ROME, lundi 10 janvier 2005 (ZENIT.org)
– La situation en République Démocratique du Congo est alarmante. Les affrontements durent depuis 1996. Selon la Croix Rouge internationale il y aurait actuellement plus de mille morts par jour.
Nous publions ci-dessous le texte du message que l’évêque de Butembo-Beni, Mgr Sikuli Melchisedech, a publié à l’occasion du Nouvel An.
BUTEMBO-BENI TOUJOURS MENACEE
A la veille des célébrations de la Fête du Nouvel An, la situation demeure très préoccupante pour les 150.000 personnes du Sud du Diocèse qui n’ont reçu aucune assistance humanitaire substantielle depuis bientôt quatre semaines, à cause de l’insécurité persistante dans la zone concernée.
Le cessez-le-feu qui a été accepté avant Noël par les « mutins rwandophones » et les FARDC semble avoir été respecté. On n’a pas signalé une reprise de combat entre les deux parties.
L’équipe de Caritas Congo partie de Kinshasa, est bel est bien arrivée à Butembo et s’est mise immédiatement au travail. Avec des représentants d’autres organisations humanitaires, cette équipe consolidée par les Responsables de Caritas diocésaine, du Bureau des oeuvres médicales et de
trois prêtres a pu se rendre à KIRUMBA – KAYNA et même jusqu’à KANYABAYONGA.
Le constat est douloureux et très amer :
1. Les troupes des « mutins rwandophones »sont toujours à KANYABAYONGA-KAYNA- KIRUMBA. A Kirumba, elles ont établi leur Etat Major dans lesbâtiments de la Paroisse de Kasando et du Couvent des Religieuses.
2. Le poste de commandement rapproché des FARDC se trouverait à KASEGHE soit, à une distance de 30 kilomètres de Kanyabayonga. Mais la zone sous leur contrôle effectif commence à MIGHOBWE, localité située entre KIRUMBA et KASEGHE.
3. Les gens rencontrés dans « ces cités sans vie » sont visiblement traumatisées et minés par des souffrances indescriptibles dont ils sont victimes. Ils reviennent timidement la journée pour constater les dégâts des pillages et des destructions méchantes de leurs habitations. A la tombée de
la nuit, ils retournent dans la brousse car ils soupçonnent même la MONUC sinon de complicités avec les mutins au moins d’inefficacité notoire pour leur protection.
Tous ne demandent qu’une chose : « que les hommes des troupes de deux parties quittent complètement la zone », afin que la vie et les activités puissent reprendre normalement.
4. D’après le témoignage de notre équipe de Caritas, la dite « zone tampon » semble inexistante, puisque l’Etat Major des mutins rwandophones établi à Kirumba (paroisse Kasando) continue d’être approvisionné en munitions sous les regards toujours « observateurs et impassibles » des agents de la MONUC basés à KILALO, entre MIGHOBWE et KIRUMBA.
Depuis mercredi soir, des sources dignes de foi basées à Goma font état des préparations en cours pour une reprise imminente des combats dans le Territoire de Lubero, par des éléments infiltrés dans la région à partir de Goma.
5. En guise de recommandations aussi prioritaires que celles déjà formulées dans notre dernier écrit du 24 décembre 2004, « Encore une situation alarmante du Diocèse de Butembo-Beni », nous nous permettons d’ajouter trois autres :
– Que le Parc de Virunga soit libéré complètement de toute présence, de tout campement militaire et recouvre pleinement son statut de patrimoine commun de l’humanité exigeant la protection de sa faune et sa flore,
– Que le Gouvernement de Transition procède le plus rapidement possible au cantonnement des troupes congolaise dans toute la Province du Nord-Kivu, mettant ainsi fin aux milices privées ou mono ethniques,
– Que l’Elan de solidarité au niveau national et international soit soutenu par des mécanismes de sécurisation des convois humanitaires et des populations fortement traumatisées,
– Que le Conseil de Sécurité des Nations Unies examine avec beaucoup d’attention la recommandation pertinente du Parlement Européen demandant avec insistance que « soit envisagée une nouvelle mission de l’Union Européenne en RDC sur le modèle de l’opération Artémis afin de
contribuer à la sécurité de l’Est du pays en particulier dans la zone frontalière entre le Rwanda et la RDC,
– Que la MONUC fasse exécuter énergiquement et sans ambiguïté le suivi du retrait effectif des troupes qui se sont affrontées à Kanyabayonga.
– Que la MONUC installe de manière permanente deux contingents à l’entrée et à la sortie officielles du Parc National de Virunga, c’est-à-dire, à MABENGA au Sud et à AN1’ABAYONGA au Nord.
Que l’Année Nouvelle, 2005 soit pour nous tous une année de grâce et de paix !
Fait à Butembo, le 31 /12 / 2004
+ SIKULI PALUKU Melchisédech
Evêque de Butembo-Beni.