Les migrations, « nouvel aréopage dans la Mission de la communauté chrétienne »

Commentaire de l’intention missionnaire pour janvier 2006

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ROME, Vendredi 16 décembre 2005 (ZENIT.org) – L’intention missionnaire du pape Benoît XVI pour Janvier 2006 est : « Pour que les chrétiens sachent accueillir les migrants avec respect et charité, en reconnaissant en chaque personne l’image de Dieu ».

L’agence vaticane Fides, propose cette méditation de Mgr Silvano Tomasi, nonce apostolique et observateur du Saint-Siège aux Nations Unies et aux Organisations Internationales, à Genève.

Mgr Tomasi voit dans les migrations « comme un nouvel aréopage dans la Mission de la communauté chrétienne ».
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« Plus de 200 millions de personnes vivent aujourd’hui et travaillent dans un autre pays que le leur, signe des temps et phénomène qui transforment des pays entiers. Le Pape Benoît XVI s’est adressé à ces migrants lors de l’Angélus du 5 juin, en commémorant l’anniversaire de la mort du Bienheureux Giovanni Battista Scalabrini (1839-1905), appelé par le Pape Jean Paul II « le Père des Migrants » : « Je souhaite qu’ils rencontrent toujours sur leur chemin des visages amis et des cœurs accueillants, capables de les soutenir dans les difficultés de chaque jour ». Par ces paroles, le Pape a saisi ! la tradition d’amour envers les migrants des Saints de l’Eglise, comme Mère Francesca Saverio Scabrini, John Newman, Scalabrini, et indiqué la voie vers l’avenir : l’accueil.

« L’Evangile décrit l’accueil comme une caractéristique du mode d’être de Jésus, de son rapport avec les autres : il accueille les foules et leur parle du Royaume de Dieu, et guérit tous ceux qui ont besoin de soins (Lc 9,11) : il accueille les pécheurs et mange avec eux (Lc 15, 1-2), il se rend présent dans l’accueil en rassurant les disciples : Qui vous accueille, c’est moi qu’il accueille, et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé » (Math 10,40).

« En recevant l’enseignement du Maître, l’Apôtre Paul instruit les chrétiens des premières communautés en disant : « Accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueillis » (Rom 15,7). L’accueil chrétien n’a pas de limites et de préjugés de race, de couleur, de culture, au contraire, c’est un test pour le jo! ur du jugement. Il est béni et sauvé celui qui a accueilli, parce que sous chaque visage nécessiteux, était caché le Fils de Dieu : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Math 25,35).

« La rencontre avec l’autre ne peut laisser indifférent celui qui s’ouvre au message évangélique. L’amour, qui doit être la devise du chrétien, exige une attitude d’ouverture positive qui, par la suite, devra s’expliquer en des attitudes de disponibilité active même à l’égard de l’étranger qui quitte sa propre terre pour chercher dans un nouveau Pays un avenir meilleur pour lui et pour ceux qui lui sont chers. Des politiques et des lois justes, des structures dignes, des procédures transparentes, l’ouverture à la convivialité constructive deviennent l’expression visible de l’amour, qui s’étend aussi au partage des valeurs et des biens qui édifient la communion dans l’appréciation des diversités en un échange réciproque et harmonieux qui comporte des droits et des devoirs pour tous dans le respect de la dignité et de la liberté de chaque individu.

« Il n’y a donc pas de place pour la ségrégation territoriale et sociale, choisie et imposée, comme l’enseigne la Doctrine Sociale de l’Eglise, en particulier dans les documents qui concernent les migrants, comme « Erga Migrantes Caritas Christi ». Le bon accueil ouvre à l’intégration et fait des migrations souvent marquées par des équilibres économiques injustes et par des déracinements pénibles, une force pour le développement des pays d’origine et d’arrivée. L’accueil est donc une dimension de l’amour du prochain et, pour cela, devient un « témoignage chrétien » authentique. Il dépasse la simple acceptation de la diversité culturelle, par le fait qu’il scelle la disponibilité à construire ensemble un avenir de paix et d’enrichissement mutuel, en prenant comme fondement la révélation biblique sur l’unité de la famille humaine qui émerge de la fraternité universelle, marquée par la commune « image et ressemblance » du Créateur (Gn 1, 26-27).

« Mais l’accueil n’est pas seulement un devoir chrétien et un contexte pour le succès économique et pour une bonne intégration socio-politique. D’une certaine manière, il nous fait voir les migrations comme un moment fort de réflexion, de dialogue religieux et de caractère missionnaire. Les migrants, en effet, poussés par le fort changement que comporte leur expérience, doivent se confronter avec de nouveaux rôles, de nouvelles mentalités, la solitude, et se demander de nouveau quelle est la signification de leur existence et quelle réponse peut offrir la religion.

« Il est clair désormais que les Missions sont venues à nous dans les populations nouvelles qui sont arrivées de loin et qui nous interrogent sur ce qui touche l’annonce explicite du message évangélique, la charité la plus précieuse que nous puissions exercer &agr! ave; leur égard. Enfin, les migrants catholiques, qui sont souvent une partie consistante des nouveaux flux migratoires peuvent devenir des témoins de vie chrétienne dans le milieu qui les accueille. Et voici donc les migrations comme un nouvel aréopage dans la Mission de la communauté chrétienne, où le « bon accueil » est la clef de voûte initiale pour surmonter les difficultés inévitables et pour élargir les dimensions de la charité. »

+ Mgr Silvano Tomasi, C.S.

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ZENIT Staff

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