« Le mal ne peut pas continuer à être banalisé devant l’image du Seigneur qui souffre »

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Méditations du card. Ratzinger

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CITE DU VATICAN, vendredi 25 mars 2005 (ZENIT.org) – La Croix transforme la souffrance en amour, explique le cardinal Ratzinger à qui Jean-Paul II a confié la rédaction des méditations du Chemin de Croix du Colisée, en ce vendredi saint.

La croix du Chemin de Croix a été portée par le cardinal Ruini, vicaire du pape pour Rome, aux Ière, IIe et XIVs stations, et par des religieuses et des religieux, des laïcs d’Asie, d’Europe, d’Afrique.

Dès la première station, la méditation secoue les consciences. Le cardinal écrit : « Jésus, condamné comme prétendu roi, tu es raillé, mais dans la dérision apparaît cruellement la vérité. Combien de fois les insignes du pouvoir portés par les puissants de ce monde ne sont-ils pas une insulte à la vérité, à la justice et à la dignité de l’homme! Combien de fois leurs cérémonies et leurs grands discours ne sont en vérité rien d’autre que de pompeux mensonges, une caricature de la tâche qui est la leur: se mettre au service du bien ! »

Il explique en quoi consiste la royauté du Christ : « Lui, le vrai roi, ne règne pas par la violence, mais par l’amour dont il souffre pour nous et avec nous. Il porte la croix sur lui, notre croix, le poids de l’homme, le poids du monde. C’est ainsi qu’il nous précède et qu’il nous montre comment trouver le chemin de la vraie vie ».

A la 8e station, le cardinal Ratzinger aborde la responsabilité de l’homme face au mal en disant : « Le Seigneur nous avertit du danger dans lequel nous sommes nous-mêmes. Il nous montre la gravité du péché et la gravité du jugement. Malgré tous nos discours effrayés devant le mal et la souffrance des innocents, ne sommes-nous pas trop enclins à banaliser le mystère du mal ? En définitive, de l’image de Dieu et de Jésus, nous ne retenons peut-être que l’aspect doux et aimable, alors que nous avons évacué tranquillement l’aspect du jugement? Nous nous demandons si Dieu peut encore prendre notre faiblesse au tragique. Car nous ne sommes que des hommes ! Mais en regardant les souffrances du Fils, nous voyons toute la gravité du péché, nous voyons comment il doit être expié jusqu’à la fin pour pouvoir être vaincu. Le mal ne peut pas continuer à être banalisé devant l’image du Seigneur qui souffre ».

La conclusion des méditations est « eucharistique », en cette année de l’Eucharistie : « Au milieu de la décomposition des idéologies, notre foi devrait être à nouveau le parfum qui nous remet sur le chemin de la vie. Au moment de la mise au tombeau commence à s’accomplir la parole de Jésus: «Amen, amen, je vous le dis: si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit». Jésus est le grain de blé qui meurt. A partir du grain de blé mort commence la grande multiplication du pain qui dure jusqu’à la fin du monde: c’est le pain de vie capable de rassasier l’humanité tout entière et de lui donner la nourriture de manière surabondante: par la croix et la résurrection, le Verbe éternel de Dieu, qui, pour nous, s’est fait chair et s’est aussi fait pain. Sur le tombeau de Jésus, resplendit le mystère de l’Eucharistie ».

Au micro de Radio Vatican, le cardinal Ratzinger a souligné pourquoi le mystère de la croix continue de scandaliser encore 2000 après.

« Il est toujours difficile pour l’homme de comprendre, disait-il, pourquoi Jésus, pour sauver le monde, a du subir une torture aussi cruelle par la crucifixion. Ce n’est pas pour rien que saint Paul dit : « c’est un scandale pour les païens ». L’homme d’aujourd’hui veut naturellement exclure ces choses-là de la vie. En réalité, la crucifixion du Seigneur nous invite à la justice, à la correction, à l’amour pour surmonter les injustices. En même temps, c’est justement ce don de soi du Seigneur qui, portant nos douleurs et nos souffrances, transforme le monde. Il n’est pas facile de comprendre intellectuellement cela. Ce n’est qu’en participant au chemin du Christ, en entrant en communion avec le don de soi, que l’on peut vivre bien la douleur et que l’on peut comprendre finalement qu’il n’existe pas d’amour sans perte de soi, sans sortir de nos limites avec l’envie de tout avoir. L’amour, donc, implique nécessairement la douleur, cet abandon-don de soi. Au cœur du mystère de la Croix il y a le mystère de l’amour ».

Que dire à qui accomplit le Chemin de Croix ? « Naturellement, répond le cardinal, je dirais que les formules générales ne sont pas suffisantes, parce que tout homme est une individualité unique, souffre de façon personnelle, dans ses circonstances, ses propres problèmes. Donc, on doit considérer la souffrance particulière de cette personne pour trouver le lien avec la Croix rédemptrice du Christ. Mais disons qu’en éprouvant de la compassion pour qui souffre, en comprenant avec le cœur la souffrance, en un second temps, on peut ensuite faire comprendre à cette personne qu’en unissant sa passion à l’amour du Christ, en transformant la souffrance en amour, on peut arriver à une acceptation qui rend positif ce qui, en un premier temps est un moment négatif ».

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ZENIT Staff

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