ROME, Lundi 29 mai 2006 (ZENIT.org) – Le P. Koprowski évoque « la simplicité et la transparence évangélique du pape », qui a conquis les Polonais. Il évoque aussi l’arc-en-ciel qui s’est déployé au-dessus des camps d’Auschwitz et Birkenau au moment de la visite du pape.
Le P. Andrzej Koprowski, directeur des programmes de Radio Vatican a en effet suivi le pape dans sa visite en Pologne et a confié ses impressions au micro de Radio Vatican aujourd’hui.
« La visite du Saint-Père Benoît XVI a été une étonnante expérience de foi, explique-t-il. La simplicité et la transparence évangélique du pape, son effort pour approcher la personne de Jésus Christ crucifié et ressuscité et la communauté missionnaire de l’Eglise a eu une réponse magnifique de la part de la population polonaise. Au quotidien, la population est divisée, secouée, amère, du fait des difficultés causées par les transformations sociales et politiques profondes. Mais cette visite a démontré que la société polonaise, spécialement les jeunes, cherche des points de référence valides. Elle cherche comment construire « la maison de sa vie », dans laquelle le pain quotidien soit l’amour, le pardon; la nécessité de compréhension, dans laquelle la vérité soit une source dont jaillisse la paix du cœur. De cette visite restent les applaudissements prolongés de la foule. Lors de la rencontre avec les jeunes, on a pensé à un moment que le pape ne réussirait pas à prononcer son discours. Mais lorsqu’il a commencé à parler, il y a eu un silence absolu de quelque 400.000 jeunes. De Varsovie à son départ de Cracovie, son passage a été salué par des milliers de calicots et de banderoles multicolores réalisés par les jeunes eux-mêmes avec des inscriptions en polonais, mais aussi en allemand. Et, enfin, de ce pèlerinage en terre polonaise reste le climat de silence profond et de prière sur les drames du XXe siècle, à Auschwitz et à Birkenau: une étape historique accompagnée d’une pluie insistante qui, avec l’arrivée de quelque éclaircie a laissé la place à un arc-en-ciel qui s’étendait dans le ciel ».
A propos justement de la visite à Auschwitz et Birkenau, le P. Koprowski ajoute: « Je ne sais pas dans quel esprit le pape a quitté Auschwitz, mais cette visite a été une expérience profonde pour tous. Toutes les personnes présentes ont certainement été frappées par la force spirituelle et la clarté de sa pensée. Les stèles commémoratives parlent de la douleur humaine, du cynisme de ce pouvoir qui traitait les hommes comme des objets, ne les reconnaissant pas en tant que personnes créées à l’image de Dieu. Un régime qui voulait écraser le peuple juif dans sa totalité; l’éliminer de la liste des peuples de la terre, parce que ce peuple constitue un témoignage de ce Dieu qui a parlé à l’homme et l’a racheté. Avec la destruction d’Israël, ils voulaient en fin de compte, a dit le pape, arracher aussi la racine sur laquelle se fonde la foi chrétienne. Sur la stèle en langue polonaise, le pape a commenté qu’on voulait éliminer l’élite culturelle et effacer ainsi le peuple comme sujet historique autonome, pour le faire réduire, dans la mesure où il continuait à exister, à un peuple d’esclaves. Sur une autre stèle en langue des Sintis et des Roms, il a rappelé le peuple considéré comme élément inutile de l’histoire universelle. Sur la stèle en russe, il a évoqué le nombre immense des vies sacrifiées parmi les soldats soviétiques dans l’affrontement avec le régime national-socialiste: un drame de l’histoire qui, en libérant les peuples d’une dictature féroce a ensuite servi un autre régime. Sur la stèle allemande, Benoît XVI a rappelé le visage d’Edith Stein et de tant d’autres martyrs qui étaient considérés comme le déchet de la nation. En réalité, ce sont vraiment eux les témoins de la vérité et du bien, qui n’a jamais disparu chez le peuple allemand, en dépit de la barbarie nazie ».
Pour ce qui est du message du pape à la Nation polonaise, le P. Koprowski fait remarquer: « Le message du Saint-Père a été très simple, on doit être conscients du présent mais aussi des péchés du passé. Le Christ nous a donné la mission universelle de regarder l’avenir. On doit construire notre maison personnelle et sociale sur le roc. Sur Jésus Christ, crucifié et ressuscité, qui a été rejeté, ignoré, moqué, proclamé roi. Aujourd’hui en Pologne aussi, on veut cantonner son message de salut dans le « placard » de la sphère privée sans en parler à voix haute en public. Si, dans la construction de la maison de votre vie chrétienne, vous rencontrez ceux qui méprisent le fondement du message de Jésus, a dit le pape, ne vous découragez pas. Construire sur le roc signifie construire sur Pierre et avec Pierre, dans la communauté fondée sur la personne de Jésus. Aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, mais aussi aux fidèles laïcs, Benoît XVI a rappelé la responsabilité d’aider les autres sociétés et les autres Eglises particulières, pour aller aider les jeunes polonais qui, à cause du chômage important, quittent le pays pour chercher du travail ailleurs. Le Saint-Père a apporté aussi l’expérience de la joie de la foi, de la joie de construire la communauté des croyants ».