Entretien avec le postulateur de la cause de béatification de Marthe Robin

A l’occasion de la parution de « Vie de Marthe Robin »

Share this Entry

ROME, Mardi 23 mai 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous un entretien avec le père Bernard Peyrous, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel et postulateur de la cause de béatification de Marthe Robin, qui vient de publier un ouvrage de référence sur la mystique française intitulé « Vie de Marthe Robin », aux Editions de l’Emmanuel et aux Editions des Foyers de Charité.

Zenit : Qui était Marthe Robin ?

P. B. Peyrous : Marthe Robin est une paysanne d’un petit village à 80 kilomètres au sud de Lyon, Châteauneuf-de-Galaure. Elle a vécu de 1902 à 1981. Elle est tombée malade très jeune et a passé sa vie dans son lit, comme une grabataire, souffrant terriblement. L’influence qu’elle a eue est impressionnante. En effet, elle a reçu dans sa chambre plus de 100.000 personnes, dont 60 évêques et cardinaux, des centaines de prêtres, de consacrés, des célébrités du monde intellectuel, de nombreux fondateurs d’ordres et communautés nouvelles. On retrouve sa trace dans une grande partie de ce qui se vit actuellement en France et qui manifeste les différents aspects vivants du catholicisme français. Elle a fondé une oeuvre, les Foyers de Charité présents dans le monde entier, où l’on prêche des retraites pour la formation des laïcs.

Zenit : Pourquoi avez-vous eu le désir d’écrire un livre sur Marthe Robin, en tant que postulateur de la cause ?

P. B. Peyrous : Du vivant de Marthe, comme elle était une personne extrêmement discrète pour tout ce qui la concernait, on a peu publié sur elle. Mais après sa mort, plus de vingt ouvrages ont été publiés à son sujet, certains traduits en de nombreuses langues, et environ un millier d’articles, sans parler des émissions de radio et de télévision. Pourtant, nous nous sommes aperçus, au fur et à mesure de l’instruction de son procès de béatification, que Marthe est une personne peu connue, dont l’image est par conséquent déformée, et dont on ramène la vie à des aspects de mystique spectaculaire. Nous avons recueilli plusieurs centaines de témoignages la concernant. Ceux-ci nous ont permis de resituer les diverses étapes de son itinéraire personnel, et de mieux comprendre les grandes options qui ont été les siennes. Le but de cet ouvrage a été de parler de manière plus précise de Marthe, de publier un livre de référence, scientifiquement établi.

Zenit : Marthe Robin vivait la passion du Christ tous les vendredis. Comment vivait-elle cette souffrance ?

P. B. Peyrous : Marthe Robin, nous l’avons dit, était gravement malade. Il ne faut pas croire qu’elle ait accepté la maladie avec joie. Elle a lutté, et tenté de vivre le mieux possible avec des moyens très pauvres. Elle a connu des années de combat. Elle disait elle-même qu’elle ne souhaitait à personne de vivre ce qu’elle avait vécu. La grande grâce qu’elle a reçue en 1928 a été de comprendre que cet état de maladie, de souffrance, de perte apparente de tout avenir, pouvait servir à quelque chose. Sa vie semblait perdue, inutile. Elle a compris qu’au contraire cette vie pouvait être féconde si elle était unie au Christ, au don d’amour du Christ pour les hommes, à sa Passion rédemptrice. Elle a transformé ses douleurs en don d’amour, elle a accepté de continuer à vivre pour aider ses frères, pour contribuer au salut de la France, son pays, du monde, pour l’avancée de l’Eglise tout entière. Peu après, elle a commencé à vivre la Passion du Christ. Sa souffrance a été dès lors comme inclue à l’intérieur du mystère du don d’amour de Jésus. Et sa vie est très vite devenue féconde.

Zenit : Quel est selon vous le message de Marthe Robin pour le monde aujourd’hui ?

P. B. Peyrous : Marthe nous montre que rien n’est jamais perdu, que Dieu peut faire des merveilles avec la personne la plus pauvre, la plus délaissée. Marthe était malade, grabataire, ignorante, perdue dans une ferme isolée, incomprise. Et voilà qu’elle est devenue l’une des personnalités les plus rayonnantes et les plus influentes de la seconde partie du vingtième siècle en France. C’est un espoir pour les pauvres, les malades, les humbles. Ce n’est pas la puissance qui change le monde. C’est Dieu qui est le maître des temps et de l’histoire, et ce sont les pauvres qui ont accès au Coeur de Dieu.
Le message de Marthe s’étend aussi au renouveau de l’Eglise. L’Eglise catholique est attaquée, les sociétés montent des projets sociaux dont elle est exclue, on veut créer un monde sans Dieu. Marthe a donné sa vie pour la nouvelle évangélisation, pour le renouveau de l’Eglise, pour une nouvelle Pentecôte d’amour dans la ligne du Concile. Elle y a cru de tout son coeur et elle a formé des milliers d’âmes en vue de ce renouveau. C’est une leçon d’espérance et de courage pour nous tous.

Zenit : Où en est le procès de béatification de Marthe Robin ?

P. B. Peyrous : Le procès a commencé 5 ans après la mort de Marthe. La phase diocésaine nous a permis de recueillir une abondante documentation, et nous a obligés à faire un certain nombre d’expertises. Le texte du procès qui a été transmis à Rome ne fait pas moins de 17.000 pages ! Nous sommes maintenant en train de rédiger la Positio, c’est-à-dire le résumé de ce procès, Position qui, une fois terminée, sera examinée en son temps par une commission de théologiens et de cardinaux. Si Marthe, à la suite de ces examens, est déclarée vénérable, nous présenterons un dossier de miracle en vue de sa béatification. Notons au passage que l’on peut prier Marthe comme une amie, et que nous constatons constamment qu’elle semble à l’origine de nombreuses grâces, et même de guérisons physiques.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel