L’instruction romaine, absolument pas une « attaque contre les homosexuels »

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Entretien avec le cardinal Cottier

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ROME, Mardi 29 Novembre 2005 (ZENIT.org) – La nouvelle instruction romaine n’est pas une « attaque contre les homosexuels », au contraire, il y a un effort pour la « compréhension de leur situation » et de ce dont ils peuvent « souffrir », explique le Théologien de la Maison pontificale.

A l’occasion de la publication du document de la congrégation romaine pour l’Education catholique, intitulée « Instruction sur les critères de discernement vocationnel, au sujet des personnes présentant des tendances homosexuelles, en vue de l’admission au séminaire ou aux ordres sacrés », le cardinal Georges-Marie Cottier, op, Théologien de la Maison pontificale, a bien voulu répondre aux questions de Zenit.

Cette instruction de 7 petites pages est en date du 4 novembre, fête de saint Charles Borromée, patron des séminaires, et signée par le préfet de la congrégation, le cardinal Zénon Grocholewski, et par le secrétaire de ce dicastère, Mgr J. Michael Miller. Elle a été approuvée le 31 août dernier par Benoît XVI qui en a ordonné la publication.

Zenit : Eminence, en quoi ce document est-il nouveau ?

Card. Cottier : Ce qui est nouveau, c’est d’abord qu’il offre une synthèse de choses qui avaient été déjà dites et qu’il les présente ensemble. C’est un texte que j’ai trouvé très pondéré.

Zenit : Ce qui semble aussi nouveau c’est peut-être la mention de la « culture gay » et la délicatesse du ton, du choix des termes : on déplore par exemple les « discriminations ».

Card. Cottier : Je dirais d’abord la délicatesse. La première chose est qu’il ne s’agit pas du tout, comme on l’a présenté, d’une attaque contre les homosexuels. Au contraire, il y a un effort – et une invitation à faire cet effort – pour la compréhension de leur situation et des problèmes dont ces personnes souffrent souvent. Le document montre qu’il y a pour les homosexuels une voie et un salut dans la mesure où ils portent leur homosexualité en union avec le Christ souffrant. Le document montre à leur égard beaucoup de délicatesse.
D’autre part, on ne fait pas de mélange. On distingue les personnes qui ont une activité homosexuelle de celles qui ont des « tendances homosexuelles profondes » et celles qui ont eu des « épisodes », des « tendances plus légères » liées à des épisodes de leur vie et qui peuvent, je dirais, se libérer de leur homosexualité. Donc, il y a des nuances.

Pour ce qui est de la « culture gay », c’est vrai que c’est un fait nouveau, très récent. La proclamation de la « culture gay » comme une revendication sociale, c’est ces toutes dernières années. C’est la raison pour laquelle on en parle.

Zenit : Le document souligne la nécessité de la « maturité affective » des candidats au sacerdoce, en vue de la « paternité spirituelle » et d’une « relation « juste » avec les hommes et les femmes que le prêtre est amené à rencontrer dans son activité pastorale…

Card. Cottier : C’est un point très important. A propos de la formation, on dit qu’il faut tenir compte de l’aspect humain, de l’aspect spirituel, de l’aspect intellectuel et de l’aspect pastoral. Donc un ensemble de qualités. Et c’est sur l’aspect humain que l’on insiste beaucoup, avec un jugement fondé sur des études : le fait que l’homosexualité empêche d’une certaine manière la « maturité affective » – le terme revient à plusieurs reprises. La maturité affective est nécessaire aussi pour ceux qui veulent vivre pleinement le célibat consacré, la chasteté parfaite. L’immaturité affective peut aussi faire que le rapport avec l’autre sexe soit faussé. Or, en général, l’homosexualité s’accompagne de cette immaturité affective. C’est une affirmation qui va être critiquée, mais elle est fondée sur l’expérience. Effectivement, en tant que représentant du Christ, Epoux de l’Eglise, le prêtre est appelé à exercer sur des hommes et des femmes une paternité spirituelle : c’est pour cela qu’il faut cette maturité affective faite d’esprit de sacrifice et d’oubli de soi pour l’amour de l’autre.

Zenit : Le rôle du directeur spirituel et la responsabilité personnelle du candidat au sacerdoce sont soulignés également…

Card. Cottier : Le document nous rappelle qu’il ne suffit pas de se sentir appelé au sacerdoce pour en avoir le droit. C’est toujours l’évêque qui appelle au sacerdoce. Mais l’évêque a des collaborateurs qui sont les directeurs des séminaires, et notamment pour ce qui touche le for interne cette fois – où la personne est tenue au secret -, le directeur spirituel. Ce que l’on demande au directeur spirituel, c’est d’aider le candidat qui a des tendances homosexuelles profondes à comprendre lui-même, à décider lui-même qu’il n’est pas fait pour le sacerdoce. Ce doit être un cheminement fait par la personne elle-même. C’est très important. Ce n’est pas que l’on « met à la porte », que l’on « rejette » les personnes. Simplement, on fait prendre conscience à la personne que ce n’est pas la voie que le Seigneur veut pour elle. Si tout cela est fait avec une grande délicatesse, et une grande charité, il y aura un grand respect des personnes.
On évitera, ensuite, des désastres comme on en a eus. Je voudrais ajouter une chose dont on parle beaucoup – trop peut-être, je ne sais pas – : de la pédophilie et de l’homosexualité. Car il y a un mot qui ne vient jamais et qui est pourtant important – quand on voit le travail que font les prêtres – , c’est le mot « éphèbophilie ». Ce n’est pas la « pédophilie », qui s’en prend aux petits enfants, mais l’amour des adolescents. Or, c’est un âge très ambigu et décisif pour l’existence de chacun. Et je crois que c’est une forme assez répandue d’homosexualité. Je crois qu’on a raison de mettre en garde, parce que les familles confient à des prêtres des adolescents – scoutisme, patronages, colonies, pèlerinages – : là, ces jeunes gens doivent être absolument respectés.

Zenit : Comment comprendre cette expression de l’instruction qui vise, à « assurer toujours à l’Eglise des prêtres idoines », de « vrais pasteurs selon le Cœur du Christ » ?

Card. Cottier : Il n’y a qu’un Pasteur dans l’Eglise. Le pape, les évêques, les prêtres sont des pasteurs parce qu’ils participent de cette prérogative du Christ. Ils doivent vivre eux-mêmes une grande union avec le Christ. Et s’il n’y a pas de vie intérieure, de vie de prière, de vie d’union au Seigneur, l’amour de l’Eucharistie, la méditation de la Parole de Dieu, constante, le prêtre ne remplit plus cette mission, qui est d’être représentant, l’image au milieu de nous, de l’unique Pasteur qui est Jésus Christ.

Zenit : Quelle est l’autorité de ce document d’une congrégation romaine ?

Card. Cottier : Les congrégations romaines ont une autorité en tant qu’elles sont des collaboratrices autorisées du pape. Je vous fais remarquer qu’à la fin, il y a cette mention que le pape a demandé, avec sa signature, que ce document soit publié : « Le Souverain Pontife Benoît XVI a approuvé la présente Instruction le 31 août 2005 et il en a ordonné la publication ». L’autorité du pape est engagée du fait même que c’est un texte d’une congrégation, et de la congrégation compétente pour l’Education catholique, ainsi que de la congrégation pour le Culte divin – deux congrégations importantes -. Il y a des textes des congrégations qui sont des documents de travail, qui n’ont pas nécessairement l’approbation explicite du pape. Ici, il y a son approbation, et l’ordre de publier. L’autorité du pape est bien présente.

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ZENIT Staff

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