"Ad limina": pèlerinage fraternel, visite aux dicastères, rencontre avec le pape

Bilan avec les évêques vers la fin de leur visite

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CITE DU VATICAN, Vendredi 23 janvier 2004 (ZENIT.org) – Pèlerinage fraternel, visite enrichissante aux dicastères, et rencontre avec le pape, d’une « présence impressionnante », tels sont les principaux éléments d’une visite « ad limina », selon les évêques des provinces ecclésiastiques de Toulouse et Montpellier qui ont rencontré la presse vendredi après-midi. La visite habituellement « quinquennale » n’avait pas eu lieu depuis sept ans, en raison du Jubilé.

Quatre d’entre eux avaient été reçus à leur tour vendredi matin par le pape Jean-Paul II pour un colloque individuel: Mgr Maurice Gaidon, évêque de Cahors, Mgr Bernard Housset, évêque de Montauban, Mgr Marcel Perrier, évêque de Pamiers et Mgr Bellino Ghirard, évêque de Rodez.

Nous rendons compte d’une façon un peu décousue d’une conversation paisible au séminaire français, et à bâtons rompus.

1. Un pèlerinage fraternel
Lors du point avec la presse Mgr Emile Marcus, archevêque de Toulouse et Mgr Guy Tomazeau, évêque de Montpellier, ont réaffirmé que la visite ad limina, c’est tout d’abord un pèlerinage, fraternel: ce samedi, ils célèbrent la messe en la basilique Sainte-Marie Majeure, quatrième des basiliques majeures où ils ont célébré la messe, après Saint-Pierre, Saint-Paul, aux tombaux des apôtres, et Saint-Jean du Latran. Les évêques ont dit combien ils appréciaient ces moments de prière ensemble et d’échange fraternel entre évêques de deux provinces ecclésiastiques différentes et voisines. « Il se passe quelque chose » conviennent-ils.

2. La qualité de l’accueil dans les différents dicastères
Les visites ad limina, ce sont aussi des visites dans les dicastères. Les évêques de provinces de Toulouse et Montauban ont visité « tous » les dicastères, conseils pontificaux et congrégations, trois le matin, trois l’après-midi: un peu « trop » avouent-ils, mais ils affirment que ces contacts sont précieux.

Ils disent tout d’abord apprécier « l’accueil » reçu à chaque fois: « On a lu nos rapports, on est intéressé par ce que nous avons à dire, on nous écoute, et on est bien au courant des problématiques de nos diocèses, on est compris ». Une visite « accueillante et paisible, même sur des questions difficiles comme l’érosion de la pratique religieuse. On a un grand désir de nous entendre ».

« Nous venons expliquer nos pratiques, nos joies et nous laisser instruire », expliquait Mgr Marcus.

Mgr Tomazeau rappelait que « depuis l’aube de l’Eglise, l’unité se maintient par deux moyens privilégiés que sont les lettres et les visites ». Lettres « encycliques », par exemple, précisait-il par lesquelles « on vérifie notre communion dans la même foi », et visites, « ad limina » ou visite de l’évêque dans son diocèse: il n’est pas un « inspecteur », mais « un frère qui visite ses frères ». C’est aussi cela la visite « ad limina », disait-il.

Ils notaient également la « richesse » des rencontres avec des membres d’une curie « internationale » où peuvent s’échanger des points de vues avec d’autres nationalités, d’autres cultures: la curie est aussi cela, une sorte de chambre d’écho de l’Eglise universelle, disaient-ils en substance.

Mgr Tomazeau soulignait le fonctionnement original » de l’Eglise qui n’est pas une « entreprise », et les moyens parfois réduits de la curie pour abattre un travail immense, certains dicastères reposant sur le travail d’une quinzaine de personnes… alors que le Vatican entretien 174 missions diplomatiques.

Rappelons que pour chaque visite ad limina, les évêques préparent un rapport et des réponses réparties en 22 chapitres qui constituent en quelque sort une radiographie, mais « la plus dynamique possible », insistait Mgr Marcus, de l’Eglise de leurs diocèses avec leurs besoins, leurs défis, et leurs fleurons.

La préparation
Le travail de préparation de ces visites dure plusieurs mois. Rassemblés grâce à ses collaborateurs, présentés le plus clairement possible par l’évêque, ces dossiers peuvent avoir 450 pages, comme c’était le cas pour Toulouse, étant donné l’importance de l’université catholique et de ses quelque 120 000 étudiants. Si l’évêque est récemment nommé, il est dispensé de ce travail de synthèse. Mgr Tomazeau l’a pourtant entrepris, même plus brièvement, son prédécesseur ayant déjà été dispensé, lors de la visite d’il y a sept ans.

Le tout est envoyé à la congrégation romaine pour les évêques quelques mois avant la rencontre – au moins trois mois – pour pouvoir être distribué ensuite par chapitres dans les différents dicastères qui les étudient: ces réponses servent de base au dialogue « fraternel ».

Car Mgr Tomazeau souligne que la visite est une vraie mise en œuvre de la « collégialité ». En aucun cas, ce n’est le lieu où « recevoir des consignes », et jamais la rencontre ne prend « une forme inquisitoriale », de l’avis des évêques, vicaires généraux et administrateurs apostoliques qui participent aux rencontres.

Il souligne également qu’à côté de la « fébrilité » que l’on rencontre parfois dans les lieux institutionnels, au Vatican, « la vie de l’Eglise poursuit son cours paisiblement »: « on y trouve les personnes à leur tâche, en référence sans cesse à Jean-Paul II, dont on n’a pas fini d’assimiler les documents, pas plus que ceux du concile ». « L’Eglise vit son temps, et même dans des difficultés, très réelles ». Il citait les Eglises persécutées: les évêques sont ainsi « à leur écoute grâce aux collaborateurs du pape ».

Ils affirment: « Avec les personnes que nous rencontrons ici, nous travaillons ensemble à annoncer le Christ » et l’expérience dont les Eglises du monde font part à Rome peut ainsi profiter à l’Eglise entière.

Echos des dicastères
Mgr Marcus et Mgr Tomazeau soulignaient par exemple la prise de conscience encore plus aiguë de « la grande pauvreté » dans le monde, à la suite de leur passage au conseil pontifical Justice et Paix et de ce qu’ils y ont entendu comme témoignages du monde.

D’où, lors de la visite à la congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, un sens plus fort de l’exigence de « solidarité », ne serait-ce que pour offrir des formateurs, dont l’Eglise de France est relativement riche, à des Eglises qui ont tant de vocations à accueillir et de jeunes à former, mais pas assez de formateurs. D’où l’importance des « jumelage » et des prêtres « Fidei donum ».

Interrogés sur leur visite à la congrégation pour la Doctrine de la Foi, les évêques soulignent « l’extraordinaire justesse » du Français du cardinal préfet, Joseph Ratzinger. Ils rappellent que les questions particulières qu’ils ont à traiter dans leurs diocèses n’attendent pas la visite ad limina mais sont traitées par des contacts réguliers au fur et à mesure. Ils disent leur admiration pour le travail du théologien qui passe sa vie à réfléchir aux questions complexes au service des autres.

Mgr Tomazeau citait en particulier la réflexion sur les rapports entre théologie et politique, entre raison et religion, qui permet de « comprendre que l’Etat ne peut s’arroger d’être l’arbitre des religions ». Et si confesser sa foi en Jésus Sauveur est considéré comme « un acte d’intolérance » on peut se demander où est « la liberté de la foi ». Si c’est le « progrès » qui va nous « libérer du religieux », on revient à … Auguste Comte…

Au conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens, le cardinal Kasper a évoqué, disaient les évêques, sa prochaine visite à Moscou, en février (cf. ZF040122). Une visite importante, en particulier étant donné le rôle du patriarcat de Moscou pour les autres Eglises orthodoxes, et dont « on attend beaucoup », observait Mgr Marcus.

Mgr Tomazeau soulignait cette « grande espérance » et pos
ait la question: « L’Europe peut-elle se faire sans les Eglises? La grande Europe peut-elle se faire sans l’Eglise orthodoxe? » L’absence d’une mention dans le préambule de la Constitution est une chose, commentait en substance l’évêque, une autre est la construction sur le terrain. Il faisait observer: « Longtemps, l’Europe s’est appelée « la chrétienté ». « 

Les évêques ont également souligné l’accent mis sur le baptême dans différentes rencontres, en particulier au conseil pontifical pour les laïcs, mais aussi au dicastère chargé de la liturgie et au conseil pontifical pour le dialogue avec les autres religions. « Nous avons noté une grande convergence sur l’enjeu de promouvoir chez les fidèles une conscience éveillée et solide de ce que représente le baptême », disait Mgr Tomazeau. « On a insisté sur l’importance de faire accéder les baptisés au contenu de la foi dans toute sa richesse », notait Mgr Marcus.

Une urgence non seulement devant le phénomène des sectes mais aussi du New Age, le « brassage de familles spirituelles » auxquels les jeunes sont confrontés, en particulier par les média, et alors que les grandes religions sont plutôt présentées comme dangereuses », voire « facteur de violence ». Cela rend plus difficile la reconnaissance de Jésus comme « Prince de la Paix », comme Sauveur… Une difficulté qui ressurgit par exemple lors des préparations au mariage.

Une autre question abordée dans presque tous les dicastères: l’islam, en particulier en raison des débats actuels en France, notait Mgr Marcus: « L’Eglise catholique est interpellée. L’Islam est largement représenté. Mais dans l’Eglise, le débat reste plus paisible que dans les débats publics ».

Pour sa part, Mgr Tomazeau faisait observer qu’en France « le dialogue sur des thèmes religieux est difficile avec l’Islam ». « Seules quelques personnes acceptent, disait-il. On butte sur une réticence. Il ne faut pas se lasser, nous sommes les plus nombreux. C’est à nous de faire le premier pas, de même que dans le dialogue entre Catholiques et Protestants ».

3. « L’impressionnante présence » de Jean-Paul II
Les évêques étaient d’accord également sur « l’impressionnante capacité de présence » de Jean-Paul II lors de leurs colloques individuels, par la parole – il parlent français si aisément qu’il emploie plusieurs synonymes dans la conversation – et par le regard.

Mgr Marcus a trouvé le pape « bien que fatigué, exemplaire, tout à sa mission, même s’il travaille moins qu’avant ».

Mgr Marcus a présenté au pape son évêque auxiliaire récemment nommé: la rencontre a duré une dizaine de minutes. Il soulignait ses questions, empreintes d’humour et reflétant ses préoccupations, tout d’abord pour les prêtres, puis les vocations religieuses, et les familles: un souci « très intense » chez le pape, qui se lit aussi dans son regard, disait-il.

Quant à Montpellier, le pape demandait des nouvelles de l’université – fondée par un pape, en particulier sur la faculté de médecine, et Mgr Tomazeau a pu souligner la présence de médecins catholiques engagés en dépit des délicates questions éthiques que doit affronter le corps médical.

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ZENIT Staff

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