COLOGNE, Vendredi 19 août 2005 (ZENIT.org) – Les » Mages venus d’orient « , dont parle l’Evangile de Saint Matthieu ont marqué la journée du 18 août, fête liturgique de sainte Hélène, jour d’arrivée du pape à Cologne.
Les jeunes puis le pape lui-même ont fait le pèlerinage pour vénérer leurs reliques dans le
fabuleux reliquaire placé dans le chœur de la cathédrale de Cologne.
Le Message de Jean-Paul II aux jeunes pour ces XXe JMJ, datant du 6 août 2004 présentait le thème de cette rencontre de Cologne : « Nous sommes venus l’adorer » (Mt 2, 2), la phrase des Mages venus à Jérusalem à la recherche l’Enfant Jésus. Ils cherchent « le Roi des Juifs qui vient de naître ». « Les Mages, explique Jean-Paul II, arrivèrent à Bethléem parce qu’ils se laissèrent docilement conduire par l’étoile. Plus encore, « quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie » (Mt 2, 10). Il est important, chers jeunes, d’apprendre à scruter les signes par lesquels Dieu nous appelle et nous guide. Lorsque nous sommes conscients d’être conduits par lui, le cœur ressent une joie authentique et profonde, qui s’accompagne d’un vif désir de le rencontrer et d’un effort persévérant pour le suivre docilement ».
Le parcours des jeunes du bastion à la cathédrale, en passant par le pont Hohenzollern jusqu’au Tanzbrunnen de l’autre côté du Rhin dure environ trois heures. On ne pouvait pas prendre cette « autoroute » de la foi à « contre sens ».
Paisiblement, en parlant, en chantant, la colonne avance. Au début, il faut une heure d’attente pour franchir le seuil de cet immense reliquaire que constitue la cathédrale. Les reliques des Mages y sont conservées depuis 1162, date de l’invasion de Milan par les troupes de l’empereur Frédéric Barberousse qui remit les reliques à l’évêque Rainald de Dassel qui
les emporta à Cologne. Il allait ainsi transformer Cologne en un haut lieu de pèlerinage pendant des siècles. La construction de la cathédrale – et sa reconstruction après les blessures de la dernière guerre mondiale – s’est étendue sur des siècles jusqu’en 1970. Dès l’époque romaine tardive, les premiers chrétiens se rassemblaient en ce lieu pour célébrer le Christ.
Dès six heures, docilement, le flot immense des jeunes de toutes Nations franchit le portail. Deux volontaires veillent en t-shit rouge « à la porte » comme le dit le prophète. L’équipe de jour sera là jusqu’à 16 heures. Après la visite du pape, le pèlerinage des jeunes reprendra et les volontaires les accompagneront jusqu’à minuit avec la messe finale.
A l’intérieur, le spectacle est inouï. Avec ses 144,58 mètres de long et ses 157,38 mètres de haut, la cathédrale fait que le pèlerin qui pénètre dans le sanctuaire éclairé de longues verrières gothiques se sent tout petit. Mais une foule nombreuse peut y respirer aisément sans suffoquer.
Les pèlerins avancent lentement, sac bleu ciel et bleu marine sur les épaules, étendards et drapeau fièrement portés, couvre-chefs retirés pour les garçons.
Un groupe de Philippins s’assied et se repose dans la nef latérale droite. Un groupe de Brésiliens du mouvement de Schönstatt chante au son de la guitare et porte en procession l’icône de la Vierge trois fois aimable de Schönstatt choisie par le fondateur, le Père Joseph Kentenich comme signe de ralliement.
Les jeunes avancent sous le regard attentif de la fameuse statue de la Vierge de Milan, statue de bois polychrome, couronnée d’étoiles, apportée de Milan avec les reliques des Mages.
Des pèlerins du Chemin Neuf chantent en français les paroles de l’Evangile : « Nous sommes venus l’adorer ». La nef est comble. La foule s’engage à droite dans le déambulatoire, et passe devant le magnifique triptyque de l’adoration des mages sur fond or par Stephan Lochner (v. 1445), qui se trouve dans la cathédrale depuis 1809.
La Vierge en manteau bleu abaisse son regard doux sur l’Enfant Jésus à peine recouvert d’un lange. A sa droite, un roi à barbe grisonnante, au riche vêtement rouge, les mains jointes, émerveillé, le visage tout proche de l’Enfant, a déjà déposé son trésor, l’or signe de royauté. A sa gauche deux autres rois plus jeunes s’avancent avec leur offrande de myrrhe, annonce de souffrance mais aussi d’immortalité, et d’encens, signe de la divine présence. Un étendard
porte l’étoile sur fond bleu (cf. www.koelner-dom.de).
Sainte Ursule et ses compagnes, martyres, se joignent sur le volet gauche du triptyque, à l’adoration des mages, ainsi que les compagnons de saint Géréon, sur le panneau droit, et les martyrs de la Légion thébéenne.
Enfin, l’attente est récompensée, voilà le reliquaire d’or orné de pierreries, le plus grand et précieux laissé par les orfèvres du Moyen Age. Il a la forme de trois maisons allongées, deux à la base, la troisième superposée. Les jeunes s’arrêtent, debout, assis, à genoux, étonnés, le regard levé vers le mystère, au-delà du reliquaire, vers l’étoile. Certains groupes, dociles aux indications des volontaires ne s’arrêtent que plus loin, en retrait, pour une explication, une
prière, un dernier regard.
La chapelle où le Saint-Sacrement est exposé attire les jeunes : paix et recueillement, des lys blancs entourent l’ostensoir et l’autel. Les vitraux laissent passer la lumière en abondance. A l’école des Mages ils sont « venus L’adorer ».
Avant de repartir, ils s’arrêtent devant la statue de la Vierge Marie habillée, à l’instar des Vierges espagnoles, son vêtement blanc orné des ex-voto des fidèles : croix ou médailles d’or, colliers de perles, bijoux, offerts, comme ces centaines de bougies qui prolongeront la prière et font chercher au fond des poches les pièces de monnaie en euros. Un groupe de Coptes catholiques d’Egypte se regroupe là.
Dehors, les volontaires aident les jeunes à poursuivre leur chemin vers le Rhin et le pèlerinage reste fluide. Un drapeau du Liban passe, un drapeau jordanien : les catholiques du Moyen Orient sont heureux de se retrouver, en Eglise avec les jeunes de tous pays, ils sentent leur foi fortifiée.
Le « Corsaire » du drapeau sarde fait croire à quelque Français qu’il rencontre des jeunes venus de l’Ile de Beauté: non, ce groupe des Jeunesses franciscaines sardes est arrivé d’Italie en avion, tandis que les jeunesses franciscaines de toute la péninsule, regroupées à Milan ont fait le voyage en bus… presque vingt-quatre heures. Dans tous les visages on lit la joie, parfois exubérante, mais toujours paisible. L’esprit de paix des JMJ anime les quelque 400.000 jeunes déjà arrivés au but de leur pèlerinage.
Le pape Benoît XVI l’a dit dès son arrivée, à midi, à l’aéroport Konrad Adenauer : « La rencontre du Successeur de Pierre avec de nombreux jeunes est un signe de la vitalité de l’Eglise. Je suis heureux d’être au milieu des jeunes, de soutenir leur foi et d’animer leur espérance. En même temps, je suis certain de recevoir quelque chose des jeunes, surtout
de leur enthousiasme, de leur sensibilité et de leur disponibilité à faire face aux défis de l’avenir ».
L’après midi, après la croisière sur le Rhin avec les jeunes, quelques uns sur le bateau de la RheinEnergie et les autres sur les berges, parfois avec de l’eau jusqu’à la ceinture, le pape a fait lui aussi le pèlerinage à la cathédrale. Il y a retrouvé sa jeunesse, ses anciens étudiants, et aussi ses maîtres, les cardinaux Frings et Höffner qui reposent dans la crypte.
« La joie est grande au sein du clergé de Cologne, disait le doyen du chapitre cathédral en accueillant le pape, car un grand nombre d’entre nous ont
été vos élèves. Pour ne citer que mon expérience personnelle, je me permets de vous dire que vous avez éveillé en nous l’enthousiasme pour la théologie et l’amour de l’Eglise dans la sobriété de l’obéissance ».
Et le cardinal archevêque de Cologne, Joachim Meisner soulignait combien le pape est ici « chez lui ». Cette première journée avait quelque chose d’une réunion de famille simple et débordante de joie. On en retiendra peut-être cette image des jeunes, sur le bateau, assis
familièrement au bord de l’estrade où se trouvait le fauteuil du pape sur le pont découvert, venant tour à tour le saluer chaleureusement, lui serrer les mains, ou plutôt placer leurs mains dans les siennes, lui demandant parfois de pouvoir être pris en photo avec lui, côte à côte.