Mgr Loris Capovilla, le secrétaire de l’ancien nonce en France, Roncalli, a pour sa part précisé dans les colonnes du quotidien L’Avvenire du 4 janvier que l’attitude du nonce et de l’Eglise de France ont été en l’occurrence « sans équivoque ».
Pendant l’occupation, il s’agissait, dit-il de « sauver la vie d’enfants sans défense, de les mettre en sécurité dans des familles catholiques qui pourraient s’en occuper comme de leurs propres enfants, et les remettre ensuite à leurs familles d’origine » une fois le danger passé.
« Ces enfants, expliquait Mgr Capovilla, ont été sauvés d’une mort certaine. Les familles [d’accueil] leur ont transmis ce qui était leur trésor le plus cher, la foi catholique, mais sans contrainte ».
« A la fin de la guerre, continuait le secrétaire du futur Jean XXIII, il a semblé tout aussi naturel de considérer les situations cas par cas, en prêtant la plus grande attention à qui frappait à la porte pour réclamer les enfants. Que devaient faire ces familles ? Remettre les enfants élevés en même temps que leurs enfants aux premiers qui se présentaient ? L’Eglise n’a rien fait d’autre que de conseiller une règle de prudence et de veiller à la protection de ces enfants ».
Selon Mgr Capovilla, aucune interdiction n’a empêché les enfants de connaître et de retrouver leur famille naturelle.
De son côté, un historien Italien, Giovanni Sale, jésuite, a souligné dans le même quotidien le 4 janvier: « Considérer Pacelli comme antisémite, l’opposer à Roncalli, et réclamer une commission sur les non-restitutions présumées des enfants israélites est une provocation qui fausse la vérité historique ».
En ce qui concerne le soi-disant antisémitisme de Pie XII et de l’Eglise catholique, Giovanni Sale souligne encore que « la véritable essence de l’antisémitisme moderne, professé par Hitler et par les fascismes du XXe siècle (…) n’était pas fondé sur des théories religieuses (comme l’anti-judaïsme chrétien) mais sur des principes eugéniques et biologiques qui considéraient la race arienne comme supérieure et dominante. Qui connaît la théologie chrétienne sait que l’Eglise n’a jamais approuvé de telles théories, qui ont été à l’origine de l’Holocauste, au contraire, dans différents documents pontificaux solennels, elles furent ouvertement condamnées, en dépit des menaces d’Hitler contre l’Eglise en Allemagne ».
D’accord avec Giovanni Sales, le Prof. Giorgio Rumi a réagi le 6 janvier dans le « Corriere », mettant en garde contre un nouveau danger, «L’inquisition anti-catholique ».
Pour lui, « la directive vaticane sur les enfants juifs baptisés risque de déclencher une utilisation judiciaire de l’histoire ».
Historien lui aussi, le prof. Andrea Riccardi évoque pour sa part à propos de l’article, « une opération aux traits obscurs ». « Peut-être, dit-il, dans un éditorial publié par L’Avvenire du 4 janvier, conviendrait-il de s’interroger sur ce caractère de l’obsession anti-pacellienne qui risque de confondre les contours de l’histoire et la « criminalisation » de ce pape, alors que les vraies responsabilités de la Shoah s’estompent ».
En effet, déplore l’historien italien, il est une utilisation de Pie XII qui va au-delà de l’histoire. Ou l’on fait de lui la figure symbolique d’un ancien régime à abattre rituellement ou l’on fait de lui un bouc émissaire derrière lequel cacher la mesure de l’insensibilité vis-à-vis des Juifs même de la part des institutions et des gouvernements rangés contre nazisme et fascismes ».
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Jan 07, 2005 00:00