En quelques semaines, la communauté catholique vietnamienne a perdu deux de ses évêques. Après le décès de Mgr Nguyên Van Nho, évêque coadjuteur de Nha Trang, le 23 mai dernier, c’est le tour de Mgr Barthélémy Nguyên Son Lâm, qui s’est éteint dans son évêché de Thanh Hoa, le 9 juin, à 0h15, d’une longue et épuisante maladie. Il avait 74 ans et totalisait quarante-six ans de sacerdoce, vingt-huit ans d’épiscopat – dont dix-neuf années à Da Lat et neuf à Thanh Hoa. Il avait occupé d’importantes fonctions à l’intérieur de la Conférence épiscopale du Vietnam et entretenait de nombreuses relations à l’étranger.
Mgr Barthélémy Lâm était né le 13 août 1929 dans le village de Tung Chinh Nga Son, de la province de Thanh Hoa, au Nord-Vietnam. Il était le second d’une famille de huit enfants. A l’âge de 11 ans, il était déjà au petit séminaire bien connu de Ba Lang où, semble-t-il, il a poursuivi la totalité de ses études secondaires. C’est de là qu’en 1951, il entra au grand séminaire de Hanoi, tenu à cette époque par les sulpiciens français. C’est là qu’il se trouvait lors des accords de Genève de 1954 qui séparèrent le Vietnam en deux parties et provoquèrent un grand exode de population du Nord vers le Sud. L’ensemble des séminaristes et du personnel enseignant se déplaça aussi vers le Sud. C’est à Saigon que Barthélémy Nguyên Son Lâm termina sa formation sacerdotale et fut ordonné prêtre. Suivirent, à partir de 1959, des années d’études en Europe, à Paris où il acheva sa formation à la société de Saint-Sulpice, et à Rome où il mena à bien des études de théologie et de philosophie. A son retour au Vietnam, titulaire d’une licence de théologie et d’un doctorat de philosophie, il fut successivement professeur de philosophie au séminaire de Vinh Long (1964-1965) puis directeur du grand séminaire de Huê (1966-1975).
L’année 1975, au cours de laquelle le destin du Sud-Vietnam bascula, fut aussi l’année où il passa de l’état d’enseignant auquel l’avaient préparé ses études à celui d’évêque, dans des circonstances peu ordinaires. Le 30 janvier 1975, il est nommé évêque de Da Lat pour remplacer Mgr Simon Hoa Nguyên Van Hiên, décédé en septembre 1973. Après une longue attente, les événements, à savoir l’attaque générale des forces communistes sur le Sud, obligent à presser les choses. Tout s’accélère alors : il est ordonné évêque le 17 mars à la cathédrale de Saigon, puis, dès le lendemain, il prend un des derniers avions transportant encore des passagers pour Da Lat. Lors de son arrivée au chef-lieu de son diocèse dans l’après-midi, il trouve une ville quasi déserte, une grande partie de la population ayant déjà fui devant l’arrivée des forces du Nord. Les premières années à Da Lat, ville située à 1 500 mètres d’altitude, seront difficiles alors que le nouveau régime se met en place. Cependant, le clergé et les fidèles du diocèse se groupent autour de lui. Les dernières années de son épiscopat à Da Lat seront plus paisibles.
Mgr Lâm n’avait jamais oublié son diocèse de Thanh Hoa qu’il avait quitté à 25 ans. Plusieurs voyages accomplis dans sa province natale lorsque la possibilité lui fut donnée de se rendre au Nord-Vietnam l’ont profondément ému. Depuis 1990, année de la mort du dernier évêque, Mgr Phêrô Pham Tân, les fidèles sont sans pasteur et les prêtres sans guide. C’est lui-même qui, après s’être choisi un successeur à Da Lat, proposera sa candidature pour le diocèse de Thanh Hoa. Le Saint-Siège le nommera titulaire de ce poste le 23 mars 1994. C’est la première fois qu’un déplacement de personnel du Sud au Nord s’accomplit à ce niveau. Aussi l’accueil qu’il reçoit le 24 juin lorsqu’il vient prendre possession de son poste est tout à fait exceptionnel. Sur l’esplanade qui ne pouvait contenir plus de cinq mille personnes, se pressait une foule que certains prêtres ont évaluée à huit ou dix mille personnes. L’épiscopat du Nord est là au grand complet accompagné de quelques évêques du Sud. Le nouvel évêque s’est rapidement mis à la tâche. Douze séminaristes du diocèse ayant terminé leurs études au séminaire de Vinh au mois de mai précédent attendaient son arrivée pour recevoir l’ordination sacerdotale. Elle aura lieu le 24 août 1994. Jusqu’à sa mort, il poursuivra l’administration de ce diocèse, se préoccupant tout spécialement de la formation des futurs prêtres.
La dernière étape de la vie Mgr Lâm fut marquée par les diverses responsabilités qui lui furent confiées au niveau national. Il fut d’abord responsable de la Commission épiscopale de la Liturgie au cours de trois mandats, de 1986 à 1995. Il fut ensuite secrétaire général de la Conférence épiscopale du Vietnam pendant deux mandats, de 1995 à 2001.
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