Cette édition est due au travail de Mgr André Dupuy, nonce apostolique au Venezuela, et naguère collaborateur de Mgr Renato Martino, qui a été pendant 16 ans Observateur permanent du Saint-Siège à l’Onu, à New York, et est au service de la diplomatie du Saint-Siège depuis 41 ans.
Ce travail éditorial considérable est publié en français (772 pages) et en anglais sous le titre : « Une parole qui compte. Le Saint-Siège au cœur de la diplomatie multilatérale. Recueil de textes (1970-2000) » (« Words that matter »). Livre et CD-Rom (avec possibilité de recherche par titre, par thème, par auteur, par date) sont disponibles à la Librairie éditrice vaticane. L’édition été prise en charge par le conseil pontifical Justice et Paix, dont Mgr Martino est le président, et par la Fondation « Path to Peace ». La préface est due au cardinal Secrétaire d’Etat Angelo Sodano.
Le volume et son support ont été présenté ce matin à Rome en la salle de presse du saint-Siège par Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les Relations avec les Etats, par Mgr Renato Martino, et par l’éditeur, Mgr André Dupuy.
Mgr Tauran estime que les lecteurs trouveront dans ce travail l’expression de principes pouvant inspirer des « solutions raisonnables, pacifiques, justes et impartiales, capables de promouvoir la résolution des conflits et d’exclure le recours à la force dans la vie internationale ».
Selon lui, ce livre peut aider à mieux comprendre la raison de la présence du Saint-Siège au sein de la communauté des nations: « Etre la voix que la conscience humaine attend! », « une voix prophétique au service de la conscience » qui peut contribuer à mettre l’usage de « la force armée » comme moyen de résoudre les conflits « au ban de la vie internationale ».
« Considérant la variété des thèmes sur lesquels les différentes délégations du saint-Siège se sont prononcées, on perçoit un processus que nous pourrions définir de « socialisation » du droit international, dans le sens où, aujourd’hui, il régit des relations plus complexes et articulées par rapport aux relations traditionnelles des Etats souverains ». Il soulignait comment le terme « communauté internationale » désignait une nouvelle réalité « une unique collectivité humaine » qui indique le chemin d’une action dans la « solidarité » et « l’unité ».
Mgr Tauran soulignait aussi une « humanisation » du droit international, où la voie est ouverte à la « personne humaine » : les Etats ne sont plus les « seuls acteurs » de l’ordre international ». Une évolution que le concept de « droits de l’homme » manifeste. Et de rappeler avec ces textes du Saint-Siège que « la nature humaine est commune à toutes les personnes et que les valeurs ne sont pas déterminées par la majorité des opinions, mais qu’elles sont fondées sur une moi morale objective, la loi naturelle, inscrite dans le cœur de l’homme » et « référence de la loi civile ».
Mgr Tauran réaffirmait combien l’ONU est « l’institution qui assure la légalité internationale », et que le corpus de lois internationale est un instrumenttrès complet et très valide.
Quand au fait que la voix du Saint-Siège soit ou non entendu, Mgr Tauran affirmait, répondant aux questions des journalistes, qu’il représente un « pouvoir moral », une « voix prophétique », et que l’important « c’est qu’elle parle », en tant que « voix des consciences » dont on puisse s’inspirer. Il rappelait qu’on a parle passé reproche à l’Eglise des « silences ». A propos e la récente guerre en Irak, Mgr Tauran souligne que l’Eglise « a parlé », ce n’est pas un « échec » si elle n’a pas été entendue : les responsables des Etats sont « libres d’écouter ou non » cette voix.
Un exemple d’un lieu où elle a été entendu est la réunion récente des Etats de la « ligue arabe » qui ont rendu hommage à l’action de Jean-Paul II : une « guerre de religion » a été évitée « grâce au pape de Rome » disaient-ils.
Un ambassadeur d’un pays musulman confiait à Mgr Tauran lors de sa visite de congé, que ce qui l’a le plus frappé pendant sa mission à Rome c’était d’avoir vu « le pape en prière au cours d’une cérémonie à Saint-Pierre ».
Enfin, à propos du fait qu’en majorité la diplomatie du Saint-Siège soit marqué du sceau sacerdotal – les nonces sont des archevêques – Mgr Tauran indiquait que lors de la messe d’ouverture de l’année académique à l’Académie ecclésiastique, qui est l’Ecole des diplomates du Saint-Siège, il disait aux étudiants : si vous vous conduisez comme de purs diplomates vous serez méprisés, si vous êtes avant tout des prêtres, vous serez estimés. Les nonces disait-ils sont au service des Eglises locales, par exemple pour défendre la « liberté religieuse », et d’une « moralisation » de la vie internationale. C’est dans ce sens une vraie œuvre « sacerdotale ». Mgr Tauran confiait qu’il pouvait arriver d’avoir à écouter une confession à l’occasion d’un cocktail. Et de conclure : « Je ne me suis jamais autant senti être prêtre ».
Pour sa part, Mgr Martino soulignait que des femmes et des laïcs participent à la vie diplomatique du Saint-Siège, en tant qu’ experts, par exemple, mais aussi, comme ce fut le cas à la conférence de Pékin, en tant que chef de délégation, en l’occurrence, Mme Mary Ann Glendon. Le volume de Mgr Dupuy présente en effet des interventions de femmes comme Sr Marjorie Keenan, qui travaille au service du conseil pontifical Justice et Paix.
Pour ce qui est des relations diplomatiques avec les pays musulmans, il observait que souvent, ils se sont manifestés comme « proches » des positions du saint-Siège, en particulier pour ce qui est de la famille ou de la défense de la vie, alors « qu’hélas » de nombreux pays « chrétiens » n’ont pas offert le même « appui ».
Il indiquait par ailleurs que les textes du volume sont regroupés selon des thèmes allant du « droit à la liberté religieuse au développement social, du droit à la paix au développement de la vie, des droits des femmes et des enfants aux droits des réfugiés ».
Mgr Martino y voit une manifestation de cette « diaconie » de l’Eglise au service « de l’homme et de la promotion de sa dignité », de sa « capacité à donner une importance publique et une visibilité prophétique dans différents contextes nationaux et internationaux au discours religieux et moral concernant le destin des hommes et des femmes et de leurs droits fondamentaux ».
Mgr Dupuy a annoncé la venue d’un autre volumes recueillant les discours du pape sur ces thèmes. Il a également proposé en direct une démonstration de l’utilisation du CD-Rom avant de préciser qu’il s’agit là d’un « instrument de travail destiné aux experts en droit international, un texte à consulter par les diplomates et par tous ceux qui désirent mieux connaître la position du Saint-Siège sur des problèmes internationaux déterminés ».