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Empêcher un évêque d’exercer son ministère, c’est violer la liberté religieuse
Déclaration de M. Navarro Valls
CITE DU VATICAN, Dimanche 20 mars 2005 (ZENIT.org) – Empêcher un évêque légitimement nommé par le Saint-Siège d’exercer son ministère serait une violation de la liberté religieuse, avertit le Vatican, à l’adresse du gouvernement argentin.
Selon une déclaration du 19 mars du porte-parole du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls, le Vatican attend des nouvelles « officielles » à propos de l’ordinaire militaire argentin Mgr Antonio Juan Baseotto, qui, selon la presse argentine aurait été suspendu par le président de ce pays.
« Il n’est pas dans mes habitudes de faire des déclarations à propos des nouvelles publiées par la presse, a précisé M. Navarro Valls. A propos de ce qui a été annoncé par des agences sur des mesures prises par le président de l’Argentine vis-à-vis de Mgr Antonio Juan Baseotto, on reste dans l’attente d’une communication officielle de la part de l’Argentine au Souverain pontife, qui l’a nommé Ordinaire militaire. Evidemment, si l’on empêchait un évêque légitimement nommé par le Saint-Siège, selon les normes du droit canon et des accords en vigueur, d’exercer son ministère pastoral, on se trouverait devant une violation de la liberté religieuse, ainsi que de ces accords ».
Vendredi 18 mars en effet, un décret du gouvernement national argentin a retiré la possibilité à l’évêque d’exercer son ministère. La chancellerie argentine a affirmé qu’elle présenterait au Vatican lundi 21 mars sa décision d’annuler l’accord.
« L’accord est caduque », a en effet annoncé le chef de cabinet de l’ambassade, M. Alberto Fernández, pour expliquer la décision de son gouvernement de déroger au décret qui reconnaissait Mgr Baseotto comme ordinaire militaire, un décret signé en 2002 par le président d’alors, M. Eduardo Duhalde.
Après le communiqué du Vatican, M. Fernández, a nié, samedi, que le gouvernement soit en train de violer la « liberté religieuse ». Selon lui, la décision du président Néstor Kirchner aurait été la même avec quelque fonctionnaire que ce soit, étant donné la polémique surgie entre l’évêque et le ministre argentin de la santé.
Le ministre, M. Ginés González García, s’est en effet prononcé, le 14 février, dans un entretien accordé à la publication «Página 12», en faveur de la dépénalisation de l’avortement, alors que la constitution de la République protège la vie humaine dès sa conception.
Trois jours plus tard, Mgr Baseotto, a écrit une lettre au ministre. Il l’avertissait entre autres qu’il pouvait tomber sous l’accusation d’« apologie du délit d’homicide » pour avoir prôné cette pratique par l’assomption de « médicaments connus comme abortifs ». En Chine à ce moment-là, le ministre a riposté en accusant, entre autres, l’évêque d’être un « menteur ».
Ce fut alors au tour du ministre de la Défense, M. José Pampuro, de convoquer d’urgence Mgr Baseotto pour ratifier ou rectifier ses déclarations. Une conversation agitée selon les dépêches d’agence.
Le 21 février, Mgr Baseotto a reçu l’expression de la solidarité du président du conseil pontifical Justice et Paix, le cardinal Renato Martino, pour avoir courageusement défendu « la dignité de la personne humaine et de ses droits ».
Le 8 mars, il recevait le soutien du président du conseil pontifical de la Famille, le cardinal Alfonso López Trujillo.
Deux jours plus tard, la conférence épiscopale argentine diffusait un communiqué où l’évêque exprimait sa peine pour « la confusion et le malaise » suscitée par une citation de l’Evangile et déclarait qu’il n’entendait pas « offenser l’autorité d’un membre du gouvernement national ».
Le jour même, le président Kirchner convoquait le chancelier Rafael Bielsa pour lui demander de servir d’intermédiaire en vue de la démission de Mgr Baseotto.
Sans que le nonce apostolique ne soit mis au courant, le service de presse de la présidence rendait publique la détermination présidentielle de retirer à l’évêque la reconnaissance de l’Etat.
Samedi, la commission exécutive de la conférence épiscopale argentine a publié une déclaration déplorant « ce conflit livré aux media » et qui « n’a pas été traité avec la prudence nécessaire ».
Le document souhaite le dialogue qui « débouche presque toujours sur des accords féconds » au lieu de « disputes stériles ».
Les évêques regrettent en outre une détermination « unilatérale » qui empêche en cette semaine sainte le ministère de l’évêque, et souhaitent une prompte solution à cette affaire.