CITE DU VATICAN, Mardi 10 décembre 2002 (ZENIT.org) – Mgr Angelo Roncalli, qui deviendra le bienheureux pape Jean XXIII, a été le premier observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, rappelle Jean-Paul II. En citant le futur pape de Pacem in Terris, Jean-Paul II rappelle aussi que l’UNESCO « est née du désir des nations de vivre en paix ».
La Mission permanente d’observation du Saint-Siège à l’UNESCO célèbre son 50e anniversaire par un colloque. A cette occasion, le pape Jean-Paul II a adressé une lettre, en date de ce 10 décembre 2002, à Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO). Etant donné l’intérêt porté par Jean-Paul II à cet anniversaire, nous reprenons cette lettre quasi in extenso. Les intertitres, tirés du texte, sont de la rédaction.
Le bienheureux pape Jean XXIII
« Le cinquantième anniversaire de la Mission permanente du Saint-Siège auprès de l’UNESCO revêt, souligne le pape, une importance particulière et je suis heureux de m’y associer par la pensée en saluant cordialement tous les participants. J’ai plaisir à évoquer à cette occasion le souvenir lumineux de votre prédécesseur, Mgr Angelo Roncalli, le bienheureux pape Jean XXIII, qui fut le premier Observateur permanent de cette Mission du Saint-Siège ».
Se donner les moyens de promouvoir la paix
« Créée immédiatement après le second conflit mondial du XXe siècle, rappelle Jean-Paul II, l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la science et la culture est née du désir des nations de vivre en paix, dans la justice et la liberté, et de se donner les moyens de promouvoir activement cette paix, par une coopération internationale nouvelle, marquée par un esprit d’assistance mutuelle et fondée sur la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité. Il était naturel que l’Eglise catholique s’associât à ce grand projet, en raison de la souveraineté spécifique du Saint-Siège, mais surtout, comme je le déclarais devant cette assemblée en 1980, en raison du « lien organique et constitutif qui existe entre la religion en général et le christianisme en particulier, d’une part, et la culture, d’autre part » (Discours à l’UNESCO, n. 9).
Dans l’esprit des hommes, élever des défenses pour la paix
« Les institutions qui ont présidé à la fondation de l’UNESCO, il y a plus de cinquante ans, explique encore Jean-Paul II, prenaient acte de l’importance de l’éducation à la paix et à la solidarité des hommes, rappelant que, « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées des défenses pour la paix » (Acte constitutif de l’UNESCO, 16 novembre 1945). De telles intuitions se trouvent aujourd’hui largement confirmées: le phénomène de la mondialisation est devenu un réalité qui caractérise la sphère de l’économie et de la politique, mais aussi de la culture, avec des aspects positifs et d’autres négatifs; ce sont autant de domaines qui sollicitent notre responsabilité en vue d’organiser une vraie solidarité mondiale seule capable de donner à notre terre un avenir de sécurité et de paix durable. Au nom de la mission qu’elle tient de son fondateur d’être le sacrement universel du salut, l’Eglise ne cesse de parler et d’agir en faveur de la justice et de la paix, invitant les Nations au dialogue et à l’échange, sans négliger aucun facteur. Elle rend ainsi témoignage à la vérité qu’elle a reçue concernant l’homme, son origine, sa nature, sa destinée. Elle sait que cette recherche de la vérité est la quête la plus profonde de toute personne, qui ne se définit pas d’abord par ce qu’elle possède mais par ce qu’elle est, par sa capacité de se dépasser elle-même et de grandir en humanité. L’Eglise sait également qu’en invitant nos contemporains à chercher avec exigence et passion la vérité sur eux-mêmes, elle sert leur authentique liberté, alors que d’autres voix, les entraînant sur les chemins de la facilité, contribuent plutôt à les asservir à la fascination et au pouvoir toujours renaissant des idoles ».
L’Eglise s’efforce de respecter chaque culture humaine
« L’Eglise catholique, envoyée à tous les peuples de la terre, n’est liée elle-même à aucune race ou nation, souligne Jean-Paul II, ni à aucune manière de vivre particulière. Au cours de son histoire, elle a toujours utilisé les ressources des différentes cultures pour faire connaître aux hommes la Bonne Nouvelle du Christ, sachant bien que la foi dont elle est porteuse ne se réduit jamais à un élément de la culture, mais qu’elle est la source d’un salut qui concerne toute la personne humaine et toute son activité. Mais, c’est à travers la diversité et la multiplicité des langues et des cultures, ainsi que des traditions et des mentalités, que l’Eglise exprime sa catholicité et son unité, en même temps que sa foi. Elle s’efforce donc de respecter chaque culture humaine parce qu’elle s’attache dans son activité missionnaire et pastorale, à ce que « tout ce qui se trouve comme semence de bien dans le cœur et dans l’esprit des hommes ou dans les rites et les cultures propres des peuples, non seulement ne se perde pas, mais soit guéri, élevé achevé pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme » (Lumen Gentium, n. 17) ».
« Antidote efficace », la connaissance sereine des autres cultures
« Pour ces raisons, l’Eglise catholique a une grande estime de la Nation, qui est le creuset où se forge le sens du bien commun, où s’apprend l’appartenance à une culture, à travers la langue, la transmission des valeurs familiales et l’adhésion à la mémoire commune, insiste Jean-Paul II. Mais en même temps, l’expérience multiforme des cultures des hommes qui est la sienne, parce qu’elle est « catholique », c’est-à-dire universelle à la fois dans l’espace et dans le temps, lui fait souhaiter aussi le nécessaire dépassement de tout particularisme et de tout nationalisme étroit et exclusif. Nous devons garder conscience que « chaque culture, comme produit typiquement humain et conditionné historiquement, renferme nécessairement des limites » (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2001, n. 6). Dès lors, « pour que le sens de l’appartenance culturelle ne se transforme pas en fermeture, il y a un antidote efficace: la connaissance sereine, non conditionnée par des préjugés négatifs, des autres cultures » (Ibid, n. 6) ».
Les richesses de chaque Nation au service du bien de tous
« C’est précisément la noble mission de l’UNESCO que de solliciter cette connaissance mutuelle des cultures et de promouvoir leur dialogue institutionnel, par toutes sortes d’initiatives au niveau international, de rencontres, d’échanges, de programmes de formation. Construire des ponts entre les hommes, parfois même les reconstruire lorsque la folie de la guerre s’est employée à les détruire, constitue un travail de longue haleine, toujours à reprendre, qui engage la formation des consciences et donc l’éducation des jeunes et l’évolution des mentalités. C’est l’un des enjeux importants de la mondialisation, qui ne doit pas conduire à un nivellement des valeurs ni à une soumission aux seules lois du marché unique, mais plutôt à la possibilité de mettre en commun les richesses légitimes de chaque Nation au service du bien de tous ».
Le sens de la présence d’un Observateur permanent du Saint-Siège
« Pour sa part, affirme le pape, l’Eglise catholique se réjouit du travail déjà accompli, même si elle en connaît les limites, et elle souhaite continuer à encourager avec détermination la rencontre pacifique entre les hommes, à travers leurs cultures et la prise en compte de la dimension religieuse et spirituelle des individus, qui fait partie de leur histoire. C’est bien le sens qu’il faut donner à la présence d’un Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’
Organisation des Nations unies pour l’Education, la science et la culture, témoin attentif depuis cinquante ans de la spécificité catholique de l’Eglise et de son engagement résolu au service de la communauté des hommes »
La conscience d’appartenir à une même famille humaine
« Puisse la célébration de cet anniversaire, conclut le pape, affermir l’engagement de tous à travailler inlassablement au service d’un vrai dialogue entre les peuples, à travers leurs cultures, afin que la conscience d’appartenir à une même famille humaine se fasse toujours plus vive et que la paix du monde en soit toujours mieux assurée (…) ».