficile conclave de Viterbe : dix-neuf cardinaux avaient mis 33 mois à l’élire, en 1268. Un exemplaire de cette constitution, tirée des Archives secrètes du Vatican témoigne de cette première loi sur les conclaves, approuvée au concile de Lyon le 13 juillet 1274.

On y découvre aussi comment on honorait les pontifes défunts, avec ces extraordinaires catafalques sculptés parfois d’après des maquettes de grands maîtres. Une eau-forte représente celui de Paul V, érigé à Sainte-Marie Majeure par Theodor Krueger (1576 – 1650), en 1622.

Lors de la translation du corps du pape défunt en la basilique Saint-Pierre, en la chapelle du Saint-Sacrement, on permettait la vénération des fidèles en faisant dépasser un pied de la grille de la chapelle, de façon à permettre le fameux « osculum piedis », le baiser au pied : une gravure a immortalisé un tel hommage à Grégoire XVI en 1846.

Pendant la période de la vacance du siège apostolique, les cardinaux pourvoyaient en particulier à l’installation du « camp » du conclave. Le « Maréchal » du conclave devait veiller à la sécurité des cardinaux électeurs, et à leur indépendance de toute pression extérieure. Ils étaient de la famille des Chigi ou des Savelli et avaient grande allure… comme l’attestent ces portraits prêtés à l’exposition par des collections privées.

Giovanni Maggi (1566 – 1618 ca) est l’auteur de l’un des plans du conclave: une eau forte qui se trouve habituellement à la Bibliothèque vaticane. Ces plans sont accompagnés de « bandes dessinées » des différents moments du conclave, comme ce passage au « tour » des repas des cardinaux, qui devaient être vérifiés : nul message ne devait être communiqué.

L’exposition ne manque pas, bien sûr, de présenter ces fameuses clefs du conclave : les cardinaux étant mis « sous clefs » à proprement parler, et d’autre « instruments » utilisés pour vérifier la mort des papes – un marteau – ou pour voter – les urnes, dont celles du dernier conclave de 2005 – ou pour lier les bulletins avant de les brûler – un fil rouge – dans le poêle (l’ancien poêle est là !), avec de quoi fabriquer de la fumée, blanche ou noire – ou encore les registres des votes.

Après l’élection, l’Habemus Papam, dont les plus récents sont illustrés par des photos, et puis le couronnement, l’intronisation : des tiares précieuses et des trônes sont exposés. Et notamment l’une des deux reproductions du trône offert par Charles le Chauve, dont l’orignal est serti dans celui du Bernin dans la somptueuse et richement symbolique mise en scène de la Chaire de Saint Pierre dans le chœur de la basilique Vaticane.

On se souvient que la tiare dont les trois « étages » symbolisent les trois pouvoirs des papes, a été abandonnée par Paul VI et vendue au profit des pauvres : cette tiare se trouve à Washington. Mais c’est Jean-Paul Ier qui supprima le « couronnement » proprement dit ainsi que la « sedia gestatoria ».

Après l’intronisation, la « prise de possession » : le très long cortège papal serpentait dans Rome (comme en témoignent de nombreuses et très intéressantes gravures), accompagné des autorités civiles et religieuses de l’Urbs, dans une liesse générale et populaire. On se réjouissait et l’on buvait : les deux fontaines de l’escalier du Capitole distribuaient du vin, blanc d’un côté et rouge de l’autre, à tout le peuple !

Un portrait du pape Pie VI à cheval rappelle la tradition de la « Cavalcata », la « Chevauchée » : le pape se rendait à cheval à sa cathédrale, au Latran, pour en « prendre possession », ce que Pie VI fit le 30 novembre 1775.

Parmi les autres portraits des papes proposés par l’exposition, on s’arrête volontiers devant cette huile du Guercin (Giovan Francesco Barbieri, dit « il Guercino », 1591 – 1666), représentant le pape Grégoire XV. Mais le peintre l’avait peut-être exécutée pour le cardinalat d’Alessandro Ludovisi : l’ombre d’une barrette de cardinal se devine au-dessus du bonnet du pape.

L’exposition est due à la collaboration entre le Musée du Latran, et de son responsable, Mgr Piero Amato, avec les Musées du Vatican, dirigés par Francesco Buranelli, mais aussi de la « Provincia » de Rome et de son président, M. Enrico Gasbarra, et du Centre européen pour le Tourisme, présidé par M. Giuseppe Lepore.

L’exposition a été présentée ce matin au Latran par M. Buranelli, l’assesseur Vincenzo Vita, représentant le président de la Province, M. Lepore et Mgr Amato. Deux historiennes des Musées du Vatican accompagnaient la visite de la presse, Mme Alessandra Rodolfo, et Mme Adele Breda.

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ZENIT Staff

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