Le projet « Intrepid », une étude menée par l’Institut Jérôme Lejeune

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ROME, Lundi 20 février 2006 (ZENIT.org) – Le projet « Intrepid », lancé par l’Institut Jérôme Lejeune, s’inscrit dans le cadre d’une intensification de la recherche sur les déficiences mentales d’origine génétique à l’Institut Jérôme Lejeune, grâce au financement de la Fondation Jérôme Lejeune. Nous publions cet entretien avec le docteur Yann Grattau, responsable de programmes de recherche clinique et épidémiologique à l’Institut Jérôme Lejeunepublié dans la Lettre mensuelle de la Fondation.

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FJL : Pourriez-vous nous présenter le projet Intrepid ?

Dr. Grattau : L’étude Intrepid est une étude de type épidémiologique, c’est-à-dire que son but est d’améliorer la connaissance de la maladie. Elle concerne toutes les personnes porteuses de trisomie 21. Ce projet est particulièrement précieux pour essayer de déterminer pourquoi certains patients trisomiques 21 supportent bien telle ou telle manifestation de leur trisomie 21 alors que d’autres sont très affectés par les mêmes troubles. Ceci devrait permettre de déterminer des cibles de travail prioritaires pour la recherche d’un traitement de la trisomie 21. Le projet s’étale sur au moins 5 ans pour un budget d’environ 200 000 ¤/an.

FJL : Comment procédez-vous ?

Dr. Grattau : Nous avons démarré début 2004. Aujourd’hui, près de 100 patients sont déjà entrés dans le protocole. Nous comptons sur 800 patients pour permettre une analyse précise des résultats. Une prise de sang est faite à chaque patient. Une partie des prélèvements est congelée pour être conservée dans une banque de données. Avec ces prélèvements, nous souhaitons monter notre propre collection de cellules, sous la direction du docteur Anne Plantier, médecin biologiste à l’Institut Jérôme Lejeune (IJL). Cette base de données sera directement exploitée par l’IJL et par les laboratoires de recherche avec qui nous assurons déjà une étroite collaboration. L’objectif est de pouvoir ré-analyser ces données au fur et à mesure des progrès scientifiques.

FJL : Pourquoi monter ce protocole ?

Dr. Grattau : La maladie est due à la présence d’un troisième chromosome 21 dans les cellules. Celle-ci entraîne une synthèse excessive de certaines protéines et une anomalie de certaines réactions chimiques dans les cellules, responsables des caractères de la maladie. Ces anomalies étant de nature quantitative (3 chromosomes au lieu de 2) et non qualitative (les chromosomes sont normaux), un traitement pourrait être imaginé si la nature des réactions biochimiques modifiées chez les patients porteurs d’une trisomie 21 était bien connue, c’est donc ce que nous cherchons à connaître avec Intrépid. Cette recherche a reçu un avis favorable du Comité Consultatif pour la Protection des Personnes dans la Recherche Biomédicale (C.C.P.P.R.B.) de l’Hôpital Européen Georges Pompidou à Paris.

FJL :Y-a-t-il d’autres buts ?

Dr. Grattau : : Intrepid vise d’abord à chercher une corrélation entre les manifestations physiques et neuropsychologiques de la maladie (phénotype) et la nature, l’expression et la régulation de l’expression des gènes (génotype).
Nous allons étudier aussi la non-disjonction des chromosomes 21 : lors de la formation de cellules reproductrices (gamètes), qui comportent 23 chromosomes au lieu de 46 dans toutes les autres cellules du corps, les deux chromosomes 21 ne se sont pas séparés et sont partis dans la même cellule. L’origine de cette non-disjonction n’étant pas encore connue, nous voulons essayer de comprendre ce phénomène pour éviter qu’il ne se produise. Ceci nécessite de comparer l’ADN des patients trisomiques 21 à celui de leurs parents et d’autres patients atteints de trisomie 21.

Qui peut participer à ce projet ?
1. Tout patient trisomique 21, qui est d’abord vu en consultation à l’Institut Jérôme Lejeune par un des médecins pour le suivi de sa maladie.
2. Il y a ensuite un questionnaire à remplir par le patient et ses parents. Ce questionnaire détermine les caractères de la trisomie 21 qu’il ou elle exprime particulièrement. Il sera éventuellement complété par d’autres questionnaires pour approfondir certains points.
3. Un test psychométrique adapté en fonction de l’âge est effectué par une des psychologues de l’Institut, qui évalue le développement psychomoteur de la personne.
4. L’infirmière de l’Institut fait le prélèvement sanguin. Cet échantillon sera traité et conservé pour en étudier ensuite l’information génétique (ADN et ARN).

Cette étude fait appel aux outils de la biologie moléculaire qui évoluent constamment et rapidement. Pour cette raison, une partie des cellules prélevées est congelée et stockée pour pouvoir servir à d’autres études, toujours dans le but de mieux comprendre les dysfonctionnements à l’origine de la trisomie 21, dans le respect des valeurs de la Fondation Jérôme Lejeune.

Seuls les médecins de l’Institut Jérôme Lejeune ont accès au dossier médical complet ; les informations nécessaires à l’étude sont transmises de manière anonyme. L’étude ne servira en aucun cas à extraire une information génétique personnelle de l’ADN d’un patient.

Pour entrer dans le protocole « Intrepid », vous pouvez contacter l’Institut Jérôme Lejeune par téléphone au : ++ 33 (0)1 53 64 73 60 .

Qu’est –ce qu’un protocole ?
Un protocole, c’est le cahier des charges d’un projet de recherche. On l’établit lorsqu’on a une intuition de recherche sérieuse qu’on veut explorer. On recense toutes les publications sur le sujet pour savoir quelles ont été les recherches déjà abouties. On établit ensuite un descriptif en précisant :
– l’exposé du problème et les hypothèses de recherche proposées,
– les pistes de recherche à privilégier pour vérifier les hypothèses,
– les moyens que l’on met en œuvre pour y parvenir,
– les considérations éthiques,
– la durée du protocole,
– l’estimation budgétaire.
Ce texte est ensuite déposé auprès des autorités de santé pour approbation. Un rapport doit être remis à la fin de l’étude ; les résultats sont publiés dans une revue scientifique.

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ZENIT Staff

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