Psaume 126 : « Dieu récompense au contraire jusqu’au sommeil de ses amis »

Catéchèse de Benoît XVI en italien

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ROME, Mardi 30 août 2005 (ZENIT.org) – « Dieu récompense au contraire jusqu’au sommeil de ses amis », souligne le pape en commentant le psaume 126. Voici la traduction du texte intégral de la catéchèse de Benoît XVI.

* * *

Lecture: Ps 126, 1.3-5

Si le Seigneur ne bâtit la maison,
les bâtisseurs travaillent en vain
si le Seigneur ne garde la ville,
c’est en vain que veillent les gardes.

En vain tu devances le jour,
Tu retardes le moment de ton repos,
Tu manges un pain de douleur ;
Dieu comble son bien-aimé quand il dort.

Des fils, voilà ce que donne le Seigneur,
des enfants, la récompense qu’il accorde ;
comme des flèches aux mains d’un guerrier,
ainsi les fils de la jeunesse.

Heureux l’homme vaillant
qui a garni son carquois de telles armes !
S’ils affrontent leurs ennemis sur la place,
ils ne seront pas humiliés.

* * *

Chers frères et sœurs,

1. Le Psaume 126 qui vient d’être proclamé, présente à nos yeux un spectacle en mouvement: une maison en construction, la ville avec ses gardes, la vie des familles, les veillées nocturnes, le travail quotidien, les petits et les grands secrets de l’existence. Mais une présence décisive se dresse sur tout, celle du Seigneur qui plane sur les œuvres de l’homme, comme le suggère le début incisif du Psaume: « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs » (v. 1).

Une société solide naît, certes, de l’engagement de tous ses membres, mais elle a besoin de la bénédiction et du soutien de ce Dieu qui, malheureusement, est souvent exclu ou ignoré. Le Livre des Proverbes souligne le primat de l’action divine pour le bien-être d’une communauté et il le fait de façon radicale, en affirmant que « c’est la bénédiction du Seigneur qui enrichit, sans que l’effort y ajoute rien » (Pr 10, 22).

2. Ce Psaume sapientiel, fruit de la méditation sur la réalité de la vie de chaque jour, est construit substantiellement sur une opposition: sans le Seigneur, on cherche en vain à construire une maison stable, à édifier une ville sûre, à faire fructifier son propre labeur (cf. Ps 126, 1-2). Avec le Seigneur, en revanche, on a la prospérité et la fécondité, une famille riche d’enfants et sereine, une ville bien équipée et défendue, libre des cauchemars et du manque de sécurité (cf. vv. 3-5).

Le texte s’ouvre en mentionnant le Seigneur, représenté comme le bâtisseur de la maison et la sentinelle qui veille sur la ville (cf. Ps 120, 1-8). L’homme sort le matin pour accomplir le travail qui fait vivre sa famille et au service du développement de la société. C’est un travail qui occupe ses énergies, provoquant la sueur de son front (cf. Gn 3, 19) au cours de toute la journée (cf. Ps 126, 2).

3. Et bien le psalmiste, tout en reconnaissant l’importance du travail, n’hésite pas à affirmer que tout ce travail est inutile si Dieu n’est pas aux côtés de celui qui peine. Et il affirme que, en revanche, Dieu récompense même le sommeil de ses amis. Le psalmiste veut ainsi exalter le primat de la grâce divine, qui donne sa consistance et sa valeur à l’action humaine, bien qu’elle soit marquée par des limites et son caractère caduc. Dans l’abandon serein et fidèle de notre liberté au Seigneur, même nos œuvres deviennent solides, capables de porter un fruit permanent. Notre « sommeil » devient ainsi un repos béni par Dieu, destiné à sceller une activité qui a un sens et une teneur.

4. On passe, à ce point, à l’autre scène tirée de notre Psaume. Le Seigneur offre le don des enfants, considérés comme une bénédiction et une grâce, signe de la vie qui continue et de l’histoire du salut tendue vers de nouvelles étapes (cf. v. 3). Le psalmiste exalte en particulier « les fils de la jeunesse »: le père qui a eu des enfants dans sa jeunesse les verra non seulement dans toute leur vigueur, mais ils seront son soutien dans la vieillesse. Il pourra ainsi affronter l’avenir en sécurité, devenant semblable à un guerrier, armé de ces « flèches » pointues et victorieuses que sont les enfants. (cf. vv. 4-5).

L’image, prise à la culture de l’époque, a pour but de célébrer la sécurité, la stabilité, la force d’une famille nombreuse, comme on le répétera dans le Psaume 127 successif, dans lequel est brossé le portrait d’une famille heureuse.

La scène finale représente un père entouré de ses enfants, qui est accueilli avec respect à la porte de la ville, siège de la vie publique. Avoir des enfants est donc un don qui apporte vie et bien-être à la société. Nous en sommes conscients de nos jours, face aux pays que la baisse démographique prive de la fraîcheur, de l’énergie, de l’avenir incarné par les enfants. Sur tout cela se dresse cependant la présence bénissante de Dieu, source de vie et d’espérance.

5. Le Psaume 126 a souvent été utilisé par les auteurs spirituels précisément pour exalter cette présence divine, décisive pour avancer sur la voie du bien et du royaume de Dieu. Ainsi, le moine Isaïe (mort à Gaza en 491) dans son Asceticon (Logos 4, 118), rappelant l’exemple des antiques patriarches et prophètes, enseigne: « Ils se sont placés sous la protection de Dieu en implorant son assistance, sans placer leur confiance dans quelque labeur qu’ils aient pu accomplir. Et la protection de Dieu a été pour eux une ville fortifiée, car ils savaient que sans l’aide de Dieu, ils étaient impuissants et leur humilité leur faisait dire avec le Psalmiste: “Si le Seigneur ne construit pas la maison, en vain le gardien veille” » (Recueil ascétique, Abbaye de Bellefontaine, 1976, pp. 74-75).

Cela est aussi valable aujourd’hui: seule la communion avec le Seigneur peut préserver nos maisons et nos villes.

[Texte original : italien – Traduction réalisée par Zenit]

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ZENIT Staff

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