Dans un entretien à « Rome reports », Mgr Giovanni Lajolo explique que l’action de la diplomatie du Saint-Siège vise à « semer humblement la paix » plus qu’agir « en protagoniste sur la grande scène politique internationale ».
Réforme de l’ONU
Le ministre des Affaires étrangères du Vatican a abordé la question du processus de réforme de l’ONU, souvent souhaité par le Saint-Siège et maintenant mis en œuvre.
« Cela concerne certaines dispositions statutaires de caractère technique et politique, par exemple celles qui concernent la composition du Conseil de Sécurité. Là-dessus, le Saint-Siège n’intervient pas spécifiquement », a indiqué le diplomate.
« La réforme, a-t-il précisé, concerne aussi des normes relatives à la présence même des Nations Unies sur la scène mondiale dans le cadre de la finalité de paix et de concorde entre les peuples propres à l’ONU ».
Mgr Lajolo a souligné à ce propos : « Le Saint-Siège est favorable à ce que l’on reconnaisse à l’ONU des prérogatives particulières nouvelles à préciser très clairement, qui facilitent son action dans la prévention des conflits, et qui rendent possible une « intervention humanitaire », c’est-à-dire une intervention visant le désarmement de l’injuste agresseur ».
Des médiations couronnées de succès
La médiation du Saint-Siège en faveur de la paix a été couronnée de succès, rappelait Mgr Lajolo, à différentes occasions.
En 1493, le pape Alexandre VI (1492-1503), disait-il, a « tracé une ligne de démarcation dans l’Atlantique pour les terres à découvrir par l’Espagne et le Portugal, écartant ainsi tout danger de conflit entre les deux puissantes couronnes ».
Le 17 décembre 1885, Léon XIII (1878-1903), a réussi une médiation entre la Prusse et l’Espagne à propos des Iles Carolines.
En 1978, continuait Mgr Lajolo, le pape Jean-Paul II a offert à l’Argentine et au Chili la médiation du Saint-Siège, dans leur désaccord au sujet du canal de Bearle : « Les navires de guerre des deux pays étaient déjà prêts à l’affrontement. La médiation s’est conclue par le « Traité de paix et d’amitié » signé au Vatican en novembre 1984.
En plus de 26 ans de pontificat, Mgr Lajolo a souligné la contribution du pape Wojtyla dans le domaine de la diplomatie, avec l’augmentation du nombre des représentations pontificales de 107 à 174, sans compter les 17 représentations auprès d’Organisations internationales.
L’histoire a donné raison aux papes
Il existe aussi les cas où la diplomatie vaticane n’a pas obtenu de résultat, a reconnu Mgr Lajolo, citant les interventions de Benoît XV et de Pie XII pour conjurer les deux guerres mondiales, et récemment celles de Jean-Paul II pour éviter la guerre en Irak. Il faisait cependant observer : « Mais l’histoire a donné raison aux papes. Hélas, lorsque l’on fait taire la diplomatie, ce sont les armes qui parlent ».
« Je voudrais ajouter, continuait le ministre des Affaires étrangères du Vatican, qu’en plus des cas bien connus de succès ou d’échec de la diplomatie vaticane, il y a toute une activité du Saint-Siège, couverte par la réserve nécessaire, qui vise à désamorcer les affrontements, exposer les raisons et les attentes de l’autres, prospecter les possibilités de points de rencontre ».
La Terre Sainte, et l’Irak
Pour ce qui est du processus de paix au Moyen Orient, ou en Irak, « le premier souhait est que toute action violente cesse », a ajouté Mgr Lajolo, « et puis il est nécessaire que commence un dialogue sérieux entre les autorités israéliennes et palestiniennes, c’est-à-dire un dialogue où chaque interlocuteur non seulement, évidemment, présente ses propres requêtes, mais aussi s’engage à fond pour comprendre les bonnes raisons de l’autre partie ».
« Un souhait particulier, notait le diplomate, concerne les populations chrétiennes : une minorité menacée par différentes mesures et de différentes façons, et donc poussée à abandonner sa terre, sur laquelle elle est présente depuis les temps apostoliques. Et c’est pour cette raison que l’Eglise et le Saint-Siège ne peuvent pas se sentir étrangers aux tractations en cours ».
Le Liban, et les Grand lacs d’Afrique
Pour ce qui concerne le Liban, c’est un « pays d’intérêt prioritaire pour le Saint-Siège au Moyen Orient », a déclaré Mgr Lajolo : il est nécessaire qu’il retrouve sa pleine indépendance et redevienne, comme il l’a été au cours des siècles passés, une terre de coexistence exemplaire, amicale, entre les composantes de différentes inspirations religieuses ».
Mais d’autres régions du monde sont considérées comme prioritaires par le Saint-Siège : Mgr Lajolo indiquait l’Afrique, surtout la région des Grands lacs africains, « où la situation politique et sociale est humainement insoutenable ».
Tsunami, aide à long terme
Pour ce qui concerne la reconstruction des régions d’Asie frappées par le tsunami, le diplomate faisait remarquer qu’en dépit de « la grande vague de solidarité au niveau mondial, la mobilisation rapide des volontaires, et une récolte de fonds sans précédent », la destruction des infrastructures « a rendu un secours immédiatement efficace très difficile ».
Le secours des populations et la reconstruction « doit se poursuivre avec un grand engagement au cours des années à venir sous la direction des gouvernements intéressés », a-t-il indiqué : « On aurait particulièrement besoin de vastes projets à long terme, mis en place avec les pays disposés à des investissements spécifiques ».
« A part ce que pourront faire les gouvernements et les organisations internationales, l’aide spontanée de la charité de tant de personnes généreuses, directement ou par l’intermédiaire des œuvres caritatives, conserve un rôle irremplaçable », a conclu Mgr Lajolo.