ROME, Mardi 10 octobre 2006 (ZENIT.org) – « Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu » : dans une note, Benoît XVI explique que cette phrase de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue a été essentielle pour ses réflexions successives dans son discours à l’université de Ratisbonne.

Les 13 notes du discours de Benoît XVI à Ratisbonne le 12 septembre dernier, à l’université de la ville, ont été publiées hier par le Vatican sur son site en Allemand, en Italien, en Anglais, à la page du voyage de Benoît XVI.

Deux notes retiennent particulièrement l’attention : le pape signale le passage qui a prêté à malentendu.

La première référence renvoie entre autres au livre publié en français par le P. Khoury, « Manuel II Paléologue, Entretiens avec un Musulman. 7e Controverse », dans la collection des « Sources chrétiennes » (n. 115, Paris 1966).

Dans la note (3) le pape renvoie à la Controverse VII 2c (Khoury, pp. 142-143) et il ajoute (nous taduisons de l’italien) : « Dans le monde musulman, cette citation a été hélas prise comme une expression de ma position personnelle, suscitant ainsi une compréhensible indignation. J’espère que le lecteur de mon texte pourra comprendre immédiatement que cette phrase n’exprime pas mon évaluation personnelle face au Coran, pour lequel j’ai le respect dû au livre sacré d’une grande religion. En citant le texte de l’empereur Manuel II Paléologue, j’entendais uniquement mettre en évidence le rapport essentiel entre foi et raison. Sur ce point, je suis d’accord avec Manuel II, sans pourtant faire mienne sa polémique ».

Le dialogue entre l’empereur et le Persan pourrait avoir eu lieu au cours de l’hiver 1391.

A propos de l’affirmation de l’empereur byzantin : « Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu », la note (5) de Benoît XVI, très personnelle également, dit : « C’est seulement pour cette affirmation que j’ai cité le dialogue entre Emmanuel et son interlocuteur persan. C’est dans cette affirmation qu’émerge le thème de mes réflexions successives ».

Lorsque le texte du discours a été communiqué aux journalistes le 12 septembre, le Vatican avait en effet annoncé : « Le Saint-Père se réserve d’offrir dans un second temps une rédaction de ce texte accompagnée de notes. L’édition actuelle doit donc être considérée comme provisoire ».

Ces notes constituent donc des précisions sur les sources et sur l’interprétation à donner aux paroles du pape.

C’est la quatrième fois que le pape propose lui-même l’exégèse de sa « lectio magistralis » de Ratisbonne, après l’angélus du 17 septembre, l’audience du 20 septembre, et la rencontre avec les ambassadeurs des pays à majorité musulmane, et les représentants de l’Islam en Italie, le lundi 25 septembre à Castel Gandolfo.

Les 17 et 20 septembre, le pape avait déjà souligné qu’il ne prenait pas à son compte les paroles de l’empereur byzantin.

A côté des notes, le texte lui-même porte également des petites retouches. Un passage disait: « Il s’agit d’une des sourates de la période initiale où Mahomet lui-même était encore sans pouvoir et menacé ». Il est devenu : « C’est probablement une des sourates de la période initiale, dit une partie des experts, dans laquelle Mahomet était encore sans pouvoir et menacé ».

La sourate avait été citée par le pape parce qu’elle contient l’affirmation « aucune contrainte dans les choses de la foi ». Et quelque expert avait contesté l’affirmation selon laquelle elle avait été reçue par Mahomet à La Mecque, au moment où il était persécuté.

Par ailleurs, là où le texte commentait le jugement de l’empereur sur Mahomet, comme étant « abrupte, de façon surprenante », le nouveau texte ajoute : « abrupte au point d’être pour nous inacceptable ».

Et enfin, au milieu d’une phrase de l’empereur, le nouveau texte ajoute : « dit-il », pour bien mettre en relief qu’il ne s’agit pas des paroles du pape.