Le pape encourage l’aspiration de la Bosnie « à faire partie de l’Europe unie dans un contexte de prospérité, de liberté et de paix ».
Jean-Paul II a quitté l’aéroport romain de Fiumicino « Léonard de Vinci », à 8 h 30 sur un A 321 d’Alitalia, pour le101e voyage apostolique de son pontificat, qui devait le conduire (vers 9 h 40) à Banja Luka, dans la partie serbe de la Bosnie Herzégovine, pour la béatification du jeune laïc Ivan Merz.
Après la salutation du président actuel de la présidence collégiale, Borislav Paravac, serbe, Jean-Paul II a prononcé le discours suivant, que nous traduisons non d’après l’original en croate, mais d’après la traduction officielle en italien.
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« Illustres membres de la présidence de la Bosnie Herzégovine,
Vénérés frères sans l’épiscopat,
Autorités distinguées,
Chers frères et sœurs,
1. « Reconnaissant pour l’invitation reçue, je reviens, six ans après, en Bosnie Herzégovine, et je rends grâces à Dieu de m’avoir concédé de rencontrer à nouveau les populations qui sont depuis toujours si chères à mon cœur.
« Je remercie Messieurs les membres de la Présidence de Bosnie Herzégovine pour leur salutation cordiale qu’ils m’ont adressée et pour ce qu’ils ont fait, avec les autres autorités, pour rendre ma visite possible.
« Je salue mon cher frère Mgr Franjo Komarica, évêque de Banja Luka, et les autres membres de cet épiscopat et tous les fidèles de l’Eglise catholique. Je salue aussi les frères et sœurs de l’Eglise orthodoxe serbe, et des autres communautés ecclésiales, ainsi que les fidèles du judaïsme et de l’Islam.
2. « Sachant que, par la radio et la télévision, il m’est donné d’entrer dans vos maisons, je vous salue et je vous embrasse, vous tous, chers habitants des différentes régions de Bosnie Herzégovine. Je connais l’épreuve que vous avez vécue, le poids de souffrance qui accompagne quotidiennement votre vie, la tentation de votre découragement, et de la résignation qui vous menace. Je me mets à vos côtés pour demander à la communauté internationale qui a déjà fait tant, de continuer à être à vos côtés pour vous permettre d’arriver vite à une situation de complète sécurité dans la justice et la concorde.
« Soyez vous-mêmes les premiers constructeurs de votre avenir! La ténacité de votre caractère, les riches traditions humaines, culturelles, et religieuses qui vous distinguent sont votre véritable richesse. Ne vous résignez pas! Certes, la reprise n’est pas facile. Elle requiert sacrifice et constance, elle requiert l’art de semer et la patience de l’attente. Mais vous savez que la reprise est de toute façon possible. Ayez confiance en l’aide de Dieu et ayez aussi la confiance en la capacité d’entreprise de l’homme.
3. « Pour que la société assume un visage authentiquement humain et que tous puissent affronter l’avenir avec confiance, il est nécessaire de refaire l’homme de l’intérieur, en soignant les blessures et en opérant une authentique purification de la mémoire grâce au pardon réciproque. La racine de tout bien, et hélas de tout mal (cf. Mc 7,21-23) se trouve dans le cœur. C’est là que doit advenir le changement grâce auquel il sera possible de renouveler le tissu social et instaurer des relations humaines ouvertes à la collaboration entre les forces vives du pays.
« A ce propos, une grave responsabilité revient à ceux qui, par la volonté des électeurs, exercent démocratiquement le gouvernement: qu’ils ne renoncent pas en raison des difficultés du moment, à une tâche aussi indispensable, ni ne se laissent dominer par des intérêts partisans.
« A cette entreprise commune, l’Eglise catholique entend apporter sa propre contribution grâce à l’engagement effectif de ses enfants, en particulier par différentes initiatives d’éducation, d’assistance et de promotion humaine qui lui sont propres, dans le libre exercice de sa mission spécifique.
4. « Dans peu de temps, au cours de la célébration de la sainte messe, j’aurai la joie d’inscrire sur le livre des bienheureux le jeune Ivan Merz, né justement ici, à Banja Luka, exemple lumineux de vie chrétienne et d’engagement apostolique.
« Par sa prière, qu’il consente à confirmer le souhait du pape pour la Bosnie Herzégovine; puissent les problèmes existant trouver une heureuse solution, et le pays voir accueillie positivement son aspiration de faire partie de l’Europe unie dans un contexte de prospérité, de liberté et de paix ».
A l’aéroport, Jean-Paul II a été accueilli par la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, composée par le président Borislav Paravac, serbe, par M. Dragan Covic, croate, et par M. Sulejman Tíhic, musulman. Etaient également présents le président de la République serbe, Dragan Cavic´, le Haut représentant des Nations Unies à Sarajevo, Lord Paddy Ashdown, l’archevêque de Vrhbosna (Sarajevo), le cardinal Vinko Puljic´, le nonce apostolique en Bosnie-Herzégovine, Mgr Santos Abril y Castelló, l’évêque de Banja Luka, Mgr Franjo Komarica et l’évêque de Mustar-Duvno, Mgr Ratko Peric´, ainsi que les autorités politiques et civiles du pays.