Lors de sa dernière journée de délibérations, l’Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises (COE) réunie à Porto Alegre a adopté plusieurs déclarations sur des sujets d’actualité. Les tensions, à travers le monde, liées à la publication de caricatures du prophète Mahomet dans un journal danois, avaient été évoquées dès le premier jour de cette rencontre qui rassemble les délégués des 348 Eglises membres du COE.
Le 23 février, l’Assemblée a adopté une note à l’attention du COE et de ses Eglises membres, sur les conditions d’un dialogue respectueux et responsables avec les autres religions. Ce texte déclare en substance: « A travers le dialogue, nous apprenons de la foi de l’autre et comprenons mieux la souffrance et la frustration sous-jacente. Nous nous voyons nous-mêmes à travers le regard de l’autre ».
En réponse à l’affaire des caricatures, le texte déclare qu’il est « crucial de fortifier le dialogue et la coopération entre Chrétiens et Musulmans ». Il reconnaît, cependant, qu’il y a, « dans les tensions actuelles, plus que des implications seulement religieuses. L’échec à trouver une solution juste et pacifique à la crise israélo-palestinienne et les difficultés à accepter les résultats d’élections libres, ainsi que les guerres en Irak et en Afghanistan, ajoutent à la frustration née du passé, marqué par les Croisades et le colonialisme ».
Cette note souligne que « les véritables tensions dans notre monde ne sont pas entre religions et croyances, mais entre des idéologies laïques intolérantes et manipulatrices et des idéologies religieuses ». Cette crise révèle, selon le document, la « nécessité d’Etats et de sociétés laïcs. C’est dans cette configuration que le rôle et la signification de la religion dans un monde multiculturel et globalisé pourront être mieux compris et respectés, en particulier en tant que dimension humaine essentielle ».
A cette fin, le document préconise « la création de plates-formes de dialogue avec les membres d’autres religions » et invite les Eglises membres du COE à « approfondir le dialogue avec les responsables des autres confessions […] afin de lutter contre le racisme, les stéréotypes et la xénophobie ».
Tout en réaffirmant l’engagement du COE pour « la liberté d’expression », ce texte appelle les Eglises membres à contribuer à une réflexion nécessaire sur une éthique de comportement et de bonnes pratiques dans l’usage de cette liberté.