ROME, Vendredi 11 Novembre 2005 (ZENIT.org) – « L’interruption médicale de grossesse » fait-elle du médecin un « bourreau des temps modernes » ? La revue de presse de la Fondation Jérôme Lejeune signale le témoignage d’un gynécologue français (www.genethique.org).
Jean Thévenot, gynécologue obstétricien à la clinique A. Paré de Toulouse raconte dans le magazine du « Syngof » (Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France), l'histoire de Paul et Marie, qui tout à la joie d'attendre leur premier enfant, découvrent qu'il s'agit d'un bébé trisomique.
Il raconte comment en sa qualité de médecin il devient "le nouveau médecin : le bourreau des temps modernes qui donne autant la vie que la mort". Il revient sur les différentes étapes qui l'entraînent à proposer à Paul et Marie, une première prise de sang à la 15ème semaine de grossesse, puis une amniocentèse (qui confirmera le diagnostic de trisomie 21) et enfin une interruption de grossesse.
Son témoignage poignant revient sur le fameux coup de fil qu'il doit passer au jeune couple pour lui apprendre les résultats de l'amniocentèse, sur les explications médicales qu'il doit donner sur le déroulement d'une IMG et sur les interrogations du couple par rapport à cette intervention : "Docteur, il va souffrir mon bébé ?". A cette question, le gynécologue reconnaît qu'il fait partie des rares citoyens à pouvoir délivrer la peine de mort. "Ce n'est pas la peine de mort parce que, comme le foetus n'est pas légalement une personne, il ne vit pas ; on peut donc faire des foeticides tranquilles ; la loi est avec nous". A ses yeux, seuls les législateurs ont la conscience en paix car "au moment où je fais le foeticide, moi, je ne suis pas tranquille".
Il regrette ses années de jeune médecin où il n'avait pas d'états d'âme. Aujourd'hui, ces états d'âme le poursuivent quotidiennement. Il envie aussi ceux pour qui il n'y a pas de problème : ceux qui ne font pas d'interruption de grossesse par conviction et ceux pour qui l'interruption de grossesse est un acte technique comme les autres.
Jean Thévenot se met aussi à la place de l'enfant trisomique : "Si c'était moi, le petit trisomique, accepterais-je que d'autres choisissent pour moi que je ne devais pas vivre ?".
Enfin, il raconte d'une manière bouleversante l'interruption de grossesse et l'arrivée de ce petit bonhomme de 150 à 200 grammes "mais qui reste un modèle réduit de l'humain que je suis". Il décrit alors l'émotion ressentie en salle de naissance.
Il reconnaît qu'il prescrit chaque jour une bonne dizaine de tests de dépistage ; chaque jour, il fait une ou deux amniocentèses ; et 5 à 6 fois par an, il passe le fameux coup de fil aux parents qui tue aussi bien "l'enfant à venir, l'insouciance des jeunes parents, l'insouciance de ses jeunes années d'obstétricien....".
Il regrette que l'on protège davantage les palombes dans le sud de la France que l'enfant trisomique dans le ventre de sa mère. Il s'interroge enfin : "Y a-t-il des sous-hommes, qu'il faut éliminer ou qu'il ne faut pas laisser vivre ? Quelle voie faut-il choisir entre le respect de la vie, de toute vie, et des choix humains de famille, des choix techniques ou économiques de société ?" .
A toutes ces questions, il estime qu'il n'existe pas de réponse toute faite. Il regrette simplement "aujourd'hui que dans notre société les réponses soient implicitement imposées, sans que les questions n'aient été réellement posées".
Pour conclure, il ajoute : "les lois qu'elles soient humaines ou divines, je ne fais que les subir, mais avec le temps, je les accepte de moins en moins. Mais comment en secouer le joug ?".
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