ROME, Jeudi 4 août 2005 (ZENIT.org) – Voici la traduction en français de la catéchèse du pape en italien de ce mercredi 3 août sur le Psaume 124.
Lecture: Psaume 124, 1-5
1. Au cours de notre rencontre, qui a lieu après mes vacances passées au Val d'Aoste, nous reprenons l'itinéraire que nous accomplissons dans la liturgie des Vêpres. Le Psaume 124 entre en scène. Il fait partie du recueil intense et suggestif appelé « Psaumes des montées », livret idéal de prières pour le pèlerinage à Sion en vue de la rencontre avec le Seigneur dans le temple (cf. Ps 119-133).
Ce sur quoi nous allons méditer à présent brièvement est un texte sapientiel, qui suscite la confiance dans le Seigneur et contient une brève prière (cf. Ps 124, 4). La première phrase proclame la stabilité de celui « qui s'appuie sur Yahvé », la comparant à la stabilité « rocheuse » et sûre du « mont Sion », qui, de façon évidente, est due à la présence de Dieu qui est « mon roc et ma forteresse, mon libérateur ... mon rocher, mon bouclier et ma force de salut », comme l'affirme un autre psaume (Ps 17, 3). Même lorsque le croyant se sent isolé et entouré par les risques et l'hostilité, sa foi doit être sereine. Et cela parce que le Seigneur est toujours avec nous. Sa force nous entoure et nous protège.
Le prophète Isaïe atteste lui aussi avoir entendu de la bouche de Dieu ces paroles destinées aux fidèles: « Voici que je vais poser en Sion une pierre; une pierre de granit, pierre angulaire, précieuse, pierre de fondation bien assise: celui qui s'y fie ne sera pas ébranlé » (28, 16).
2. Cependant, poursuit le psalmiste, la confiance, qui est l’atmosphère de la foi du fidèle possède un appui supplémentaire: le Seigneur entoure presque son peuple pour le défendre, précisément comme les montagnes qui entourent Jérusalem, faisant d'elle une ville fortifiée par des bastions naturels (cf. Ps 124, 2). Dans une prophétie de Zaccharie, Dieu dit de Jérusalem: « Quant à moi, je serai pour elle une muraille de feu tout autour et je serai sa gloire » (2,9).
Dans ce climat de confiance radicale qu'est l'atmosphère de la foi, le psalmiste rassure « les justes », les croyants. Leur situation peut être, en soi, préoccupante à cause de la violence des impies qui veulent imposer leur domination. Il existe également la tentation, pour les justes, de devenir les complices du mal pour éviter de graves inconvénients, mais le Seigneur les protège de l'oppression: « Jamais un sceptre impie ne tombera sur la part des justes » (Ps 124, 3); il les préserve en même temps de la tentation « que ne tende au crime la main des justes » (ibid.).
Le Psaume diffuse donc dans l'âme une profonde confiance. Il aide puissamment à affronter les situations difficiles, lorsqu'à la crise extérieure de l'isolement, de l'ironie, du mépris à l'égard des croyants, on associe la crise interne faite de découragement, de médiocrité, de lassitude. Nous connaissons cette situation, mais le Psaume nous dit que si nous avons confiance, nous sommes plus forts que ces maux.
3. Le final du Psaume contient une invocation adressée au Seigneur en faveur des « gens de bien » et de ceux qui « ont au cœur la droiture » (cf. v. 4) et une annonce de malheur contre « les tortueux, les dévoyés » (v. 5). D'une part, le Psalmiste demande que le Seigneur se manifeste comme un père bienveillant envers les justes et les fidèles qui tiennent haute la flamme de la droiture de vie et de la bonne conscience. D'autre part, on s'attend à ce qu'il se révèle comme le juge juste à l'égard de ceux qui ont marché sur le chemin tortueux du mal, dont l'issue finale est la mort.
Le Psaume est scellé par le salut traditionnel de shalom, de « paix sur Israël », un salut rythmé par assonance sur Jerushalajim, sur Jérusalem (cf. v. 2), la ville symbole de paix et de sainteté. C'est un salut qui devient un vœu d’espérance. Nous pouvons l'expliquer à travers les paroles de saint Paul: « Et à tous ceux qui suivront cette règle paix et miséricorde, ainsi qu'à l'Israël de Dieu » (Ga 6, 16).
4. Dans son commentaire de ce Psaume, saint Augustin oppose « ceux qui s'engagent sur des voies tortueuse » à « ceux au cœur droit qui ne s'éloignent pas de Dieu ». Si les premiers sont unis par « le destin réservé aux hommes qui commettent l'iniquité », quel sera le sort de ceux « au cœur droit »? Dans l'espoir de participer lui aussi, avec ses fidèles, à l'heureux destin de ces derniers, l'évêque d'Hippone s’interroge : « Que posséderons-nous? Quel sera notre héritage? Quelle est notre patrie? Quel est son nom? ». Et il répond lui-même, en indiquant son nom – je fais miennes ces paroles – : « La Paix. C'est par la paix que nous vous saluons, c'est la paix que nous vous prêchons, la paix que reçoivent les montagnes, et les collines la justice (cf. Ps 71, 3). Cette paix est le Christ: “Car c'est lui qui est notre paix” (Ep 2, 14) » (Discours sur les Psaumes, IV; Nuova Biblioteca Agostiniana, XXVIII, Roma 1977, p. 105).
Saint Augustin conclut par une exhortation qui est en même temps, également un vœu: « Soyons Israël, embrassons la paix, puisque Jérusalem est la vision de la paix et que nous sommes Israël, que la paix soit sur Israël » (ibid. p. 107). Et la paix est le Christ.
[Texte original : italien – Traduction réalisée par ZENIT]
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Aug 04, 2005 00:00