Aux cardinaux : Se convertir à la "logique" du Christ

Jean-Paul II au consistoire pour la création de 30 cardinaux

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CITE DU VATICAN, Mercredi 29ctobre 2003 (ZENIT.org) – « Se convertir à la « logique » du Christ », mais aussi « mourir à soi-même pour devenir des serviteurs humbles, fuyant toute tentation de carrière et de bénéfice personnel »: telles sont les consignes de Jean-Paul II au collège des cardinaux.

Dans la matinée du mardi 21 octobre 2003, sur la Place Saint-Pierre, le Pape Jean-Paul II a tenu un Consistoire ordinaire public, le huitième de son pontificat, pour la création de 30 nouveaux Cardinaux (et réservant le nom un Cardinal « in pectore »).

Nous publions ci-dessous le discours prononcé par le Saint-Père au cours de la cérémonie, selon la traduction de L’Osservatore Romano en langue française du 28 octobre:

“Vénérés et chers frères!

“1. La rencontre d’aujourd’hui constitue un autre moment de grâce en ces jours particulièrement riches en événements ecclésiaux. Au cours du présent Consistoire, j’ai la joie d’imposer la Barrette cardinalice à 30 ecclésiastiques dignes d’éloges, réservant « in pectore » le nom d’un autre. Certains d’entre eux sont mes proches collaborateurs à la Curie romaine; d’autres exercent leur ministère dans de vénérables Eglises d’antique tradition ou de fondation récente; d’autres encore se sont distingués dans l’étude ou dans la défense de la doctrine catholique et dans le dialogue oecuménique.

“J’adresse à tous et à chacun mon salut cordial. Je salue de manière particulière Mgr Jean-Louis Tauran et je le remercie des paroles réfléchies qu’il m’a adressées au nom de ceux qui sont aujourd’hui incorporés au Collège cardinalice. Je salue également avec affection Messieurs les Cardinaux, les vénérés Patriarches, les Evêques, les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles de toutes les parties du monde, venus pour entourer ceux qui sont aujourd’hui élevés à la dignité cardinalice.

“Sur cette Place, comme cela a été souligné de façon opportune, resplendit aujourd’hui l’Eglise du Christ, antique et toujours nouvelle, regroupée autour du Successeur de Pierre.

“2. Enrichi de nouveaux membres, le Collège cardinalice, alors qu’il reflète encore davantage la multiplicité des races et des cultures qui caractérise le peuple chrétien, souligne avec une nouvelle évidence l’unité de chaque partie du troupeau du Christ avec la Chaire de l’Evêque de Rome.

“Vénérés frères Cardinaux, en raison du « titre » qui vous est attribué, vous appartenez au Clergé de cette ville, dont le Successeur de Pierre est l’Evêque. De cette façon, vous élargissez dans un certain sens, d’une part, la Communauté ecclésiale qui est à Rome jusqu’aux limites les plus extrêmes de la terre, et, de l’autre, vous rendez présente en elle l’Eglise universelle. C’est ainsi qu’est exprimée, la nature même du Corps mystique du Christ, Famille de Dieu qui embrasse les peuples et les nations de tous les lieux, en les unissant par le lien de l’unique foi et charité. Et c’est Pierre le fondement visible de cette communion. Dans l’accomplissement de son ministère, le Successeur du Pêcheur de Galilée compte sur votre fidèle collaboration; il vous demande de l’accompagner par la prière, alors qu’il invoque l’Esprit Saint pour que ne faiblisse jamais la communion entre tous ceux que le Seigneur « a élus vicaires de son Fils et a constitués pasteurs » (Missel romain, Préface des Apôtres I).

“3. Le rouge pourpre de l’habit cardinalice évoque la couleur du sang et rappelle l’héroïsme des martyrs. C’est le symbole d’un amour pour Jésus et pour son Eglise qui ne connaît pas de limites: un amour jusqu’au sacrifice de la vie, « usque ad sanguinis effusionem ».

Le don qui vous est fait est donc grand, et tout aussi grande la responsabilité qui l’accompagne. L’Apôtre Pierre, dans sa première Lettre, rappelle quels sont les devoirs fondamentaux de tout Pasteur: « Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié – dit-il – …en devenant les modèles du troupeau » (1 P 5, 1-2). Il faut prêcher par la parole et par l’exemple, comme le met également bien en lumière l’Exhortation apostolique post-synodale « Pastores gregis », que j’ai signée jeudi dernier en présence d’un grand nombre d’entre vous. Si cela est valable pour chaque pasteur, cela vaut encore davantage pour vous, chers et vénérés membres du Collège cardinalice.

“4. Dans la page évangélique proclamée il y a peu, Jésus indique, à travers son exemple, comment mener cette mission à bien. « Celui qui voudra devenir grand parmi vous, – confie-t-il à ses disciples – sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous » (Mc 10, 44). Ce n’est qu’après sa mort, cependant, que les Apôtres comprirent la pleine signification de ces paroles et, avec l’aide de l’Esprit, ils surent en accepter jusqu’au bout la « logique » exigeante.

“C’est ce même programme que le Rédempteur continue à proposer à ceux qu’il associe, à travers le sacrement de l’Ordre, de manière plus étroite à sa mission même. Il leur demande de se convertir à sa « logique », qui est en net contraste avec celle du monde: mourir à soi-même pour devenir des serviteurs humbles et désintéressés de ses frères, en fuyant toute tentation de carrière et de bénéfice personnel.

“5. Chers et vénérés frères, ce n’est que si vous vous faites les serviteurs de chacun que vous mènerez à bien votre mission et que vous aiderez le Successeur de Pierre à être, à son tour, le « serviteur des serviteurs de Dieu », comme aimait à se qualifier mon saint prédécesseur Grégoire le Grand.

“Il s’agit certes d’un idéal difficile à réaliser, mais le Bon Pasteur nous assure de son soutien. Nous pouvons en outre compter sur la protection de Marie, Mère de l’Eglise, et des saints Apôtres Pierre et Paul, piliers et fondements du peuple chrétien.

“Quant à moi, je vous renouvelle l’expression de mon estime et je vous accompagne de mon souvenir constant dans la prière. Que Dieu vous accorde de donner entièrement votre vie pour les âmes, dans les diverses tâches qu’Il vous confie.

“Je donne à tous avec affection ma Bénédiction.”

(©L’Osservatore Romano – 28 Octobre 2003)

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ZENIT Staff

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