CITE DU VATICAN, Vendredi 29 novembre 2002 (ZENIT.org) – A l’occasion de la « Journée jubilaire » de la Famille Urbanienne (375 ans d’histoire), qui se déroule à l’Université Urbanienne, Fides propose cette rencontre avec le Recteur Majeur du Collège Pontifical Urbain.
Le Père Fidel Gonzalez, MCCJ, Recteur Majeur du Collège Urbain de Propaganda Fide, est missionnaire Combonien, professeur d’Histoire de l’Eglise aux Universités Pontificales Urbanienne et Grégorienne, ancien missionnaire en Afrique, consulteur de la Congrégation pour les Causes des Saints, auteur de plusieurs ouvrages et articles sur des questions d’histoire ecclésiastique. Il a accepté de répondre aux questions de l’Agence Fides.
Le 1er août 1627, le Pape Urbain VIII, par la Bulle « Immortalis Dei Filius » reconnaissait au plus haut niveau le Collège Urbain de Propaganda Fide. Comment est –il né ?
Le Collège a été créé par le Prélat espagnol Mgr Juan Bautista Vives y Maria (1545-1632), avec la collaboration et l’appui d’autres représentants d’un mouvement missionnaire de l’Eglise de Rome.
Plus concrètement ?
La Bulle d’érection déclare : « Le Collège Missionnaire de Propaganda Fide, est destiné à former des missionnaires séculiers ad gentes et à ramener à l’unité de la foi catholique les fidèles séparés, ainsi que de recueillir et d’étudier les informations nécessaires des langues, des peuples, et des cultures du monde ». On sentait le besoin de créer des institutions ecclésiales qui répondent aux exigences qui puissent s’insérer dans le contexte historique et dans l’histoire des activités missionnaires. L’idée de la fondation d’un Organisme Romain pour l’évangélisation des peuples n’a pas été improvisée. Les premières initiatives pour ériger une nouvel Organisme pour la diffusion de la Foi remontent au temps de Pie V (1566-1572), sous l’influence de François de Borja, Général des Jésuites. Il en fut de même pour des initiatives analogues des pontifes suivants jusqu’à Grégoire XV, qui créera de sa propre initiative le Dicastère de Propaganda Fide en 1622.
Mais quand le Collège Urbain devient-il le Collège missionnaire de Propaganda Fide ?
Urbain VIII établit, par un Bref du 13 mars 1640, que le titre « De Propaganda Fide » sera réservé seulement aux institutions indiquées par la Congrégation des Cardinaux de Propaganda Fide, et depuis lors, le Collège Pontifical Missionnaire a eu une histoire qui coïncide avec celle du Dicastère Missionnaire de Propaganda Fide et de ses Missions.
Quelles raisons conduisirent à la création du Collège de Propaganda pour la formation des missionnaires ?
Le Collège Pontifical Urbain, dès le début, devait recruter et former des missionnaires pour la diffusion de la foi chez les peuples du monde, recueillir des nouvelles et des études concernant les différents peuples et cultures, spécialement ceux d’Orient, et ramener à l’unité de l’Eglise tant de chrétiens séparés d’Elle. Son premier fondateur fut Juan Bautista Vives y Maria, un Prélat espagnol résidant à Rome, qui sera un des premiers membres de la Congrégation naissante de Propaganda Fide en 1622. Vives se proposait d’ériger, sous la direction des Théatins, un collège de prêtres missionnaires séculiers, provenant de tous les Pays et de toutes les races, à la dépendance totale du Pape, pour être envoyés partout dans le monde pour proclamer l’Evangile, même par son propre sang.
Et le nom de Collège Urbain ?
Après la fondation qui fut approuvée le 1° août 1627 par Urbain VIII, le Pape érigeait ce Collège de Propaganda Fide en Collège Pontifical Apostolique, sous la protection des Princes des Apôtres Saint Pierre et Saint Paul, et lui donnant son propre nom « Urbanum ».
Quelques noms parmi les premiers qui enseignèrent au Collège ?
La liste serait trop longue. Nombre d’entre eux devinrent Cardinaux, Evêques, théologiens ; mais il vaut surtout la peine de rappeler que plusieurs signèrent leur prédication évangélique par le martyre : un entre tous, Saint Oliver Plunket, devenu Archevêque Primat d’Irlande, mort martyr en juillet 1681.
Et chez les étudiants ?
Parmi les premiers étudiants, on compte plusieurs martyrs. Il faut rappeler John Henry Newman, son compagnon et ami Saint John, et le Bienheureux Columba Marmion.
Quels problèmes le Collège a-t-il dû affronter, et quels sont ceux qui ont conditionné la vie du Collège ?
Les rapports avec l’Orient pour le recrutement des candidats, l’envoi des missionnaires, les voyages, le travail missionnaire. Un autre problème non indifférent fut la subsistance économique des Missions sous Propaganda, ainsi que le maintien lui-même du Collège Urbain et des séminaires de Propaganda.
Une proposition prophétique, mais qui n’aura pas de suite jusqu’au XIX° siècle, fut celle du Père Jésuite belge Nicolas Trigault (1577-1628), missionnaire en Chine en 1607, qui proposa au Roi d’Espagne et au Pape l’institution d’une Œuvre universelle pour aider les Missions. L’initiative n’eut pas de succès, les temps n’étaient pas encore mûrs !
Une curiosité : comment arrivent les candidats de pays assez lointains ?
Pendant deux siècles, cela se présenta comme une entreprise presque impossible. Ou bien l’on voyageait sur les bateaux du Padroado, ou bien l’on devait voyager par voie de terre, quand cela était possible. Etant donné les difficultés, au début presque tous étaient des Européens ou du Moyen-Orient. En 1784 arriva le premier élève africain, de Madagascar, Jean Melchior, qui toutefois ne resta que quelques mois, ne pouvant pas supporter le climat romain. Il faudra arriver à Daniel Comboni, presque un siècle plus tard, qui enverra les deux premiers Africains sub-sahariens, du Soudan Daniuel Feng Soruir (ancien esclave racheté par lui a El Obeid, sultan du Soudan, qu’il baptisera plus tard), et Charles Arthur Morsal.
L’ancien Collège commença à Place d’Espagne : à présent, il se trouve sur le Janicule : quand se fit le transfert ?
Le nouveau siège du Collège fut inauguré en 1933. Jean XXIII, le 1°octobre 1962, par le Motu proprio « Fidei Propagandae » l’érigea en Université.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, les Collèges de Propaganda Fide à Rome, nés à partir du Collège Urbain sont au nombre de 5. Le premier est le Collège Urbain où se trouvent presque tous les étudiants de théologie provenant d’une cinquantaine de Pays, en majorité de l’Asie et de l’Afrique. Leur présence dans le Collège veut répondre à sa propre vocation missionnaire, à la disposition de l’Eglise missionnaire, et donc du Saint–Père, par l’intermédiaire de la Congrégation pour l’Evangélisation des PeuPles. Au Collège urbain « de Propaganda Fide », tout tend à être expression du caractère missionnaire de l’Eglise : nature, but, style de vie, moyens, formation spécifique dans les différents secteurs. Les autres Collèges, celui de Saint Pierre et celui de Saint Paul, sont destinés pour les différentes spécialisations théologiques. Le Collège « Mater Ecclesiae » à Castelgandolfo, accueille une centaine de religieuses de plusieurs Congrégations, qui suivent les cours des différentes Facultés de théologie de l’Université Pontificale Urbanienne. En un mot, les différents Collèges Pontificaux de Propaganda Fie, dont le Recteur du Collège Urbain est le Recteur Majeur, forment une famille missionnaire de mille personnes environ, hommes et femmes, consacrés au Christ dans son Eglise pour la Mission, tous sous la protection de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples dont le Cardinal Préfet est Son Eminence le Cardinal Crescenzio Sepe.
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