C’est ce qu’a confié le cardinal polonais, qui est primat de Pologne depuis 25 ans, et fête ses 50 ans de sacerdoce, au quotidien catholique italien « Avvenire » du 24 mai.
Il voit en effet dans ce voyage un « signe » du « changement de la face de la terre », selon l’invocation de Jean-Paul II à Varsovie le 2 juin 1979.
Il explique: « Un pape allemand vient en pèlerin de paix dans la ville qui a été détruite par ses compatriotes au cours de la seconde guerre mondiale ».
Mais c’est en même temps, ajoute le cardinal Glemp, « l’accomplissement grandiose de ce chemin de réconciliation qui a commencé en 1965 avec la lettre des évêques polonais qui s’adressent à leurs confrères allemands ‘en pardonnant et en demandant pardon’ ».
Il rappelle qu’à cette occasion, les évêques polonais avaient invité leurs confrères allemands à participer aux célébrations à l’occasion du millénaire du baptême de Mieszko Ier, en 966, et ceci vingt ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, en proposant en même temps un chemin de dialogue, de réconciliation et de fraternité.
Les évêques allemands qui se trouvaient alors à Rome pour la conclusion du concile Vatican II, répondirent quelques jours après au message polonais en disant: « Nous accueillons avec un respect fraternel cette main tendue. Que le Dieu de la paix fasse, par l’intercession de la Reine de la Paix, que le spectre de la haine ne divise jamais plus ces mains serrées ».
Benoît XVI, commente le cardinal Glemp, est bien conscient de tout cela, et immédiatement après son élection, il a défini comme providentiel le fait qu’à un pape polonais succède un pape allemand.
« Il s’agira d’une visite pastorale au sens plénier, comme l’indique le thème qui a été choisi: « Restez forts dans la foi ! » Les Polonais attendent beaucoup du pape et de ses paroles. Du reste, le pape Ratzinger connaît bien notre pays : il l’a visité plusieurs fois alors qu’il était cardinal ».
Le Primat de Pologne a ensuite ajouté que durant son voyage, le pape allait rencontrer avant tout un pays qui « avance sur la voie de la démocratie » et qui a bien l’intention, après son entrée dans l’Union européenne, de « faire entendre sa voix en rappelant les racines chrétiennes de notre civilisation ».
Pour ce qui concerne la situation de l’Eglise polonaise, le cardinal Glemp a fait remarquer qu’elle « continue à être une réalité dynamique et fortement enracinée dans le peuple », qui a très bien résisté au communisme et qui n’a pas non plus été balayée par la consommation.
Il y a certes, dit-il, des « divergences », mais elles concernent « les choix politiques » car il y a des « positions très différentes chez les fidèles et cela est absolument normal ».
Le cardinal Glemp souligne également que ce voyage correspond au 25e anniversaire de sa nomination comme archevêque primat, évoquant la figure de son prédécesseur, le « regretté cardinal Wyszynski » qu’il a remplacé à un moment dramatique où la Pologne voyait se rapprocher la tempête de l’état de guerre, et à Rome, Jean-Paul II était hospitalisé au Gemelli à la suite de l’attentat ».
Il souligne sa position d’alors en disant: « J’ai toujours cherché à conserver la paix en défendant Solidarnosc mais en mettant en garde contre le risque d’une révolte qui aurait eu une issue catastrophique ».
Il évoque la « blessure profonde » et « l’offense à la dignité du peuple polonais » soufferte par Jean-Paul II lorsqu’en décembre 1981, le général Wojciech Jaruzelski a décrété la loi martiale.
« Nous ne savions pas, dit-il, que le communisme était un colosse aux pieds d’argile. Mais le pape Wojtyla l’avait déjà compris, avant 89 ».