Du 21 novembre 2004 au 2 janvier 2005 se déroule à Goa, dans l’Etat du même nom, en la basilique du Bon Jésus, l’ostension des reliques de saint François Xavier (1506-1552). Arrivé en 1542 à Goa, alors colonie portugaise, l’un des fondateurs, avec Ignace de Loyola, de la Société de Jésus, va passer dix ans en Asie, où il meurt en 1552, dans l’île de Sancian, près de Canton. Surnommé « l’Apôtre des Indes », il sera canonisé en 1622 et son corps, ramené à Goa en 1554, repose dans la basilique du Bon Jésus depuis 1637. Depuis, ses restes, qui sont conservés dans un cercueil de verre placé d’ordinaire sur un maître-autel dans la basilique, ont été exposés à seize reprises. La première ostension des reliques a eu lieu en 1782. Depuis 1924, une ostension de ces reliques est organisée à intervalle régulier, tous les dix ans.
Inaugurée en présence du ministre-président et du gouverneur de l’Etat de Goa, l’ostension des reliques, qui durera quarante-trois jours, a donné lieu à plusieurs temps forts. Le 21 novembre, une messe solennelle a été célébrée par l’archevêque de Goa, Mgr Filipe Neri Ferrao, en présence de 8 000 pèlerins, venus pour certains de l’étranger, et de plusieurs personnalités de l’Eglise catholique locale, comme son prédécesseur, aujourd’hui à la retraite, Mgr Raul Gonsalves. Ensuite, le cercueil a été transporté de l’intérieur de la basilique à la porte d’entrée par douze prêtres. De là, les représentants des douze doyennés de l’archevêché l’ont accompagné jusque dans la cathédrale, située à trois cents mètres. Et, tandis que des chants en langue locale konkani célébraient la mémoire du saint, le cercueil était placé sur le maître-autel de la cathédrale. Les responsables de l’archidiocèse de Goa ont dit attendre de deux à trois millions de pèlerins et visiteurs d’ici au 2 janvier 2005.
Le 3 décembre, jour de la fête du saint, plusieurs cérémonies spéciales ont été organisées. Ce jour-là, en présence de plus de 10 000 fidèles, Mgr Lopez Quintina, nonce apostolique en Inde, a présidé la messe solennelle concélébrée en l’honneur du saint. Ce jour-là également, 100 000 personnes venaient se recueillir devant les reliques et participaient à des veillées de prière à l’intérieur et à l’extérieur de la cathédrale.
Face à l’afflux de 10 000 pèlerins en moyenne par jour, certains venus à pied et la moitié environ n’ayant pas les moyens de se loger, les autorités civiles locales et l’archidiocèse de Goa ont travaillé ensemble à mettre en place des structures d’accueil pour les plus pauvres et faciliter la circulation aux abords de la cathédrale, au risque de provoquer quelques mécontentements. Cette année encore, des centaines d’emplacements (1 300), qui bordent les rues menant à la cathédrale, et qui ont donné lieu à un important marché noir, ont été loués à des marchands qui proposent des souvenirs, des objets de piété, de la nourriture, mais aussi des boissons alcoolisées.
Un service d’urgence et de premiers soins a été mis en place. Deux camps, situés à 500 mètres de la cathédrale, et pouvant accueillir, moyennant le paiement de cinq roupies par personne (0,9 euro), jusqu’à 1 300 personnes, ont été aménagés. Quatre écoles du voisinage ont été mises à disposition, avec une capacité d’accueil de 1 600 personnes. Le gouvernement de l’Etat, qui a alloué un budget de 40 millions de roupies (720 000 euros) à l’ensemble de la manifestation, a également affrété trente bus pour assurer la liaison entre le vieux Goa et la périphérie ; la circulation de tout véhicule à quatre roues, autre que ceux des résidents, a en effet été interdite dans un périmètre d’un kilomètre autour de la cathédrale.
Avant le début de l’ostension des reliques du saint, le gouvernement avait annoncé qu’il dépenserait 30 millions de roupies supplémentaires pour élargir des routes et construire au moins un nouveau pont. Tout en soulignant que ces dépenses étaient de toute façon prévues de longue date et n’ont pas été votées spécialement pour l’occasion, l’Eglise catholique locale, par la voix de son porte-parole, le P. Olavo Velho Pereira, s’est félicitée de la bonne volonté manifestée par le gouvernement local. Une bonne volonté qui a priori n’était pas évidente étant donné que l’Etat est dirigé par le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), le parti nationaliste hindou.
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