CITE DU VATICAN, Dimanche 25 mai 2003 (ZENIT.org) – Il est nécessaire de promouvoir le primat du droit pour résoudre les conflits, affirmait en substance Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les relations avec les Etats, samedi matin, en conclusion du congrès organisé à l’université pontificale grégorienne sur le thème « Eglise et ordre international ».
Seule « une application rigoureuse du droit de la part de tous et en toute circonstance peut empêcher que le plus faible devienne la victime » du plus fort, soulignait Mgr Tauran.
L’engagement du Saint-Siège au niveau international est fondé, rappelait le ministre des Affaires étrangères de Jean-Paul II, sur « le caractère central de la personne humaine », et de ses droits.
C’est pour cette raison, poursuivait-il, que le premier engagement de la diplomatie pontificale est de convaincre les responsables de la société que la violence et la peur « ne peuvent pas avoir le dernier mot ».
En dehors de la légitime défense, « pour résoudre les différends, il faut toujours préférer les instruments du dialogue et de la médiation », insistait Mgr Tauran.
Mgr Tauran a attiré l’attention sur l’efficacité du système juridique international. La paix, insistait l’archevêque, « est beaucoup plus que l’absence de conflits ». Elle doit, en effet, s’appuyer sur « un ordre social et international, fondé sur le droit et sur la justice ». D’où le devoir pour chaque pays de respecter le droit international. « Sans le droit, non seulement il n’y a pas d’ordre, mais pas non plus de liberté ni de paix », affirmait Mgr Tauran.
C’est pourquoi, lors de la crise iraquienne, le Saint-Siège, expliquait Mgr Tauran, n’a pas « partagé le principe de « guerre préventive », un concept inventé pour les besoins de la cause, et a demandé le respect de la charte » de l’ONU.
Si la communauté internationale avait, au cours de ces dernières années, mis en pratique le corpus juridique international dont elle s’est dotée, « elle aurait épargné tant de sang versé », constatait Mgr Tauran.
Toujours à propos de la crise iraquienne, Mgr Tauran a mis en évidence comment le Saint-Siège « a toujours encouragé les efforts visant à obtenir un désarmement effectif qui aille au-delà de la dissuasion, fondée sur l’équilibre de la terreur ».
Mgr Tauran rappelait que « la violence engendre la violence », et abordait la question dramatique des armes de destruction de masse. « C’est la conviction du Saint-Siège, affirmait son représentant, que la puissance destructrice et les souffrances causées par de telles armes » produisent des maux « de loin bien supérieurs au mal qu’elles entendent supprimer ».
La course aux armements, déclarait-il, « loin d’éliminer les causes de guerres, risque de les aggraver ». Et pas seulement: l’emploi de richesses immenses pour produire des armements « empêche de secourir les populations indigentes et constitue un obstacle au développement des peuples ». « S’armer à outrance « multiplie les causes des conflits et augmente le risque de leur propagation ».
Dans un monde globalisé, faisait encore remarquer Mgr Tauran, « personne ne s’étonnera que l’Eglise apprécie la démocratie ». La paix et la coexistence civile sont en effet « toujours gravement menacées par les diverses expressions d’un pouvoir totalitaire ».
L’apport de l’Eglise à l’ordre mondial est donc aussi un « message prophétique », selon l’archevêque français. Le pape, disait-il, est « profondément convaincu que les maux qui affligent la communauté internationale d’aujourd’hui ne sont pas une fatalité »: chacun peut en effet « développer en soi son propre potentiel de foi » de façon à apporter « des remèdes à des situations d’injustice et de conflit ».