Sœur Nirmala, Supérieure des Missionnaires de la Charité, évoque le souvenir de Mère Teresa

Print Friendly, PDF & Email

ROME, mardi 21 octobre 2003 (ZENIT.org) – « C’était en 1958, en mars. J’ai frappé à la porte et une sœur est venue ouvrir. Je lui ai dit que je voulais parler à Mère Teresa. Elle est venue. Elle est entrée précisément par cette porte. Je l’ai regardée et la première chose qui m’a touchée, c’est son regard. En la regardant j’ai pensé : cette personne n’est pas de ce monde, elle est du Ciel ». Quarante cinq ans se sont écoulés. En 1997, c’est elle, Sœur Nirmala, que Mère Teresa choisissait pour lui succéder à la tête de la congrégation des Missionnaires de la Charité. A l’occasion de la béatification de Mère Teresa de Calcutta, qui a eu lieu dimanche dernier, Sœur Nirmala a répondu aux questions du quotidien italien « Avvenire ».

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Sœur Nirmala, que signifie pour vous la béatification de Mère Teresa ?

C’est la confirmation que Dieu a approuvé la vie qu’elle a vécue et qu’elle est digne d’être élevée à la gloire des bienheureux. C’est aussi une inspiration pour nous toutes : comme Mère Teresa, nous pouvons nous aussi devenir saintes, nous pouvons tous devenir saints ; nous avons quelqu’un là-haut, que nous pouvons regarder, dont la vie, les vertus, sont dignes d’être imitées.

Mère Teresa vous a définie « l’avocate des pauvres » à cause de votre diplôme.

C’est Mère Teresa qui m’a demandé d’étudier le droit. Quand je suis arrivée à Calcutta je n’avais pas encore fait de droit. J’avais terminé mes études universitaires mais je n’avais pas de spécialisation. Après ma profession, après les premiers vœux, elle m’a demandé de faire du droit. J’ai obtenu mon diplôme, mais je n’ai jamais pratiqué. Un jour, je lui ai demandé : « Mère, pourquoi m’avez-vous fait étudier le droit ? » Voici ce qu’elle a répondu : tu voulais faire du droit, mais tu es venue ici pour moi, en renonçant à tes études. Je t’ai simplement redonné ce à quoi tu avais renoncé. Elle a poursuivi : tu mets en pratique le droit que tu as étudié, non pas dans les tribunaux des hommes mais dans le Tribunal Suprême de Dieu, le Ciel, en appliquant la Loi Suprême : la charité. Ainsi, en défendant la cause des plus pauvres parmi les pauvres auprès du Seigneur, tu appliques la loi ».

Vous avez dirigé la branche contemplative de la Congrégation. Quelle est la différence entre la contemplation et l’action ?

L’action est un fruit de la contemplation. Quand nous sommes unis au Seigneur dans la contemplation nous recevons la lumière et l’amour dont nous avons besoin et que nous pouvons utiliser dans le service des autres.

Quelles impressions avez-vous gardé des derniers moments de la vie de Mère Teresa ?

« Lorsque Mère Teresa luttait contre la mort, je suis allée dans sa chambre et elle m’a dit : je n’arrive plus à respirer. J’ai appelé de l’aide en criant aux autres sœurs : Mère Teresa ne peut plus respirer ! Elles sont venues et moi je suis sortie de la chambre. Puis je suis revenue. Mère Teresa m’a regardée, avec un regard implorant, comme pour dire : sauve-moi ! Ce genre d’imploration, vous comprenez ? Je me suis dit : la première chose qui m’avait touchée en elle était son regard et la dernière était encore son regard. C’est la dernière fois que nos regards se sont croisés, avec Mère Teresa encore en vie.

Vous souvenez-vous d’un épisode en particulier de ses funérailles ?

Non pas un épisode mais l’ensemble. Voir qu’elle avait attiré des personnes de toutes les nations, de toutes les cultures, de toutes les classes sociales ! Elle était morte, mais en réalité elle était plus vivante que jamais. Elle avait réuni tous ces gens ! Ce fut très beau. Et puis les gens de Calcutta m’ont beaucoup impressionnée. La foule continuait à passer. Et quand, à la fin, nous sommes rentrées à la Maison Mère, les gens qui suivaient le cortège funèbre criaient : « Mère Teresa, tu es immortelle ! Nous ne t’oublierons jamais ! » C’était très touchant.

Lorsqu’elle vous a confié la tâche de guider la Congrégation, Mère Teresa vous a-t-elle suggéré quelque chose en particulier ?

Non, rien en particulier. Son éternel conseil était : cultivez l’intimité avec Dieu, cultivez votre sainteté et aimez vous les uns les autres.

Est-ce différent d’être la Supérieure de la Congrégation avec Mère Teresa en vie et maintenant ?

Il est évident que si Mère Teresa était encore physiquement ici avec nous, ce serait plus facile. Je pourrais toujours compter sur elle. Mais en même temps, même si elle n’est plus présente physiquement, nous avons toutes la certitude qu’elle est là, au milieu de nous. Ce n’est plus une présence physique mais spirituelle. Nous pouvons continuer à avoir recours à elle, à nous adresser à elle pour les problèmes à résoudre. En un certain sens elle peut nous aider davantage maintenant qu’avant.

Mère Teresa disait qu’on a l’Evangile dans les mains. Qu’est-ce qu’elle voulait dire ?

Elle était une sainte et voulait que nous devenions toutes saintes. Alors elle nous disait : vous devez vouloir vous sanctifier avec détermination, avec l’amour de Dieu, avec l’aide de Dieu. Elle nous faisait répéter, en touchant à chaque parole les cinq doigts d’une main : Je – veux – avec la bénédiction de Dieu – être – sainte. Et la manière de devenir sainte, ajoutait-elle, touchant les doigts de l’autre main est la suivante : tu – l’as – fait – à – moi. Et en unissant les deux mains elle disait : nous atteignons la sainteté : à travers l’amour pour le prochain et la prière.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel