CITE DU VATICAN, Dimanche 3 novembre 2002 (ZENIT.org) – Dans une « Lettre aux Eglises dans la tourmente », les évêques de France déclarent: « Évêques de France, pays qui, en 70 ans, a connu trois guerres fratricides avec un pays voisin – nous nous sommes même battus, honte de notre histoire, entre fidèles du Christ –, nous savons les efforts que réclament le pardon, le rapprochement et l’amitié. Avec la force du Christ ressuscité, nous savons aussi que cela est possible !
« Afin de soutenir votre existence et vos efforts pour les Droits de l’homme et la liberté religieuse, nous voulons faire écho à votre douleur. Nous nous engageons à entretenir, chez nous et partout où nous le pourrons, le respect et la coexistence entre les hommes et entre les peuples. Beaucoup de conflits ont un retentissement international. A notre place, nous ne manquerons pas d’agir pour faire connaître – et s’il plaît à Dieu, soulager – les épreuves qui sont les vôtres, pour vous apporter le réconfort, à la mesure de nos moyens. Vous pouvez compter sur notre prière fraternelle et sur celle de toutes les communautés dont nous sommes les pasteurs ».
Voici le texte intégral de cette déclaration du comité permanent des évêques de France à l’occasion de la Toussaint (cf. http://www.cef.fr). » On ne défend bien l’Evangile que par les méthodes de l’Evangile », rappellent les évêques.
– Déclaration des évêques de France –
« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi » (Mt 5, 11).
Le jour de la fête de la Toussaint, nous proclamerons cette Béatitude prononcée par Jésus Christ. Comment ne pas penser à vous qui la vivez aujourd’hui ?
Aux débuts de l’Eglise, les communautés chrétiennes s’écrivaient les unes aux autres pour se soutenir dans les épreuves. La fraternité réelle dans la foi s’exprimait par ces échanges. C’est dans l’esprit de cette antique tradition qu’humblement et fraternellement nous voulons vous dire une parole d’encouragement pour votre témoignage qui nous est précieux.
Plus ou moins récemment, nous sont parvenues, de divers endroits de la planète, des informations, souvent fragmentaires, sur les peines, les brimades et les violences que vous subissez au nom de la foi chrétienne. Au point que certains parmi vous sont parfois contraints de s’expatrier. Ces tribulations sont souvent redoublées par la violence des combats que se livrent les nations. Pour leur survie peut-être.
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Sous des formes spécifiques, vous êtes appelés à rendre visible le témoignage de notre foi : l’action en faveur de la paix et de la liberté, le pardon, le refus de rendre le mal pour le mal, l’espérance dans le Ressuscité : « Aimez vos ennemis. Priez pour vos persécuteurs » (Mt 5, 44).
Vous payez au prix fort le mépris de la liberté religieuse qui est un des aspects primordiaux de la liberté fondamentale de toute personne, à savoir la liberté de conscience. Cela est d’autant plus douloureux que vous êtes parfois en butte à des oppositions violentes de la part de croyants d’autres religions.
Dans cette situation de conflits et de persécutions, en résistant à la tentation de la vengeance, en manifestant du respect pour toute personne, en mettant l’amour et la charité au centre de toute votre vie et de toute votre action, vous devenez des signes de l’amour qui nous vient du vrai Dieu, le Père de Jésus Christ, « l’Ami des hommes ». Et ainsi, vous êtes les témoins, à la face du monde, de Celui qui, « en sa personne, a tué la haine » (Ep 2, 16).
On ne défend bien l’Evangile que par les méthodes de l’Evangile. Aucune motivation religieuse ne peut ni ne doit justifier la violence dévastatrice. Vous nous rappelez qu’il faut à tout prix refuser cette violence et refuser l’escalade de la violence, même si cela nous coûte. Au nom de Jésus Christ, avec vous, nous voulons vaincre la violence par le dialogue, par la réflexion partagée, par une fraternité vécue au quotidien, parce que nous croyons en la dignité de l’homme, image de Dieu, et que chacun est appelé à donner le meilleur de lui-même pour une terre où il fait bon vivre ensemble.
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Évêques de France, pays qui, en 70 ans, a connu trois guerres fratricides avec un pays voisin – nous nous sommes même battus, honte de notre histoire, entre fidèles du Christ –, nous savons les efforts que réclament le pardon, le rapprochement et l’amitié. Avec la force du Christ ressuscité, nous savons aussi que cela est possible !
Afin de soutenir votre existence et vos efforts pour les Droits de l’homme et la liberté religieuse, nous voulons faire écho à votre douleur. Nous nous engageons à entretenir, chez nous et partout où nous le pourrons, le respect et la coexistence entre les hommes et entre les peuples. Beaucoup de conflits ont un retentissement international. A notre place, nous ne manquerons pas d’agir pour faire connaître – et s’il plaît à Dieu, soulager – les épreuves qui sont les vôtres, pour vous apporter le réconfort, à la mesure de nos moyens. Vous pouvez compter sur notre prière fraternelle et sur celle de toutes les communautés dont nous sommes les pasteurs.
Que l’Esprit de paix vous garde fermes dans la foi, l’espérance et l’amour. Qu’il porte en vous ses fruits de patience, de bonté et de paix.
En la fête de la Toussaint 2002
Au nom de la Conférence des évêques de France,
Le Conseil permanent :
Le Président : Jean-Pierre RICARD, Archevêque de Bordeaux
Le Vice-Président : Georges PONTIER, Evêque de La Rochelle et Saintes
Cardinal Jean-Marie LUSTIGER, Archevêque de Paris
Bernard-Nicolas AUBERTIN, Evêque de Chartres
Louis DUFAUX, Evêque de Grenoble
Bernard HOUSSET, Evêque de Montauban
François-Xavier LOIZEAU, Evêque de Digne
Yves PATENÔTRE, Evêque de Saint-Claude
Michel POLLIEN, Evêque auxiliaire de Paris
Albert ROUET, Evêque de Poitiers
Georges SOUBRIER, Evêque de Nantes
Guy THOMAZEAU, Evêque de Montpellier