Jean-Paul II a en effet présidé ce matin, en la solennité de l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, une messe, à 9 h 30, en la basilique Saint-Pierre, pour marquer le 150e anniversaire de la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception (nous traduisons de l’italien).
« Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » : le pape citait d’emblée cette salutation angélique rapportée par l’Evangile selon saint Luc (Lc 1,28) avant de commenter : « C’est par ces paroles de l’archange Gabriel, que nous nous adressons à la Vierge Marie plusieurs fois par jour. Nous les répétons aujourd’hui avec une joie fervente, en la solennité de l’Immaculée Conception, en rappelant que le 8 décembre 1854, le bienheureux Pie IX a proclamé cet admirable dogme de la foi catholique, justement en cette basilique vaticane ».
« Comme il est grand le mystère de l’Immaculée Conception que la liturgie d’aujourd’hui nous présente ! Un mystère qui ne cesse d’attirer la contemplation des croyants et qui inspire la réflexion des théologiens ».
Le pape soulignait le thème du congrès des associations mariologiques rassemblées actuellement à Rome : « Marie de Nazareth accueille le Fils de Dieu dans l’histoire ». Il soulignait que ce congrès favorise un approfondissement de la doctrine de la conception immaculée de Marie, comme présupposé de l’accueil dans son sein virginal du Verbe de Dieu incarné, Sauveur du genre humain.
Le pape expliquait encore : « Pleine de grâce, « kecharitoménè « : par ce nom, selon l’original grec de l’Evangile de Luc, l’ange s’adresse à Marie. C’est le nom par lequel Dieu, par son messager, a voulu qualifier la Vierge. C’est de cette façon, qu’il l’a pensée et vue depuis toujours, de toute éternité ».
Le pape rapprochait ce terme de l’hymne de saint Paul aux Ephésiens . L’apôtre proclame que « Dieu nous a bénis de toutes les bénédictions spirituelles dans le Christ ». Il s’exclamait : « De quelles bénédictions Dieu a béni Marie dès l’origine des temps ! Vraiment, tu es bénie, Marie, entre toutes les femmes ! » (cf. Lc 1,42).
Le Père l’a choisie dans le Christ avant la Création du monde, afin qu’elle soit sainte et immaculée devant lui, dans l’amour, en la prédestinant à être les prémices de l’adoption filiale par Jésus Christ » (cf. Ep 1,4-5).
« La prédestination de Marie, et celle de chacun de nous, expliquait encore Jean-Paul II, est relative à la prédestination du Fils. Le Christ est celui qui devait écraser la tête de l’antique serpent, selon le livre de la Genèse, et l’Agneau sans tache immolé pour racheter l’humanité du péché ».
« En prévision de sa mort salvifique, Marie, sa Mère, a été préservée du péché originel et de tout autre péché. Dans la victoire du Nouvel Adam, il y aussi celle de la Nouvelle Eve, la Mère des rachetés, l’Immaculée est ainsi un signe d’espérance pour tous les vivants qui ont vaincu Satan par le sang de l’Agneau », continuait le pape.
Jean-Paul II expliquait le sens de cette célébration en disant : « Nous contemplons aujourd’hui la jeune fille de Nazareth sainte et immaculée devant Dieu dans la charité (cf. Ep 1,4), cette charité dont la source est Dieu lui-même, un et trine. L’Immaculée Conception de la Mère du Rédempteur est l’œuvre sublime de la Très sainte Trinité. Dans la bulle « Ineffabilis Deus » Pie IX rappelle que le Tout-Puissant a établi « par un seul et même décret l’origine de Marie et l’incarnation de la Sagesse divine (Pii IX Pontificis Maximi Acta, Pars prima, p. 559) ».
Le pape soulignait le lien entre le oui de Marie et l’Eglise en ajoutant : « Le « oui » de la Vierge à l’annonce de l’ange se situe dans le concret de notre condition terrestre, en humble soumission à la volonté divine de sauver l’humanité, non pas de l’histoire, mais dans l’histoire. En effet, préservée de la tache du péché originel, la « nouvelle Eve » a bénéficié de façon singulière de l’œuvre du Christ, lui qui est le très parfait Médiateur et Rédempteur. Première à être rachetée par son Fils, participant de la plénitude de sa sainteté, Elle est déjà ce que toute l’Eglise désire et espère être. Elle est l’icône eschatologique de l’Eglise ».
« C’est pourquoi, poursuivait Jean-Paul II, l’Immaculée, qui marque « le commencement de l’Eglise, épouse du Christ dans tache ni ride, resplendissante de beauté » (Préface), précède toujours le Peuple de Dieu dans le pèlerinage de la foi vers le Royaume des cieux (cf. Vatican II, Lumen gentium, 58; et l’Encyclique Redemptoris Mater, 2) ».
Toujours à propos de l’Eglise, Jean-Paul II soulignait : « dans la Conception immaculée de Marie, l’Eglise voit se profiler, anticipée dans son membre le plus noble, la grâce de Pâque qui sauve. Dans l’événement de l’Incarnation, elle trouve le Fils et la Mère indissolublement unis : « Celui qui est son Seigneur et son chef et celle qui, en prononçant le premier « fiat » de la nouvelle Alliance, préfigure sa condition d’épouse et de mère » (Redemptoris Mater, 1).
Le pape concluait par cette prière : « A toi, Vierge Immaculée, prédestinée par Dieu sur tout autre créature comme avocate de la grâce et modèle de sainteté pour son peuple, je te confie à nouveau aujourd’hui de façon spéciale toute l’Eglise.
Que ce soit toi qui guides tes enfants dans leur pèlerinage de la foi, en les rendant toujours plus obéissants et fidèles à la Parole de Dieu.
Que ce soit toi qui accompagne chaque chrétien sur le chemin de la conversion et de la sainteté, dans la lutte contre le péché et dans la recherche de la vraie beauté, qui est toujours une empreinte et un reflet de la Beauté divine.
Que ce soit toi encore qui obtienne paix et salut pour toutes les nations. Le Père éternel qui T’a voulue comme Mère immaculée du Rédempteur, renouvelle aussi à notre époque, grâce à toi, les prodiges de son amour miséricordieux. Amen ».
Au début de son homélie, le pape avait salué les pèlerins en disant : « Je salue ceux qui sont venus aujourd’hui, en particulier les représentants des Sociétés mariologiques nationales qui ont pris part au congrès mariologique et marial international organisé par l’Académie mariale pontificale. Et je vous salue tous, vous qui êtes venus ici, chers frères et sœurs, pour rendre votre hommage filial à la Vierge Immaculée. Je salue de façon toute spéciale Monsieur le cardinal Camillo Ruini, auquel je renouvelle mes vœux les plus cordiaux à l’occasion de son jubilé sacerdotal, et je lui exprime toute ma gratitude pour le service qu’il a rendu et continue de rendre à l’Eglise avec un généreux dévouement en tant que Vicaire général du diocèse de Rome et en tant que président de la conférence épiscopale italienne ». Rappelons que c’est le pape qui nomme le président de la CEI et qu’exceptionnellement, le pape a confié au cardinal Ruini un troisième mandat.