CITE DU VATICAN, Mardi 3 juin 2003 (ZENIT.org) – Voici la traduction de L’Osservatore Romano en français de l’allocution de Jean-Paul II pour l’Assemblée plénière de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples (www.vatican.va)
Le pape y souligne l’urgence de former des évangélisateurs « compétents et saints à la hauteur de leur mission ».
Dans la matinée du samedi 24 mai 2003, le Pape Jean-Paul II a reçu en audience, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique, les participants à l’Assemblée plénière de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples. Après l’adresse d’hommage du Préfet de la Congrégation, le Cardinal Crescenzio Sepe, le Saint-Père a prononcé ce discours:
Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Très chers frères et soeurs!
1. J’accueille et je salue avec affection chacun de vous, qui prenez part à l’Assemblée plénière de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples. Je salue en premier lieu le Cardinal Crescenzio Sepe, Préfet de votre Congrégation, et je le remercie des paroles qu’il m’a adressées en votre nom. Je salue avec lui les Secrétaires, le Sous-secrétaire et les collaborateurs de ce dicastère; je salue les Cardinaux, les Evêques, les religieux, les religieuses et toutes les personnes présentes.
Au cours des travaux de l’Assemblée plénière, vous avez affronté un aspect important de la mission de l’Eglise: « La formation dans les terres de mission », en référence aux prêtres, aux séminaristes, aux religieux et aux religieuses, aux catéchistes et aux laïcs engagés dans les activités pastorales. Il s’agit d’un thème qui mérite toute votre attention.
2. L’urgence de préparer des apôtres pour la nouvelle évangélisation a été répétée par le Concile Vatican II, ainsi que par les Synodes des Evêques qui se sont tenus ces dernières années. A partir des travaux des Assemblées synodales ont été rédigées des Exhortations apostoliques significatives, parmi lesquelles je me limite à rappeler Pastores dabo vobis, Vita consecrata, Catechesi tradendae et Christifideles laici.
Les Communautés ecclésiales de fondation récente connaissent une rapide expansion. C’est précisément parce que des carences et des difficultés dans leur processus de développement ont parfois été mises en évidence, qu’il est urgent d’insister sur la formation d’agents pastoraux compétents, grâce à des programmes systématiques, adaptés aux nécessités du moment présent, et attentifs à « inculturer » l’Evangile dans les différents milieux.
Une formation intégrale est urgente, en mesure de préparer des évangélisateurs compétents et saints, à la hauteur de leur mission. Cela exige un processus long et patient, au sein duquel tous les approfondissements bibliques, théologiques, philosophiques et pastoraux trouvent leur ligne de force dans la relation personnelle avec le Christ « Chemin, Vérité et Vie » (Jn 14, 6).
3. Jésus est le premier « formateur », et l’effort fondamental de tout éducateur sera d’aider les personnes qu’il forme à cultiver une relation personnelle avec Lui. Seuls ceux qui ont appris à « demeurer avec Jésus » sont prêts à être « envoyés prêcher » par Lui (cf. Mc 3, 14). Un amour passionné pour le Christ est le secret d’une annonce convaincue du Christ. J’y faisais référence dans la récente Encyclique Ecclesia de Eucharistia, lorsque j’écrivais: « Il est bon de s’entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d’être touchés par l’amour infini de son coeur » (n. 25).
L’Eglise, en particulier dans les pays de mission, a besoin de personnes préparées à servir l’Evangile de façon gratuite et généreuse, c’est-à-dire prêtes à promouvoir les valeurs de la justice et de la paix en abattant toutes les barrières culturelles, raciales, tribales et ethniques, capables de discerner les « signes des temps » et de découvrir les « semences du Verbe », sans permettre que l’on ne cède ni aux réductionnismes ni aux relativismes.
En premier lieu, toutefois, on exige de ces personnes qu’elles soient « expertes » et « emplies d’amour » de Dieu. « Le monde… réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible » (Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 76).
4. En plus d’une intimité personnelle avec le Christ, il faut prendre soin de croître constamment dans l’amour et dans le service à l’Eglise. Il sera utile, à ce propos, en ce qui concerne les prêtres, d’avoir en particulier à l’esprit les indications contenues dans l’Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis, dans les Décrets conciliaires Presbyterorum ordinis et Optatam totius, ainsi que dans d’autres textes émanant de divers dicastères de la Curie romaine.
« En tant qu’il représente le Christ Tête, Pasteur et Epoux de l’Eglise – ainsi que je le soulignais dans Pastores dabo vobis – le prêtre a sa place non seulement dans l’Eglise, mais aussi en face de l’Eglise. C’est pourquoi il est appelé, dans sa vie spirituelle, à revivre l’amour du Christ époux envers l’Eglise épouse » (n. 22). Il revient ensuite aux Evêques, en communion avec le presbyterium, d’établir et d’organiser « un programme de formation permanente qui n’en fasse pas quelque chose de ponctuel, mais plutôt un projet bien élaboré qui se déroule par étapes selon des modalités précises » (ibid., n. 79).
5. Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier tous ceux qui se consacrent généreusement au devoir d’éducation dans les terres de mission. Et comment ne pas rappeler que de nombreux séminaristes, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui appartiennent aux terres de mission, achèvent leur itinéraire de formation ici, à Rome, dans les Collèges et les Centres, dont un grand nombre dépendent de votre dicastère? Je pense au Collège pontifical Urbanien, au Collège pontifical Saints-Pierre-et-Paul pour les prêtres, au Foyer Paul VI pour les religieuses, au Centre Mater Ecclesiae pour les catéchistes, et au Centre international d’Animation missionnaire pour le renouveau spirituel des missionnaires. Je souhaite de tout coeur que leur expérience romaine constitue pour chacun un véritable enrichissement culturel, pastoral et surtout spirituel.
Je souhaite également que chaque communauté chrétienne progresse avec docilité à l’école de Marie, Mère du Christ et Mère de l’Eglise. Dans le Message pour la prochaine Journée missionnaire mondiale, j’ai écrit qu’une « Eglise plus contemplative » devient une « Eglise plus sainte », une « Eglise plus missionnaire ».
Tout en demandant au Seigneur qu’il en soit ainsi pour chaque communauté ecclésiale, en particulier dans les terres de mission, je vous assure de ma prière et je vous accorde à tous une Bénédiction apostolique particulière.
Les soixante participants à l’Assemblée plénière, guidés par le Cardinal Crescenzio Sepe, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, ont approfondi, durant ces journées de réflexions, le thème suivant: « La formation dans les terres de mission ». Ils l’ont fait à la lumière de l’Instrumentum laboris rédigé à partir des contributions qu’ils avait déjà données auparavant en réponse au questionnaire que le dicastère missionnaire leur avait envoyé sur le sujet. D’après les analyses et les suggestions de ces réponses, l’Assemblée plénière s’est concentrée sur le problème de la « formation dans les terres de mission » en établissant de solides principes de formation, qui puissent servir de critères généraux, en suggérant dans le même temps les orientations pour élaborer des programmes de formation et en affrontant également certaines questions plus précises. A la fin des travaux, les suggestions des participant
s ont été recueillies et un document a été rédigé, qui sera envoyé à tous les Evêques et à tous les représentants des Instituts qui sont présents dans les terres de mission.
© L’Osservatore Romano