CITE DU VATICAN, Dimanche 26 octobre 2003 (ZENIT.org) – « Je te renouvelle, à travers les mains de Marie, le don de ma personne, pour le présent et l’avenir » a déclaré le pape Jean-Paul II, jeudi 16 octobre 2003, lors de la célébration du 25e anniversaire de son élection comme Successeur de Pierre.
Au cours de la Messe, le Pape a prononcé l’homélie suivante (traduction de L’Osservatore Romano en langue française du 21 octobre):
1. « Misericordias Domini in aeternum cantabo – L’amour de Yahvé à jamais je le chante… » (cf. Ps 88, 2). Il y a vingt-cinq ans, j’ai ressenti de façon particulière la miséricorde divine. Au cours du Conclave, à travers le Collège cardinalice, le Christ m’a dit, à moi aussi, comme un jour à Pierre sur le Lac de Génésareth: « Pais mes agneaux » (Jn 21, 16).
Je sentais dans mon âme l’écho de la question adressée alors à Pierre: « M’aimes-tu plus que ceux-ci? […] M’aimes-tu? » (cf. Jn 21, 15-16).
Comment pouvais-je, humainement, ne pas trembler? Comment une responsabilité aussi grande pouvait-elle ne pas me sembler une lourde charge? Il a été nécessaire d’avoir recours à la miséricorde divine afin qu’à la question: « Acceptes-tu? », je puisse répondre avec confiance: « Dans l’obéissance de la foi, devant le Christ, mon Seigneur, en me confiant à la Mère du Christ et de l’Eglise, conscient des grandes difficultés, j’accepte ».
Aujourd’hui, chers frères et soeurs, je suis heureux de partager avec vous une expérience qui dure depuis désormais un quart de siècle. Chaque jour a lieu dans mon coeur le même dialogue entre Jésus et Pierre. Dans l’esprit, je fixe le regard bienveillant du Christ ressuscité. Bien que conscient de ma fragilité humaine, il m’encourage à répondre avec confiance comme Pierre: « Seigneur, tu sais que je t’aime » (Jn 21, 17). Puis il m’invite à assumer les responsabilités que Lui-même m’a confiées.
2. « Le bon Pasteur offre sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11). Tandis que Jésus prononçait ces paroles, les Apôtres ne savaient pas qu’il parlait de lui-même. Même Jean, l’Apôtre préféré, ne le savait pas. Il le comprit sur le Calvaire, au pied de la Croix, en le voyant offrir silencieusement sa vie pour « ses brebis ».
Lorsque vint pour lui et pour les autres Apôtres le temps d’assumer cette même mission, ils se rappelèrent alors de ses paroles. Ils se rendirent compte que ce n’était que parce qu’il avait assuré que ce serait Lui-même qui oeuvrerait à travers eux qu’ils seraient capables d’accomplir la mission.
Pierre, en particulier, « témoin des souffrances du Christ » (1 P 5, 1), en fut bien conscient, lui qui avertissait les anciens de l’Eglise: « Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié » (1 P 5, 2).
Au cours des siècles, les successeurs des Apôtres, guidés par l’Esprit Saint, ont continué à rassembler le troupeau du Christ, et à le guider vers le Royaume des Cieux, conscients de ne pouvoir assumer une si grande responsabilité que « par le Christ, dans le Christ et pour le Christ ».
J’ai eu cette même conscience lors-que le Seigneur m’a appelé à accomplir la mission de Pierre dans cette ville bien-aimée de Rome et au service du monde entier. Depuis le début de mon Pontificat, mes pensées, mes prières et mes actions ont été animées par un unique désir: témoigner que le Christ, le Bon Pasteur, est présent et oeuvre dans son Eglise. Il est à la recherche permanente de chaque brebis égarée, il la reconduit à la bergerie, il guérit ses blessures; il soigne la brebis faible et malade et protège celle qui est forte. Voilà pourquoi dès le premier jour, je n’ai pas cessé d’exhorter: « N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter sa puissance! ». Je répète aujourd’hui avec force: « Ouvrez, ouvrez grandes les portes au Christ! » Laissez-vous guider par Lui! Ayez confiance en son amour!
3. En inaugurant mon Pontificat, j’ai demandé: « Aidez le Pape et ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ, servir l’homme et l’humanité tout entière! » Tandis que je rends grâce avec vous à Dieu pour ces vingt-cinq années, marquées entièrement par sa miséricorde, je ressens un besoin particulier d’exprimer ma gratitude également à vous, frères et soeurs de Rome et du monde entier, qui avez répondu et continuez de répondre de diverses façons à ma demande d’aide. Dieu seul sait combien de sacrifices, de prières et de souffrances ont été offerts pour me soutenir dans mon service à l’Eglise. Combien de bienveillance et de sollicitude, combien de signes de communion m’ont entouré chaque jour. Que le Bon Dieu vous récompense tous avec générosité! Je vous en prie, très chers frères et soeurs, n’interrompez pas cette grande oeuvre d’amour pour le Successeur de Pierre. Je vous le demande une fois de plus: aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir l’homme et l’humanité tout entière!
4. A Toi, Seigneur Jésus Christ,
unique Pasteur de l’Eglise,
j’offre les fruits
de ces vingt-cinq ans de ministère
au service du peuple
que tu m’as confié.
Pardonne le mal accompli
et multiplie le bien:
tout est fruit de ton oeuvre
et à Toi seul revient la gloire.
Avec une pleine confiance
dans ta miséricorde,
je te présente à nouveau,
aujourd’hui encore,
ceux qu’il y a des années,
tu as confiés à mon soin pastoral.
Garde-les dans l’amour,
rassemble-les dans ta bergerie,
porte les faibles sur tes épaules,
panse les blessés,
prends soin des forts.
Sois leur Pasteur,
afin qu’ils ne se perdent pas.
Protège l’Eglise bien-aimée
qui est à Rome
et les Eglises du monde entier.
Diffuse la lumière
et la puissance de ton Esprit
sur ceux que tu as placés
à la tête de ton troupeau:
qu’ils accomplissent avec élan
leur mission
de guides, de maîtres
et de sanctificateurs,
dans l’attente de ton retour glorieux.
Je te renouvelle,
à travers les mains de Marie,
Mère bien-aimée,
le don de ma personne,
pour le présent et l’avenir:
que tout s’accomplisse
selon ta volonté.
Pasteur Suprême, reste parmi nous,
afin que nous puissions avec Toi
marcher en sécurité,
vers la maison du Père. Amen!
Au terme de la célébration eucharistique, le Saint-Père a salué les personnes présentes à travers les paroles suivantes:
Avant de conclure la célébration, je désire adresser à toutes les personnes présentes mon salut cordial, en remerciant en particulier les nombreux pèlerinages provenant d’Italie, de Pologne, et d’autres pays.
Je salue les Cardinaux, avec une pensée spéciale pour le Cardinal Joseph Ratzinger, Doyen du Sacré Collège, que je remercie des paroles affectueuses qu’il m’a adressées. J’étends également mon salut fraternel aux nombreux Evêques ici présents.
Je salue également la Communauté diocèsaine de Rome, réunie ici autour de son Cardinal-Vicaire, les Evêques auxiliaires et les curés.
Je salue en outre avec respect les chefs d’Etat, en particulier le Président de l’Italie, M. Carlo Azeglio Ciampi, que je remercie des paroles courtoises de voeux qu’il m’a adressées hier soir au cours d’un message télévisé particulier. Je salue avec lui le Président de la Pologne et toutes les Autorités présentes, ainsi que les Représentants des diverses Institutions italiennes et internationales.
Je remercie tous ceux qui, de tant de parties de la terre, soutiennent mon ministère apostolique quotidien à travers la prière et l’offrande de leur souffrance.
Le Saint-Père a ensuite salué les divers groupes de pèlerins dans leurs langues respectives. Aux pèlerins de langue française, il a dit:
Je vous remercie pour votre présence chaleureuse et pri
ante.
Le Saint-Père concluait en italien:
Merci à tous. Que le Seigneur vous bénisse!
(©L’Osservatore Romano – 21 octobre 2003)