ROME, Mardi 29 Novembre 2005 (ZENIT.org) – Le conseil pontifical pour la Pastorale de la Santé publie aujourd’hui le message du cardinal Xavier Lozano Barragan à l’occasion de la « Journée Mondiale contre le Sida », jeudi prochain, 1er décembre 2005
Aux Conférences épiscopales, aux institutions et organisations nationales et internationales, aux ONG et associations de prévention et d’assistance, aux hommes et femmes de bonne volonté.
1. La Journée mondiale contre le Sida, organisée cette année par l’ONUSIDA, avec le slogan « Arrêtons le sida. Maintenons la promesse », veut appeler toutes les personnes, en particulier celles qui ont des rôles de responsabilité dans le domaine du VIH/SIDA, à un engagement renouvelé et conscient pour prévenir de manière durable la diffusion de cette pandémie et pour assister les malades, surtout dans les pays pauvres, afin d’arrêter et d’invertir la tendance à la propagation de la contagion du sida.
2. Le Conseil pontifical pour la Pastorale de la Santé s’associe aux institutions et aux organisations nationales et internationales et en particulier à l’ONUSIDA, qui organise chaque année une campagne mondiale de lutte contre le sida, afin de pouvoir répondre par une action aussi bien globale que chorale à ce mal planétaire, qui a conduit à une crise globale. En 2001, l’adhésion des chefs d’état et des représentants de gouvernements, à la Déclaration d’engagement pour la lutte contre le VIH/SIDA, a été un moment important de prise de conscience et d’engagement politique au niveau mondial pour une réaction et une réponse fortes, globales et décidées de la communauté internationale.
3. La situation épidémiologique du SIDA/VIH continue à alimenter de grandes préoccupations ; on estime qu’en 2005, les personnes qui vivent avec le virus VIH sont 40,3 millions, parmi lesquelles 2,3 millions sont des mineurs de 15 ans. D’année en année, le nombre des personnes contaminées ne cesse d’augmenter ; 4,9 millions de personnes ont contracté le virus VIH en 2005 parmi lesquelles 700.000 sont des mineurs de 15 ans et la même année, 3,1 millions de personnes sont mortes du sida, dont 570.000 jeunes de moins de 15 ans. Le VIH/SIDA continue de semer la mort dans tous les pays du monde.
4. Le meilleur remède est la prévention pour éviter la contagion du sida, qui, rappelons-le, se transmet seulement par la triple voie du sang, de la transmission de la mère à l’enfant et par contact sexuel. Pour ce qui concerne les transfusions et les autres contacts avec le sang du malade, aujourd’hui, la contagion a diminué énormément. Malgré cela, il faut être très prudent pour éviter cette voie d’infection, spécialement dans les centres de transfusion et au cours d’interventions chirurgicales.
Grâce à Dieu, la contagion de la mère au fœtus est bien contrôlée par des médicaments spécifiques. Il faut intensifier la prévention dans ce domaine, en veillant au traitement approprié des mères séropositives, surtout de la part des organes publics des différents pays.
La troisième voie de contagion, la transmission sexuelle, est encore la plus significative. Elle est fortement favorisée par une sorte de culture pansexuelle qui dévalue la sexualité en la réduisant à un simple plaisir, sans autre signification. La prévention radicale dans ce domaine doit venir d’une conception correcte et d’une pratique sexuelle où l’activité sexuelle est comprise dans son sens le plus profond comme expression totale et absolue de donation féconde d’amour. Cette totalité nous conduit à l’exclusivité de sa pratique dans le mariage, unique et indissoluble. La prévention sûre dans ce domaine est donc d’intensifier la solidité de la famille.
Tel est le sens profond du sixième commandement, de la loi de Dieu, qui constitue le centre de la prévention authentique du SIDA dans le champ de l’activité sexuelle.
5. Face à la situation sociale, politique, culturelle et économique difficile que connaissent beaucoup de pays, il est incontestable que l’on exige une tutelle et une promotion de la santé qui soit un signe de l’amour inconditionné de tous, spécialement envers les plus faibles et les plus pauvres et qui réponde aux nécessités humaines de chacun et de la communauté. Par conséquent, il convient de réformer les lois qui ne tiennent pas suffisamment compte de la répartition égale des conditions de santé pour tous. La santé est un bien en soi, et nous pouvons dire « qu’une hypothèque sociale pèse sur elle » et qu’il faut donc assurer la santé à tous les habitants de la terre et étudier afin que les ressources soient utilisées pour garantir la santé à tous en assurant les soins de base qui sont encore refusés à une grande partie de la population mondiale. Au droit à la tutelle de la santé doit donc répondre le devoir de mettre en acte des comportements et d’adopter des styles de vie aptes à protéger la santé et il convient de refuser ceux qui la compromettent.
6. L’Église catholique continue à offrir sa contribution aussi bien dans la prévention que dans l’assistance aux malades du sida et à leurs familles sur le plan médical, social, spirituel, pastoral et celui de l’assistance. Dans le monde, 26,7% des centres pour les soins du sida sont catholiques. Ils sont extrêmement nombreux les projets et les programmes de formation, de prévention et d’assistance, de soins et d’accompagnement pastoral des malades que les églises locales, les instituts religieux et les associations laïques dirigent avec amour, sens de la responsabilité et esprit de charité.
7. De manière concrète, en se fondant sur les informations reçues des diverses églises locales et institutions catholiques dans le monde, les actions réalisées dans le domaine du sida peuvent se résumer ainsi : promotion de campagnes de sensibilisation, programmes de prévention et d’éducation sanitaire, soutien des orphelins, distribution de médicaments et d’aliments, assistance à domicile, fondation d’hôpitaux, de centres, de communautés thérapeutiques qui concentrent leur action sur le soin et l’aide au malade du sida, collaboration avec les gouvernements, sollicitude dans les prisons, cours de catéchèse, élaboration de systèmes d’aide à travers internet, instauration de groupes de soutien au malade.
À côté de cet engagement louable et inestimable, le Pape Jean-Paul II a instauré le 12 septembre 2004, la Fondation « Le bon Samaritain », confiée au Conseil pontifical pour la Pastorale de la Santé et confirmée par le Pape Benoît XVI, pour apporter une aide économique, grâce aux dons qui sont reçus, aux malades les plus nécessiteux du monde, en particulier aux victimes du sida. En cette première année d’activité de la Fondation, des aides financières significatives ont été envoyées aux églises locales en Amérique, Asie, Afrique et Europe, pour l’achat de médicaments.
8. Je désire proposer certaines suggestions de lignes d’action à ceux qui sont engagés , à différents niveaux, dans la lutte contre le sida :
– aux communautés chrétiennes afin qu’elles continuent à promouvoir la stabilité de la famille et l’éducation des enfants dans la compréhension correcte de l’activité sexuelle, comme don de Dieu pour le don d’amour plein et fécond ;
– aux gouvernements, afin qu’ils encouragent la santé intégrale de la population et favorisent l’attention aux malades du sida, en se fondant sur les principes de responsabilité, de solidarité, de justice et d’équité ;
– aux industries pharmaceutiques afin qu’elles facilitent l’accès économique aux médicaments antirétroviraux pour le traitement du sida et à ceux qui sont essentiels pour guérir les infections opportunistes ;
– aux scientifiques et aux personnels de la santé, afin qu’ils renouvellent la s
olidarité entre eux, fassent le maximum pour faire progresser la recherche biomédicale sur le sida, afin de trouver des médicaments nouveaux et efficaces capables d’endiguer le phénomène.
– Aux mass media, afin qu’elles fournissent aux populations une information transparente, correcte et exacte sur le phénomène et sur les méthodes de prévention sans instrumentalisation.
9. Je voudrais conclure avec les paroles du Pape Benoît XVI, adressées aux évêques de l’Afrique du Sud en visite « ad Limina », le 10 juin 2005 : « Frères évêques, je partage votre préoccupation profonde pour la dévastation causée par le virus du sida et par les maladies qui y sont associées. Je prie en particulier pour les veuves, pour les orphelins, pour les jeunes mères et pour les personnes dont la vie a été réduite en lambeaux par cette cruelle épidémie. Je vous exhorte à poursuivre vos efforts pour combattre ce virus qui non seulement tue, mais menace sérieusement la stabilité économique et sociale du continent ».
M. le Cardinal Javier Lozano Barragán
Président du Conseil pontifical
pour la Pastorale de la Santé.