ROME, Vendredi 2 juin 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le message que le pape Benoît XVI a adressé aux membres des mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles qui ont participé du 31 mai au 2 juin au IIe Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles, à Rocca di Papa (Italie). Ce Congrès précède la rencontre qui aura lieu place Saint-Pierre avec le pape, le samedi 3 juin, veille de la Pentecôte.
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Très chers frères et sœurs,
En attendant la rencontre prévue samedi 3 juin place Saint-Pierre avec les membres de plus de cent mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles, je suis heureux de vous souhaiter, représentants de toutes ces réalités ecclésiales, réunis à Rocca di Papa pour un Congrès mondial, un salut chaleureux à travers les paroles de l’Apôtre: « Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint » (Rm 15, 13). Le souvenir du précédent Congrès mondial des mouvements ecclésiaux, qui s’est déroulé à Rome, du 26 au 29 mai 1998, auquel je fus invité à apporter ma contribution, alors en qualité de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec une conférence sur le thème de la place théologique des mouvements est encore vivante dans ma mémoire et dans mon cœur. Ce Congrès fut couronné par la mémorable rencontre avec le bien-aimé pape Jean-Paul II, le 30 mai 1998, place Saint-Pierre, au cours de laquelle mon prédécesseur confirma son appréciation pour les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles, qu’il qualifia « de signes d’espérance pour le bien de l’Eglise et des hommes ».
Aujourd’hui, conscient du chemin parcouru depuis sur le sentier tracé par la sollicitude pastorale, par l’affection et par les enseignements de Jean-Paul II, je voudrais féliciter le Conseil pontifical pour les Laïcs, en la personne de son président, Mgr Stanislas Rylko, du secrétaire, Mgr Joseph Clemens et de leurs collaborateurs, pour l’importante et la précieuse initiative de ce Congrès mondial, dont le thème — « La beauté d’être chrétien et la joie de le communiquer » —, est issu d’une affirmation que j’ai faite dans mon homélie au début de mon ministère pétrinien. Il s’agit d’un thème qui invite à réfléchir sur ce qui caractérise essentiellement l’événement chrétien: en effet, en lui, nous rencontrons Celui qui, en chair et en sang, de façon visible et historique, a apporté la splendeur de la gloire de Dieu sur terre. C’est à Lui que s’appliquent les paroles du Psaume 44: « Tu es le plus beau des enfants des hommes ». Et c’est à Lui, de façon paradoxale, que font également référence les paroles du prophète: « Sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits » (Is 53, 2). Dans le Christ se rencontrent la beauté de la vérité et la beauté de l’amour; mais l’amour, on le sait, implique également la disponibilité à souffrir, une disponibilité qui peut aller jusqu’au don de la vie pour ceux que l’on aime (cf. Jn 15, 13)! Le Christ, qui est « la beauté de toute beauté » (cf. Jn 15, 13) comme avait l’habitude de le dire saint Bonaventure (Sermones dominicales, 1, 7), se rend présent dans le cœur de l’homme et l’attire vers sa vocation qui est l’amour. C’est grâce à cette extraordinaire force d’attraction que la raison est tirée de sa torpeur et ouverte au Mystère. C’est ainsi que se révèle la beauté suprême de l’amour miséricordieux de Dieu et, dans le même temps, la beauté de l’homme qui, créé à l’image de Dieu, est régénéré par la grâce et destiné à la gloire éternelle.
Au cours des siècles, le christianisme a été communiqué et s’est diffusé grâce à la nouveauté de vie de personnes et de communautés capables d’apporter un témoignage incisif d’amour, d’unité et de joie. C’est précisément cette force qui a mis tant de personnes en « mouvement » au fil des générations. N’est-ce pas la beauté que la foi a engendrée sur le visage des saints qui a poussé tant d’hommes et de femmes à en suivre les pas ? Au fond, cela vaut également pour vous: à travers les fondateurs et les initiateurs de vos mouvements et communautés, vous avez entrevu avec une luminosité particulière le visage du Christ et vous vous êtes mis en chemin. Aujourd’hui encore, le Christ continue de faire retentir dans le cœur de nombreuses personnes ce « viens et suis-moi », qui peut décider de leur destin. Cela a lieu normalement à travers le témoignage de ceux qui ont fait une expérience personnelle de la présence du Christ. Sur le visage et dans la parole de ces « créatures nouvelles », sa lumière devient visible et son invitation peut être entendue.
C’est pourquoi je vous dis, chers amis des mouvements: faites en sorte que ceux-ci soient toujours des écoles de communion, des compagnies en chemin, dans lesquelles on apprend à vivre dans la vérité et dans l’amour que le Christ nous a révélés et communiqués au moyen du témoignage des Apôtres, au sein de la grande famille de ses disciples. Que retentisse toujours dans votre âme l’exhortation de Jésus: « Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16). Apportez la lumière du Christ dans tous les milieux sociaux et culturels dans lesquels vous vivez. L’élan missionnaire est la preuve de la radicalité d’une expérience de fidélité toujours renouvelée à son propre charisme, qui conduit à dépasser tout repli las et égoïste sur soi. Illuminez l’obscurité d’un monde transformé par les messages contradictoires des idéologies! Il n’y a pas de beauté qui vale s’il n’existe pas de vérité à reconnaître et à suivre, si l’amour est relégué à un sentiment passager, si le bonheur devient un mirage insaisissable, si la liberté dégénère en instinctivité. Combien la soif de pouvoir, de richesse, de plaisir est capable de produire de mal dans la vie de l’homme et des nations! Apportez dans ce monde troublé le témoignage de la liberté à travers laquelle le Christ nous a libérés (cf. Ga 5, 1). La fusion extraordinaire entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain rend la vie belle et fait refleurir le désert dans lequel nous vivons souvent. Là où la charité se manifeste comme une passion pour la vie et pour le destin des autres, illuminant le domaine des sentiments et du travail, et devenant la force de construction d’un ordre social plus juste, là s’édifie la civilisation capable de faire face à la progression de la barbarie. Devenez artisans d’un monde meilleur selon l’ordo amoris dans lequel se manifeste la beauté de la vie humaine.
Les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles représentent aujourd’hui le signe lumineux de la beauté du Christ et de l’Eglise, son Epouse. Vous appartenez à la structure vivante de l’Eglise. Celle-ci vous remercie pour votre engagement missionnaire, pour le travail de formation que vous développez de façon croissante dans les familles chrétiennes, pour la promotion des vocations au sacerdoce ministériel et à la vie consacrée que vous développez en votre sein. Je vous remercie également pour la disponibilité dont vous faites preuve pour accueillir les indications d’action non seulement du successeur de Pierre, mais également des évêques et des diverses Eglises locales qui sont, avec le pape, les gardiens de la vérité et de la charité dans l’unité. Je suis certain de pouvoir compter sur votre obéissance. Au-delà de l’affirmation du droit à l’existence doit toujours prévaloir, avec une priorité indiscutable, l’édification du Corps du Christ parmi les hommes. Chaque problème doit être affronté par les mouvements avec des sentiments de profonde communion, dans un esprit d’adhésion aux pasteurs légitimes. Que vous
soutienne la participation à la prière de l’Eglise, dont la liturgie est la plus haute expression de la beauté de la gloire de Dieu, et constitue d’une certaine façon une présence du Ciel sur terre.
Je vous confie à l’intercession de Celle que nous invoquons comme la Tota pulchra, la «Toute Belle», un idéal de beauté que les artistes ont toujours tenté de reproduire dans leurs œuvres, la « Femme enveloppée de soleil » (cf. Ap 12, 1); dans laquelle la beauté humaine rencontre la beauté de Dieu.
Avec ces sentiments, je vous envoie à tous, en signe d’affection constante, une Bénédiction apostolique particulière.
Du Vatican, le 22 mai 2006
[© Copyright texte original : Libreria Editrice Vaticana]
Traduction réalisée par Zenit