Une procession qui est une confession de foi publique de ce que disait Benoît XVI aux fidèles lors de l’audience générale de mercredi: le Saint-Sacrement est le trésor le plus précieux « de l’Eglise et de l’humanité ». Et depuis 40 heures, les fidèles s’étaient préparés intérieurement, par l’adoration perpétuelle à Sainte-Marie Majeure.
Le pape a présidé la procession du Saint-Sacrement, au long de la rue Merulana, précédé et suivi d’une foule immense, à genou sur un prie-Dieu doré, au pied du Saint-Sacrement exposé dans l’ostensoir, sur une sellette toute vêtue d’or également.
La rue descend du Latran à la rue Labicana, qui conduit au Colisée, avant de remonter sur la colline de l’Esquilin jusqu’à la basilique libérienne.
Le pape, revêtu de la lourde chape dorée des jours de solennités était accompagné de deux cérémoniaires à genou.
Un dais blanc avait été installé sur la plate-forme d’une voiture découverte blanche, et orné de feuillages.
La double haie des grands platanes abritait la longue procession sous sa voûte verte et majestueuse, plus haut dans le ciel: ils avaient préservé la fraîcheur du chemin.
A l’arrivée du Christ à Sainte-Marie Majeure, les cloches ont sonné à toute volée. Le Saint-Sacrement a été placé sur l’autel dressé sur le parvis de la première basilique mariale de l’Occident chrétien, et le pape s’est agenouillé en adoration sur un coussin pourpre.
Au chant du « Tantum ergo » et de l’orgue, dans l’encens parfumé, le pape, un voile liturgique blanc autour des épaules a béni la foule en portant haut l’ostensoir.
Après les litanies, conduites par Benoît XVI debout au pied de l’autel, et proclamées après lui par la foule, le Saint-Sacrement a été reporté dans la basilique et la cérémonie solennelle s’est conclue par le chant du Salve Regina.
La nuit était tombée, il était 21 h 30. La lumière jaillissait de l’intérieur de l’atrium de la basilique, faisant resplendir les mosaïques du balcon jusque sur la foule, aux flambeaux multicolores.
Une foule internationale, bigarrée, rassemblant toutes les générations et tous les états de vie, les familles, les groupes de jeunes, les servants de messe, les associations de laïcs et les confréries, autour de l’icône du Christ miséricordieux de sainte Faustine ou d’un tableau de Notre-dame du Mont Carmel, des ordres équestres, des congrégations religieuses – dont les habits, aubes, voiles, capes ou scapulaires, et saris -, venaient du monde entier, les prêtres et les diacres, les monsignori, les évêques et les cardinaux, les chanoines des basiliques, certains fort âgés et le cœur sinon le pas vaillant, et portant flambeau, tous illuminés encore par les flashes crépitant sur leur passage.
Les bas côtés de l’avenue étaient en effet hérissés d’une autre foule, des passants, des commerçants, des habitants descendus avec le chien, surpris dans leur travail, un instant suspendu. Le peuple de Dieu marche. Le pape passe. Benoît XVI contemple et attire à contempler le mystère de la Présence réelle de Jésus vivant au milieu de la Ville éternelle qui s’est mobilisée pour lui préparer la route.