ROME, Vendredi 16 juin 2006 (ZENIT.org) – L’hostie, le pain des pauvres, représente comme une synthèse de la création, a expliqué le pape Benoît XVI dans son homélie pour la fête du Saint-Sacrement, hier, jeudi soir.
En la solennité du Saint-Sacrement ou du « Corpus Domini » , ou « fête-Dieu » , Benoît XVI a célébré une messe à 19 h sur le parvis de la basilique Saint-Jean-du-Latran, cathédrale du pape, avant de présider la traditionnelle procession eucharistique jusqu’à Sainte-Marie-Majeure.
C’est Jean-Paul II qui a renoué avec la tradition de la procession du « Corpus Domini », un an après son arrivée sur le siège de Pierre, en 1979. Elle était interrompue depuis la confiscation des Etats Pontificaux, en 1870.
Les autorités municipales de l’époque avaient tenté de s’opposer à cette initiative mais devant l’insistance du pape elles avaient fini par consentir.
Jean-Paul II ne comprenait pas pourquoi, en effet, si cette procession avait pu être organisée à Cracovie, en plein régime communiste, elle ne pouvait pas avoir lieu à Rome.
Jusqu’en 1993 Jean-Paul II avait fait la procession à pied avec les fidèles mais depuis 1994 – à 74 ans – et sa fracture du col du fémur, c’est en voiture qu’il suivait la procession.
Benoît XVI – 79 ans – a poursuivi cette tradition , dès la fête Dieu du 26 mai 2005.
Pour Benoît XVI, l’hostie consacrée est « l’aliment des pauvres », « le fruit de la terre et du travail des hommes », et donc, disait-il, « pas seulement une de nos productions humaines ».
Il expliquait : « Fruit de la terre, ce pain est également un don » car c’est le résultat de l’alliance des « forces de la terre et du ciel, du soleil et de la pluie ».
Le pape insistait tout spécialement sur le don de l’eau en disant : « A une époque où l’on évoque la désertification, il faut à nouveau mettre en garde contre un danger qui pourrait conduire à la mort par la soif de beaucoup d’hommes et d’animaux dans des régions privées d’eau. Nous nous rendons mieux compte ainsi de la grandeur du don que représente l’eau, matière que nous ne sommes pas en mesure de nous procurer par nous-mêmes ».
« Regardons donc de plus près ce fragment d’hostie qui est le pain des pauvres, comme une synthèse de la création », invitait le pape.
Il soulignait que dans la vénération de l’hostie consacrée, « ce signe de la création nous parle car nous reconnaissons en lui toute la grandeur de ce don ».
Il soulignait la présence de tout le mystère de la rédemption en disant : « Nous y trouvons aussi la Passion, la Croix et la Résurrection de Jésus ».
« Par notre regard d’adoration, Il nous attire à Lui, dans son mystère, par lequel il veut nous transformer comme il a transformé l’hostie », insistait Benoît XVI.
Du point de vue de son origine biblique, le pape rappelait : « La fête du Corpus Domini est d’abord placée sous le signe du pain, et elle nous rappelle la pérégrination d’Israël quarante ans durant au désert. L’hostie est notre manne, celle par laquelle le Christ s’offre lui-même ».
Benoît XVI ajoutait que lorsque l’on suit l’hostie lors de la procession eucharistique, c’est vraiment le Christ que l’on suit.
Le pape achevait son homélie par une longue prière au Christ, pour lui demander : « Guide-nous sur les routes de notre histoire ! Montre toujours à nouveau à l’Eglise et à ses pasteurs le juste chemin. Regarde l’humanité souffrante qui erre incertaine au milieu de tant d’interrogations. Regarde la faim physique et psychique qui la tourmente. Donne aux hommes le pain du corps et de l’âme. Donne-leur du travail ! Donne-leur la lumière ! Donne-leur toi-même! Purifie-nous et sanctifie-nous tous! Fais-nous comprendre que c’est seulement en participant à ta Passion, par le « oui » à la croix, au renoncement et aux purifications que tu nous impose, que notre vie peut mûrir et arriver à son plein accomplissement. Rassemble-nous de toutes les extrémités de la terre. Unis ton Eglise, unis l’humanité déchirée. Donne-nous ton salut! Amen ».