ROME, Mardi 17 octobre 2006 (ZENIT.org) –En Corée du Sud, l’aumônerie militaire n’oublie pas les jeunes soldats qui, après 24 mois de service obligatoire, retrouvent la vie civile, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org), dans son édition du 15 octobre (EDA n. 449).
Ces dernières années, près de 20 000 soldats ont été baptisés chaque année dans la foi catholique, ce qui représente 10 % de l’ensemble des conscrits. L’initiation à la foi se fait sous l’égide de l’aumônerie militaire, mais la plupart des soldats ne relèvent de cette pastorale que pendant les deux années que dure leur service. « Bien qu’un certain nombre soient baptisés à l’armée, ils ne vont plus à l’église, leur temps de service terminé », a expliqué le P. Stephen Lim Seok-hwan, chancelier de l’ordinariat aux armées, le 28 septembre dernier. « C’est pourquoi, depuis 2004, l’ordinariat communique aux paroisses le nom des soldats démobilisés afin qu’elles puissent entrer en contact avec eux. » Grâce à quoi, a confié le P. Lim, entre 60 et 70 % des soldats démobilisés de l’archidiocèse de Séoul continuent à pratiquer leur foi et à participer aux activités de leurs paroisses. « Ce qui est positif », a-t-il souligné.
En juillet dernier, le P. Benedict Kwak Seong-min, chancelier de l’archidiocèse de Séoul, a ainsi envoyé un courrier à toutes les paroisses pour leur signaler les noms des soldats démobilisés et demander aux curés de s’en préoccuper. Il suggérait que les prêtres aillent rendre visite au domicile des anciens soldats et que ceux-ci soient invités à prendre contact avec la paroisse.
Le 1er octobre dernier, à l’occasion du dimanche consacré à l’Aumônerie militaire, l’évêque aux armées, Mgr Peter Lee Ki-heon, a demandé aux fidèles de prier pour les soldats de la « nouvelle génération » (1). Il a expliqué que ces jeunes lui apparaissaient plutôt égocentriques et indifférents à la religion. « La majorité des soldats sont des jeunes de cette ‘nouvelle génération’. Leurs valeurs culturelles et morales sont tout à fait différentes de celles des anciennes générations. Aussi, personne ne peut prédire ce qu’ils deviendront », a écrit l’évêque. Néanmoins, il a parlé de la grande opportunité que ces jeunes représentaient pour l’Eglise. « Certains, au départ indifférents à la religion, recherchent sincèrement et comme naturellement la foi lorsqu’ils sont plongés dans la sévère discipline militaire. » Après leur service, a-t-il ajouté, ils rejoignent la société et fondent des familles, bases essentielles de l’Eglise.
Pour le P. Francisco Hyun Kwang-sub, un aumônier militaire rattaché à la paroisse de Piryong, à Yangju, au nord de Séoul, les propos de l’évêque rejoignent une réalité qu’il constate dans son apostolat, notamment en ce qui concerne la difficulté de la jeunesse d’aujourd’hui à se faire à la discipline militaire. Selon lui, l’égocentrisme des jeunes revêt une dimension « incroyable », comparé à la situation d’il y a dix ans. « Notre approche pastorale n’a pas changé, mais il nous faut évoluer pour mieux correspondre à leur culture. Aujourd’hui, nous insistons sur la formation du caractère et le souci de savoir s’occuper des autres. »
Le P. Lim a également expliqué que, pour s’adapter au changement culturel de ces jeunes et de l’environnement militaire, l’aumônerie, le 5 septembre dernier, a mis sur pied un comité d’une trentaine de personnes, prêtres, religieuses et laïcs, dont des militaires et leurs familles. « Avec ce comité, nous faisons de notre mieux pour aider les soldats catholiques à approfondir leur foi durant leur temps de service. »
D’après les informations fournies par l’aumônerie militaire, 80 aumôniers travaillent sur « cette terre aride » des forces armées, où ils célèbrent l’eucharistie, conseillent et accompagnent les soldats (2).
(1) Cette année, le dimanche consacré à l’Aumônerie militaire, le premier dimanche d’octobre, coïncidait avec la Journée nationale des Forces armées. Le dimanche de l’Aumônerie militaire a été institué en 1967.
(2) L’armée sud-coréenne est forte de 680 000 hommes. Tous les jeunes hommes sont soumis à un service militaire obligatoire de 24 mois. C’est Mgr George Caroll, missionnaire de Maryknoll, qui avait organisé localement la première aumônerie militaire : The Military Chaplain Corps, en 1951, pendant la guerre de Corée. En octobre 1989, elle s’est transformée en Ordinariat aux armées avec un évêque titulaire à sa tête. Durant des années, l’armée a encouragé les jeunes conscrits à avoir une religion, vue comme une protection idéologique contre le communisme.