ROME, Lundi 27 février 2006 (ZENIT.org) – « Chers jeunes, dès maintenant, dans un climat d’écoute permanente de la parole de Dieu, invoquez l’Esprit Saint, Esprit de force et de témoignage, pour qu’il vous rende capables de proclamer sans peur l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre » : c’est l’invitation qui conclut le Message de Benoît XVI aux jeunes pour la Journée mondiale de la Jeunesse, qui a lieu en 2006 dans les diocèses, le dimanche des Rameaux, le 9 avril prochain.
Voici le texte intégral publié par le site Internet du Vatican (www.vatican.va)
MESSAGE DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI
AUX JEUNES DU MONDE A L’OCCASION
DE LA XXIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE, 2006
« Une lampe sur mes pas, ta parole,
une lumière sur ma route » (Ps 118 [119], 105)
Chers jeunes!
C’est avec joie que je m’adresse à vous qui vous préparez à la XXIe Journée mondiale de la Jeunesse, revivant en esprit le souvenir des expériences enrichissantes que nous avons vécues en août dernier en Allemagne. La Journée de cette année sera célébrée dans les différentes Églises locales et ce sera une bonne occasion pour raviver la flamme d’enthousiasme allumée à Cologne, que beaucoup d’entre vous ont apportée dans leurs familles, dans leurs paroisses, dans leurs associations et dans leurs mouvements. Ce sera aussi un moment privilégié pour entraîner vers le Christ, dans le pèlerinage spirituel des nouvelles générations, nombre de vos amis.
Le thème que je propose à votre méditation est un verset du Psaume 118 [119] « Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route » (v.105). Le bien-aimé Jean-Paul II a commenté ainsi ces paroles du Psaume: « Celui qui prie se répand en louanges de la Loi de Dieu, qu’il prend comme une lampe pour ses pas sur le chemin souvent obscur de la vie » (Audience générale du14 novembre 2001 : La Documentation catholique 98 [2001], p. 1069). Dieu se révèle dans l’histoire, il parle aux hommes, et sa Parole est créatrice. En effet, le concept hébraïque « dabar », traduit habituellement par « parole », signifie à la fois parole et acte. Dieu dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Dans l’Ancien Testament, il annonce aux fils d’Israël la venue du Messie et l’établissement d’une « nouvelle » alliance; dans le Verbe fait chair, il accomplit ses promesses. Le Catéchisme de l’Église Catholique met bien cela en évidence: « Le Christ, le Fils de Dieu fait homme, est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père. En Lui Il dit tout, et il n’y aura pas d’autre parole que celle-là » (n. 65). L’Esprit Saint, qui a guidé le peuple élu, inspirant les auteurs des Saintes Écritures, ouvre le cœur des croyants à l’intelligence de tout ce qu’elles contiennent. L’Esprit lui-même est activement présent dans la Célébration eucharistique, lorsque le prêtre, prononçant « in persona Christi » les paroles de la consécration, change le pain et le vin en Corps et Sang du Christ, pour qu’ils soient nourriture spirituelle des fidèles. Pour avancer dans notre pèlerinage terrestre vers la Patrie céleste, nous avons tous besoin de nous nourrir de la parole et du pain de Vie éternelle, inséparables l’un de l’autre.
Les Apôtres ont écouté la parole de salut et l’ont transmise à leurs successeurs comme une perle précieuse conservée, en toute sûreté, dans l’écrin de l’Église: sans l’Église, cette perle risque de se perdre ou de se briser. Chers jeunes, aimez la Parole de Dieu et aimez l’Église, qui, en vous apprenant à en apprécier la richesse, vous permet d’accéder à un trésor d’une si grande valeur. Aimez et suivez l’Église, qui a reçu de son Fondateur la mission d’indiquer aux hommes le chemin du vrai bonheur. Il n’est pas facile de reconnaître et de rencontrer l’authentique bonheur dans le monde où nous vivons, où l’homme est souvent l’otage de courants de pensée qui le conduisent, tout en se croyant « libre », à se fourvoyer dans les erreurs ou les illusions d’idéologies aberrantes. Il est urgent de « libérer la liberté » (cf. Encyclique Veritatis splendor, n. 86), d’éclairer l’obscurité dans laquelle l’humanité avance à tâtons. Jésus a indiqué comment cela peut se faire: « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 31-32). Le Verbe incarné, Parole de Vérité, nous rend libres et oriente notre liberté vers le bien. Chers jeunes, méditez souvent la parole de Dieu et laissez l’Esprit Saint devenir votre maître. Vous découvrirez alors que les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes. Vous serez amenés à contempler le vrai Dieu et à lire les événements de l’histoire avec ses yeux; vous goûterez pleinement la joie qui naît de la vérité. Sur le chemin de la vie, qui n’est ni facile, ni privé d’embûches, vous pourrez rencontrer des difficultés et des souffrances, et vous serez parfois tentés de vous écrier avec le Psalmiste: « J’ai vraiment trop souffert » (Ps 118 [119], 107). N’oubliez pas d’ajouter, comme lui: « Seigneur, fais-moi vivre selon ta parole… À tout instant j’expose ma vie : je n’oublie rien de ta loi » (ibid., 107.109). La présence aimante de Dieu, à travers sa Parole, est une lampe qui dissipe les ténèbres de la peur et qui éclaire le chemin, même dans les moments les plus difficiles.
L’Auteur de la lettre aux Hébreux écrit: « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants; elle pénètre au plus profond de l’âme jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (4, 12). Il convient de prendre au sérieux l’exhortation à considérer la parole de Dieu comme une « arme » indispensable au combat spirituel; elle agit efficacement et porte du fruit si nous apprenons à l’écouter, pour ensuite lui obéir. Le Catéchisme de l’Église Catholique explique: « Obéir (ob-audire) dans la foi, c’est se soumettre librement à la parole écoutée, parce que sa vérité est garantie par Dieu, la Vérité même » (n. 144). Si Abraham est le modèle de cette écoute qui est obéissance, Salomon se révèle, lui aussi, un chercheur passionné de la sagesse contenue dans la parole. Quand Dieu lui propose: « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai », dans sa sagesse le roi répond: « Donne à ton serviteur un cœur attentif » (1 R 3, 5.9). Le secret pour avoir « un cœur attentif » est de se former un cœur qui sache écouter. On y parvient en méditant sans cesse la parole de Dieu et en y demeurant enracinés, en prenant l’engagement de la connaître toujours mieux.
Chers jeunes, je vous exhorte à devenir des familiers de la Bible, à la garder à portée de la main, pour qu’elle soit pour vous comme une boussole qui indique la route à suivre. En la lisant, vous apprendrez à connaître le Christ. Saint Jérôme observe à ce propos: « L’ignorance des Écritures est l’ignorance du Christ » (PL 24, 17; cf. Dei Verbum, n. 25). Un moyen assuré pour approfondir et goûter la parole de Dieu est la lectio divina, qui constitue un véritable itinéraire spirituel par étapes. De la lectio, qui consiste à lire et relire un passage de l’Écriture Sainte en en recueillant les principaux éléments, on passe à la meditatio, qui est comme un temps d’arrêt intérieur, où l’âme se tourne vers Dieu en cherchant à comprendre ce que sa parole dit aujourd’hui pour la vie concrète. Vient ensuite l’oratio, qui nous permet de nous entretenir avec Dieu dans un dialogue direct, et qui nous conduit enfin à la contemplatio; celle-ci nous aide à maintenir notre cœur attentif à la présence du Christ, dont la parole est une « lampe brillant dans l’obscurité, jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs »
(2 P 1, 19). La lecture, l’étude et la méditation de la Parole doivent ensuite déboucher sur l’adhésion d’une vie conforme au Christ et à ses enseignements.
Saint Jacques nous avertit: « Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Car écouter la parole de Dieu sans la mettre en application, c’est ressembler à un homme qui se regarde dans une glace, et qui, aussitôt après, s’en va en oubliant de quoi il avait l’air. Au contraire, l’homme qui se penche sur la Loi parfaite, celle de la liberté, et s’y tient, celui qui ne l’écoute pas pour l’oublier, mais l’applique dans ses actes, heureux sera-t-il d’agir ainsi » (1, 22-25). Celui qui écoute la parole de Dieu et y fait constamment référence, fonde son existence sur des bases solides. « Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique – dit Jésus – est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc » (Mt 7, 24): il ne cédera pas aux intempéries.
Construire votre vie sur le Christ, en accueillant avec joie sa parole et en mettant en pratique ses enseignements: jeunes du troisième millénaire, tel doit être votre programme! Il est urgent que se lève une nouvelle génération d’apôtres enracinés dans la parole du Christ, capables de répondre aux défis de notre temps et prêts à répandre partout l’Évangile. C’est ce que le Seigneur vous demande, ce à quoi l’Église vous invite, ce que le monde – même sans le savoir – attend de vous! Et si Jésus vous appelle, n’ayez pas peur de lui répondre avec générosité, spécialement s’il vous propose de le suivre dans la vie consacrée ou dans la vie sacerdotale. N’ayez pas peur; faites-lui confiance, et vous ne serez pas déçus !
Chers amis, avec cette XXIe Journée mondiale de la Jeunesse, que nous célébrerons le 9 avril prochain, Dimanche des Rameaux, nous commencerons un pèlerinage spirituel vers la rencontre mondiale des jeunes qui aura lieu à Sydney en juillet 2008. Nous nous préparerons à ce grand rendez-vous en réfléchissant ensemble sur le thème l’Esprit Saint et la mission, à travers des étapes successives. Cette année, notre attention se concentrera sur l’Esprit Saint, Esprit de vérité, qui nous révèle le Christ, le Verbe fait chair, ouvrant le cœur de chacun à la Parole de salut, qui conduit à la Vérité tout entière. L’an prochain, en 2007, nous méditerons sur un verset de l’Évangile de Jean: « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (13, 34) et nous découvrirons encore plus profondément que l’Esprit Saint est Esprit d’amour, qui infuse en nous la charité divine et nous rend sensibles aux besoins matériels et spirituels de nos frères. Alors nous parviendrons à la rencontre mondiale de 2008 qui aura pour thème: « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins » (Ac 1, 8).
Chers jeunes, dès maintenant, dans un climat d’écoute permanente de la parole de Dieu, invoquez l’Esprit Saint, Esprit de force et de témoignage, pour qu’il vous rende capables de proclamer sans peur l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. Que Marie, présente au Cénacle avec les Apôtres dans l’attente de la Pentecôte, soit votre mère et votre guide. Qu’elle vous apprenne à accueillir la parole de Dieu, à la garder et à la méditer en votre cœur (cf. Lc 2, 19), comme elle l’a fait tout au long de sa vie. Qu’elle vous encourage à dire votre « oui » au Seigneur en vivant l’« obéissance de la foi ». Qu’elle vous aide à demeurer fermes dans la foi, constants dans l’espérance, persévérants dans la charité, toujours dociles à la parole de Dieu. Je vous accompagne de ma prière, et je vous bénis de tout cœur.
Du Vatican, le 22 Février 2006, Fête de la Chaire de saint Pierre Apôtre.
BENEDICTUS PP. XVI
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