ROME, Mardi 23 août 2005 (ZENIT.org) – Comme Jean-Paul II en avait l’habitude au retour de ses voyages apostoliques, le pape Benoît XVI a évoqué son séjour en Allemagne, lors de l’audience générale de ce mercredi, et il salué dans les Journées mondiales de la Jeunesse « l’intuition prophétique » de Jean-Paul II, son « inoubliable prédécesseur ».
Cette initiative de Jean-Paul II a permis un « printemps d’espérance », souligne Benoît XVI.
Quelque sept mille visiteurs de quatre continents ont assisté à l’audience de ce mercredi, à 10h30, en la salle Paul VI du Vatican, ainsi qu’une délégation de Nagasaki et de religieux Bouddhistes.
Le pape est arrivé au Vatican en hélicoptère depuis Castelgandolfo où il est retourné à l’issue de l’audience.
« Comme le bien-aimé pape Jean-Paul II avait l’habitude de le faire après chaque pèlerinage apostolique, je voudrais moi aussi reparcourir aujourd’hui, avec vous, les journées passées à Cologne à l’occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse. La Providence divine a voulu que mon premier voyage pastoral en dehors d’Italie ait comme objectif précisément mon pays d’origine et se déroule à l’occasion de la grande rencontre des jeunes du monde, vingt ans après l’institution de la Journée mondiale de la Jeunesse, voulue avec une intuition prophétique par mon inoubliable prédécesseur », disait Benoît XVI.
Le pape exprimait ses remerciements en disant : « Depuis mon retour, du plus profond de mon cœur, je rends grâce à Dieu pour le don de ce pèlerinage, dont je conserverai un souvenir qui m’est cher. Nous avons tous senti qu’il s’agissait d’un don de Dieu. Bien sûr beaucoup de personnes ont collaboré, mais à la fin la grâce de cette rencontre était un don d’En-haut, du Seigneur ».
Le pape évoquait l’accueil que les jeunes lui ont réservé dès son » arrivée à l’aéroport de Cologne/Bonn », devenu « toujours plus riche d’émotions en parcourant le Rhin, de l’embarcadère de Rodenkirchenerbrucke jusqu’à Cologne, escorté par cinq autres embarcations représentant les cinq continents ».
Le pape soulignait combien le thème de la JMJ était en consonance avec celui de l’année eucharistique : « Ce sont précisément les Mages qui ont été les «guides» de ces jeunes pèlerins vers le Christ, adorateurs du mystère de sa présence dans l’Eucharistie. Combien il est significatif que tout cela ait eu lieu alors que nous nous approchons de la conclusion de l’Année eucharistique voulue par Jean-Paul II! «Nous sommes venus l’adorer» ».
Le pape a ensuite souligné la « dimension vocationnelle » des JMJ. « De nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie consacrée sont nées, au cours de ces vingt années, précisément durant les Journées mondiales de la Jeunesse, occasions privilégiées lors desquelles l’Esprit Saint fait ressentir avec force son appel », soulignait le pape.
Les JMJ, un «laboratoire» œcuménique fructueux
A propos de la rencontre avec les chrétiens d’autres confessions, le pape ajoutait : « Dans le contexte riche d’espérance des Journées de Cologne, la rencontre œcuménique avec les représentants des autres Eglises et Communautés ecclésiales trouve harmonieusement sa place. Le rôle de l’Allemagne dans le dialogue œcuménique est important, que ce soit en raison de la triste histoire des divisions ou de son rôle significatif joué sur le chemin de la réconciliation. Je souhaite que le dialogue, en tant qu’échange réciproque de dons et pas seulement de paroles, contribue en outre à faire croître et mûrir cette «symphonie» ordonnée et harmonieuse qu’est l’unité catholique. Dans cette perspective, les Journées mondiales de la Jeunesse représentent un «laboratoire» œcuménique fructueux ».
Nostra Aetate : une nouvelle ère de dialogue et de solidarité spirituelle
Le pape évoquait sa visite historique à la synagogue de Cologne en ces termes : « Et comment ne pas revivre avec émotion la visite à la Synagogue de Cologne, où a son siège la plus ancienne communauté juive en Allemagne? Avec nos frères juifs, nous avons rappelé la Shoah, et le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis. En outre, nous fêtons cette année le 40e anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra aetate, qui a inauguré une nouvelle ère de dialogue et de solidarité spirituelle entre les juifs et les chrétiens, ainsi que d’estime pour les autres grandes traditions religieuses ».
Islam : collaborer pour défendre la dignité et les droits de la personne
Pour ce qui est des relations avec les représentants de l’Islam, le pape soulignait : « Une place particulière est occupée par l’islam, dont les fidèles adorent l’unique Dieu et se réfèrent volontiers au Patriarche Abraham. C’est pour cette raison que j’ai voulu rencontrer les représentants de plusieurs Communautés musulmanes, auxquels j’ai exprimé les espérances et les préoccupations du moment historique difficile que nous vivons, souhaitant que soient extirpés le fanatisme et la violence et que l’on puisse collaborer ensemble pour défendre toujours la dignité de la personne humaine et protéger ses droits fondamentaux ».
Du cœur de la «vieille» Europe, le message de l’espérance
« Du cœur de la «vieille» Europe, qui au siècle dernier, a connu d’horribles conflits et des régimes inhumains, les jeunes ont proposé de nouveau à l’humanité de notre temps le message de l’espérance qui ne déçoit pas, car elle est fondée sur la Parole de Dieu qui s’est fait chair en Jésus Christ, mort et ressuscité pour notre salut », soulignait le pape.
Une intime explosion du bien qui vainc le mal
Le pape soulignait ce passage de son homélie de dimanche dernier: « Jésus se fait notre compagnon de voyage dans l’Eucharistie, et dans l’Eucharistie – comme je le disais dans l’homélie de la célébration de conclusion, en empruntant à la physique une image bien connue – il apporte la «fission nucléaire» au cœur le plus caché de l’être. Seule cette intime explosion du bien qui vainc le mal peut donner vie aux autres transformations nécessaires pour changer le monde. Jésus, le visage de Dieu miséricordieux pour chaque homme, continue à éclairer notre chemin comme l’étoile qui guida les Rois Mages, et il nous remplit de sa joie ».
Et de conclure : « Nous prions donc afin que les jeunes emportent avec eux, en eux, de Cologne la lumière du Christ qui est la vérité et l’amour et qu’ils la diffusent partout. Je suis certain que, grâce à la force de l’Esprit Saint et à l’aide maternelle de la Vierge Marie, nous pourrons assister à un grand printemps d’espérance en Allemagne, en Europe et dans le monde entier ».