Vietnam: Procès de trois neveux du P. Nguyên Van Ly accusés d’espionnage

Des documents compromettants sur la liberté religieuse

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CITE DU VATICAN, Vendredi 22 novembre 2002 (ZENIT.org) – Trois neveux du P. Nguyên Van Ly accusés d’espionnage au profit d’un pays étranger vont bientôt être jugés, indique l’agence des Missions étrangères de Paris, « Eglises d’Asie », dans son édition du 16 novembre (EDA, http://eglasie.mepasie.org).

Le Tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville risque de prononcer de lourdes condamnations contre trois neveux du P. Thaddée Nguyên Van Ly, l’animateur d’une campagne pour la liberté religieuse, aujourd’hui en camp d’internement après avoir été arrêté le 17 mai 2001 et condamné, le 19 octobre suivant, à quinze ans de prison fermes suivis de cinq années de résidence surveillée. Les parents du prêtre dissident sont en effet officiellement accusés d’espionnage, un crime qui selon le code pénal est passible d’une peine de prison à perpétuité voire de la peine de mort.

Ces charges sont contenues dans un acte d’accusation dont le texte (cinq pages) vient d’être diffusé par courrier électronique. Il émane du parquet populaire suprême et est signé du procureur Nguyên Manh Viên. Les trois accusés sont trois frères et sœur apparentés au P. Nguyên Van Ly, appartenant sans doute au cercle de ses intimes. La plus âgée, Mme Nguyên Thi Hoa, veuve, mère de quatre enfants, a été arrêtée le 19 juin 2001, un mois après le P. Nguyên Van Ly, puis provisoirement libérée le 25 octobre en raison de ses charges familiales. Les deux autres accusés sont ses frères cadets, Nguyên Vu Viet et Nguyên Truc Cuong, nés en 1975 et 1967, respectivement arrêtés le 13 et le 18 juin 2001. Ils sont actuellement en détention dans le camp d’internement B 34 géré par le ministère de la Sûreté publique.

Un nombre considérable de faits sont retenus contre les trois accusés. Des compte-rendus d’écoute téléphonique et de surveillance du courrier électronique font état des rencontres des trois frères et sœur avec le P. Nguyên Van Ly, ainsi que des services qu’ils lui ont rendu comme messagers et intermédiaires. L’accent est mis sur les relations entretenues par les accusés avec certains personnages et organisations considérées par la police comme des organisations réactionnaires de Vietnamiens aux Etats-Unis. Les accusés auraient eu des relations avec Doan Trang, un responsable de la radio Quê Huong de San Jose en Californie, ainsi qu’avec Mme Ngô Thi Hiên, la présidente de la Commission pour la liberté religieuse au Vietnam, elle aussi exilée aux Etats-Unis.

L’acte d’accusation suggère que depuis longtemps les trois accusés faisaient l’objet d’une surveillance et d’un contrôle de tous les instants. Mis sur écoutes téléphoniques sans doute en permanence, leur courrier électronique était minutieusement surveillé, leurs déplacements hors de chez eux contrôlés pas à pas, le contenu de leurs entretiens avec les personnes jugées suspectes consignés dans des rapports de police.

Le recueil des faits reprochés aux trois accusés est suivi d’un soigneux curriculum vitae. L’acte d’accusation qualifie ensuite leur crime d’espionnage et spécifie que les trois neveux du prêtre seront poursuivis en vertu de l’article 80 du Code pénal qui est ainsi libellé : « Sera punie d’une peine de prison, pouvant aller de vingt ans à la perpétuité ou encore de la peine de mort, toute personne qui se sera rendue coupable des crimes suivants : recueillir et diffuser des nouvelles ou des documents pour que les pays étrangers les utilisent contre la République socialiste du Vietnam. » En réalité, les informations ou les textes que les trois accusés ont transportés sont aujourd’hui connus de tout le monde et concerne la situation de la liberté religieuse. Les accusés passeront en jugement devant le Tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville à une date qui n’est pas encore précisée.
(c) EDA

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ZENIT Staff

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