ROME, Vendredi 16 décembre 2005 (ZENIT.org) – L’Eglise gréco-catholique de Roumanie a été systématiquement persécutée sous le communisme: Staline voulait sa disparition pure et simple.
Au début du mois d’octobre 1948, explique la note du Vatican, le régime communiste qui avait pris le pouvoir lança une politique visant à la suppression de l’Eglise gréco-catholique roumaine, qui, alors comptait 1, 5 million de fidèles regroupés en 6 circonscriptions ecclésiastiques.
Tous les évêques furent déposés, et, par la fraude et par la terreur, on commença à recueillir des signatures pour le passage soi disant « spontané » des fidèles gréco-catholiques à l’Eglise orthodoxe, par des pressions auprès des prêtres puis des fidèles.
Et c’est le jour même du 250e anniversaire de l’union des fidèles de rite oriental avec l’Eglise de Rome (le 21 octobre 1948), que le gouvernement communiste donna cette fois l’ordre de leur passage à l’Eglise orthodoxe. Les 6 évêques furent arrêtés et détenus en attente d’un procès. Les 4 cathédrales catholiques furent données aux Orthodoxes, et l’on mit les écoles et les hôpitaux catholiques sous séquestre.
Le 1er décembre 1948, un décret du présidium de la grande assemblée nationale déclara comme éteints les diocèses, les communautés religieuses, toutes les autres institutions de l’Eglise gréco-catholique, et les paroisses furent cédées aux Orthodoxes.
Deux évêques furent particulièrement héroïques : Mgr Iuliu Hossu (1885-1970) et le cardinal Alexandru Todea (1912-2002).
Mgr Hossu fut arrêté avec une centaine de prêtres et de fidèles qui s’étaient refusés à abandonner la foi catholique. Ce fut le début de ce qu’il appelait le « Calvaire de l’Eglise », la « voie des Béatitudes », et le long pèlerinage d’une prison à l’autre.
Depuis sa résidence forcée, Mgr Hossu intensifia les prières pour l’Eglise. Il faisait chaque année parvenir au président de la république un pro-memoria demandant le respect des lois nationales et des engagements internationaux vis à vis de l’Eglise gréco-catholique.
En 1969, le pape Paul VI manifesta son estime à l’évêque Hossu, en l’invitant à accepter la dignité cardinalice. Mais lui demanda au pape de le laisser avec ses fidèles et il fut créé cardinal « in pectore ». L’annonce en fut donnée trois ans après sa mort, lors du consistoire du 5 mars 1975.
De son côté, le cardinal Alexandru Todea exerça son ministère en différentes paroisses jusqu’à sa nomination comme évêque, en 1950, et son ordination clandestine en la cathédrale Saint-Joseph de Bucarest le 19 novembre de cette année-là.
Il fut arrêté en 1951, subit un procès et fut condamné à la prison à vie. Il ne fut amnistié que treize ans plus tard, en 1964.
En 1990, après la chute du régime communiste, il fut nommé évêque de Fagaras et Alba Iulia des Roumains et travailla à la réorganisation de la vie ecclésiale.
En mars 1991, il fut élu premier président de la conférence des évêques catholiques de Roumanie.
Le pape Jean-Paul II le « créa » cardinale le 28 juin 1991, et lors de son voyage en Roumanie, le pape put l’embrasser avec émotion dans la cathédrale de Bucarest, le 8 mai 1999.
Le témoignage héroïque du cardinal Todea a aidé l’Eglise catholique de rite oriental à résister à l’implacable persécution communiste.
La figure du cardinal Todea ne représente pas seulement la grande histoire chrétienne du peuple roumain, mais est motif d’espérance pour la construction d’un avenir meilleur.
Avec le retour à la démocratie en décembre 1989, la hiérarchie gréco-catholique a été reconstituée en Roumanie. Elle a peu à peu repris sa place dans l’Eglise universelle.
Elle avait refusé tout compromis avec le pouvoir athée, pour revendiquer le destin plus vrai de l’homme et la place que Dieu doit avoir dans sa vie.
Récemment, des propriétés confisquées par le régime communiste et passée à l’Eglise orthodoxe ont été restituées, en particulier les cathédrales de Cluj, Fagaras, Lugoj et Oradea Mare.
La commission mixte de dialogue entre les deux Eglises devrait reprendre son travail pour chercher des solutions justes et satisfaisantes pour les problèmes qui demeurent encore.