ROME, Mercredi 15 Novembre 2005 (ZENIT.org) – Après la publication, le 8 novembre dernier, du rapport du département d’Etat américain dénonçant l’absence de respect de la liberté religieuse en Russie, un représentant catholique russe a déclaré publiquement son désaccord.
Le père Igor Kovalevsky, secrétaire général de la Conférence épiscopale des évêques catholiques de Russie, a affirmé que « le pouvoir russe ne procède à aucune discrimination contre la liberté des minorités religieuses ».
Selon le Rapport sur la liberté religieuse dans 197 pays, présenté mardi dernier à Washington par le secrétaire d’Etat américain, Condoleezza Rice, la Russie figure parmi les pays qui pratiquent une politique de préconçus dans ses rapports avec les représentants de diverses religions majoritaires dans le pays.
Pour les experts américains, le pouvoir et l’Eglise orthodoxe russe, tout comme le Service fédéral de sécurité (l’ex KGB), limitent la liberté des minorités religieuses.
Dans une interview téléphonique pour la radio « L’Echo de Moscou », le père Kovalevsky a affirmé qu’il n’existe pas selon lui de politique contre l’Eglise catholique de la part des organes du pouvoir russe.
Selon lui, l’Eglise catholique entretient certes des relations difficiles avec l’Eglise orthodoxe russe, mais les difficultés sont très spécifiques et constituent une question interne à l’Eglise.
« Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions positives sur les progrès réalisés dans les relations avec l’Eglise orthodoxe russe », a-t-il observé. Toutefois, on ne peut pas dire que l’Eglise orthodoxe russe mène une politique visant à expulser l’Eglise catholique du territoire russe.
Le Rapport du département d’Etat signale également que l’Eglise orthodoxe russe a une position privilégiée parmi toutes les religions et confessions du pays.
Le patriarcat de Moscou, souligne le document, est en contact étroit avec les organes gouvernementaux, ce qui permet aux orthodoxes de s’introduire dans les secteurs de l’éducation et de l’armée.
Il est fait référence à titre d’exemple, au dernier message annuel prononcé par le président Wladimir Poutine à l’Assemblée fédérale, au cours duquel le patriarche orthodoxe russe, Alexis II était assis en première file aux cotés du premier ministre. Les autres dirigeants religieux étaient assis derrière lui.
Des représentants officiels de l’Eglise orthodoxe ont déclaré, quant à eux, qu’il ne devait pas y avoir de discrimination religieuse ; ils considèrent toutefois normal qu’il y est une prédominance d’une religion sur une autre.
« Effectivement il ne devrait pas y avoir de discrimination des citoyens pour des raisons religieuses ; toutefois, donner un avantage à l’une ou l’autre organisation religieuse n’est pas synonyme de discrimination », a affirmé l’archiprêtre Vcevolod Chaplin, fonctionnaire du département pour les Relations religieuses extérieures du patriarcat de Moscou.
« Il est surprenant que les experts américains cherchent des déviations du modèle américain dans les relations Eglise-Etat qui ne nous appartiennent pas. Dans le même temps, ils ne parlent pas des différences importantes qui existent par rapport à leur modèle en Angleterre, en Espagne et dans d’autres pays qui sont leurs alliés », a conclu l’archiprêtre.
Le rapport sur la liberté religieuse dans le monde souligne également de quelle manière le pouvoir russe, aussi bien au niveau fédéral qu’au niveau régional, viole souvent les droits des minorités religieuses, transgressant l’ordre constitutionnel qui garantit l’égalité de toutes les religions et la séparation entre l’Eglise et l’Etat.
Le Rapport mentionne également le fait que le Service fédéral de Sécurité considère comme dangereux pour la sécurité du pays certains dirigeants religieux des minorités, et dénonce le fait que l’on en arrive à nier les visas d’entrée aux prêtres catholiques.
Dans la catégorie comprenant la Russie, le département d’Etat américain inclut également l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Turquie, Brunei, l’Indonésie, la Malaysia et le Pakistan.
Parmi les pays du monde où la liberté religieuse est le moins reconnue, le Rapport annuel cite la Chine, Cuba, la Corée du Nord et le Myanmar.