Accueillir positivement la contribution des Eglises à la construction européenne

Discours de Mgr Ricard

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CITE DU VATICAN, Dimanche 3 novembre 2002 (ZENIT.org) – Voici le texte du discours d’ouverture de Mgr Jean-Pierre RICARD, Archevêque de Bordeaux, Président de la Conférence des évêques de France, pour l’Assemblée plénière annuelle des évêques de France à Lourdes, ce 3 novembre 2002.

– Discours de Mgr Ricard –

Il y a un an, c’est notre frère le Cardinal Louis-Marie Billé qui ouvrait notre Assemblée, prononçait le discours d’ouverture, présidait l’Eucharistie et nous annonçait sa démission de la Présidence de notre Conférence. Quelques mois plus tard, il nous quittait, emporté par une maladie dont nous pressentions, tout au long des semaines, de plus en plus nettement l’issue. Il n’est plus là physiquement parmi nous, mais nous savons dans la communion des saints qu’il nous est présent autrement. Confions à son intercession fraternelle non seulement la bonne marche mais surtout la fécondité spirituelle et apostolique de notre travail.

Dans la dynamique conciliaire

Le 11 octobre dernier, était célébré le 40e anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. Nous ne pouvons pas ne pas évoquer ici cet anniversaire. Mais, qu’est-ce que faire mémoire d’un tel événement ? En faire mémoire, ce n’est pas seulement l’évoquer ni en raconter par le détail le déroulement, c’est entrer dans la dynamique de foi qui l’a inspiré et l’a habité. Le pape Jean-Paul II ne nous disait-il pas dans sa Lettre Apostolique Au début du Nouveau Millénaire, le 6 janvier 2001 : « Alors que le Jubilé est achevé, je sens plus que jamais le devoir d’indiquer le Concile comme la grande grâce dont l’Eglise a bénéficié au 20e siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence »
(n° 57) ?

Certes, en quarante ans, les temps ont changé, le visage de l’Eglise et celui du monde se sont profondément modifiés. Pourtant, c’est bien le même désir d’accueillir et de révéler le visage du Ressuscité qui a été au cœur de l’événement conciliaire et qui est la motivation profonde de nos travaux aujourd’hui. Dans son Message au monde du 11 septembre 1962, le bienheureux Jean XXIII affirmait : « Que peut être un Concile, sinon le renouvellement de la rencontre avec le visage de Jésus ressuscité, rayonnant à travers toute l’Eglise, pour sauver, réjouir et illuminer les nations humaines ?… Le monde a besoin du Christ et c’est l’Eglise qui doit apporter le Christ au monde. » Et le Concile devait souligner que c’est dans un réel amour de l’humanité, dans un vrai compagnonnage de l’homme, dans un service concret de celui-ci que l’Eglise peut lui révéler ce visage du Christ et lui en communiquer le salut.

Notre Lettre aux Catholiques de France : Proposer la foi dans la société actuelle, qui guide aujourd’hui notre réflexion pastorale, peut être lue, à juste titre, comme une application actualisée et située (dans notre contexte social et culturel français) de cette dynamique conciliaire. C’est d’ailleurs sur cet horizon d’une évangélisation renouvelée que nous avons inscrit les différents travaux de notre Assemblée, tout particulièrement ceux qui concernent la catéchèse, la pastorale du mariage et les relations de l’Eglise avec notre société.

Pratique catéchétique et responsabilité communautaire

Nous allons reprendre le dossier sur la catéchèse. L’an dernier, nous avons fait un bilan de la situation de la catéchèse en France. Nous nous sommes réjouis de tant d’efforts et de tant de recherches. Serviteurs de la Parole, premiers responsables d’une nouvelle annonce de l’Evangile il nous appartient comme évêques de donner un nouvel élan à la proposition et à la formation de la foi dans notre pays. Il s’agit maintenant de trouver, dans le domaine catéchétique, les chemins pour mettre en pratique les intuitions missionnaires de la Lettre aux Catholiques de France. Déjà, dans cette Lettre, nous affirmions que la proposition de la foi naît dans une communauté à la fois catéchisée et catéchisante. Et cela implique que celle-ci soit bien consciente de sa responsabilité catéchétique : « Toute communauté chrétienne a aujourd’hui la liberté et même le devoir de prendre des initiatives pour assurer cette formation élémentaire, tout en l’adaptant aux besoins et aux capacités des personnes auxquelles elle s’adresse »(p. 100). Oui, toute communauté doit aider ses membres à connaître, à célébrer, à vivre et à contempler le mystère du Christ.

Mais pour que les communautés prennent conscience de leur devoir en ce domaine, il leur faut « repartir du Christ », « aller au cœur du mystère de la foi », « apprendre ou réapprendre en quel Dieu nous croyons et ce qu’il a fait pour nous »… Bref, il faut inviter les communautés à se mettre à l’écoute de Celui qu’elles célèbrent. Elles y trouveront assurance et audace pour ouvrir des voies nouvelles à cette proposition de la foi.

Le document « Conduire à Jésus Christ », qui nous est proposé par la Commission épiscopale de la Catéchèse et du Catéchuménat, devrait être cet outil de travail permettant aux communautés chrétiennes de s’interroger sur leur responsabilité catéchétique et sur le cœur du message qu’elles ont à transmettre. Pour asseoir la refondation de la catéchèse, même si de multiples questions concernant le fonctionnement de la catéchèse aujourd’hui nous assaillent, ne court-circuitons pas cette étape. Il est important que nous prenions le temps de cette contemplation du Christ et de cet échange sur les enjeux majeurs de ce qu’est l’initiation chrétienne aujourd’hui… Après cette réflexion et la remontée du travail qui sera ensuite effectué dans les diocèses, il nous faudra arrêter des orientations et prendre les décisions pratiques qui pourraient déboucher sur un nouveau Directoire catéchétique, adapté à la nécessaire inculturation de la proposition de la foi dans nos diocèses.

Au service de la Bonne Nouvelle de l’amour humain

Nous allons reprendre également notre réflexion sur la Pastorale du mariage. Parmi les lieux d’accueil au sein de notre vie ecclésiale où nous avons à proposer la foi, le mariage est l’une des circonstances importantes offertes à l’Eglise pour témoigner de son espérance au cœur d’une expérience humaine vécue avec intensité.

Après la première étape, parcourue l’an dernier, il est temps de fixer et de proposer à nos communautés des orientations pastorales pour actualiser celles déjà données en 1992. Sans reprendre toute la réflexion fondamentale sur le mariage, nous pouvons nous appuyer sur des convictions assez fortes et une longue pratique pour formuler ces orientations. Au moment où de plus en plus de laïcs et de couples chrétiens s’engagent dans l’accueil des couples et la préparation au mariage, ces orientations sont particulièrement attendues.

Notre propos pourra paraître modeste, mais son ambition est réelle. L’enjeu pastoral n’est-il pas d’aider les deux cent mille jeunes qui souhaitent célébrer leur mariage à reconnaître la Bonne Nouvelle qui éclaire leur amour ? Beaucoup de nos contemporains jugent notre ambition excessive. Il leur semble que nous attendons trop de l’amour conjugal. C’est notre foi qui nous conduit à reconnaître un enjeu divin dans l’amour vécu par un homme et une femme et dans leur désir de le partager avec des enfants. A la lumière du Christ nous savons que le véritable amour est don. Loin de se perdre, l’être humain fait l’expérience qu’il ne devient pleinement lui-même que lorsqu’il se donne totalement.

Nous n’ignorons pas les difficultés propres à notre temps ni les blessures dont les familles peuvent être victimes. Mais nous sommes témoins d’une espérance qui nous fait vivre : un amour authentique est une r
essource assurée pour ceux qui souhaitent être heureux. Nous voulons les accompagner dans cette aventure.

L’Eglise catholique dans la société française

Dans son compagnonnage avec les hommes, les femmes, les enfants et les jeunes de notre temps, l’Eglise se veut à leur service. Elle ne demande ni privilège, ni pouvoir, elle offre sa collaboration. Le Concile Vatican II affirmait clairement : « Aucune ambition terrestre ne pousse l’Eglise ; elle ne vise qu’un seul but : continuer, sous l’impulsion de l’Esprit consolateur, l’œuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi » (L’Eglise dans le monde de ce temps, n° 3, 2). C’est bien dans cette dynamique de service et de collaboration que nous voulons aujourd’hui, nous aussi, nous situer : « Pour notre part, au titre de notre citoyenneté et de notre foi, nous voulons contribuer au vouloir-vivre de notre société, et y montrer activement que l’Evangile du Christ est au service de la liberté de tous les enfants de Dieu » (Lettre aux Catholiques de France, p. 29).

Le prochain anniversaire du centenaire de la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 va être l’occasion pour un certain nombre d’instances de réfléchir sur la place des cultes aujourd’hui dans notre société. Même si, comme Eglise catholique, nous ne sommes pas concernés par cette loi au même titre que ceux qui en ont accepté les articles concernant les associations cultuelles, il nous faudra saisir cette occasion pour dire clairement comment notre Eglise souhaite se situer et se situe de fait concrètement dans notre société, quelle collaboration elle offre, quels enjeux et quelles difficultés elle perçoit, quelles questions elle se pose. En effet, par ses institutions et par l’engagement de ses membres notre Eglise ne reste pas inactive. Elle s’investit tout particulièrement dans l’éducation des jeunes, dans le domaine social, sanitaire et caritatif, dans le domaine de la culture, de l’art et de la sauvegarde du patrimoine. Elle se veut partenaire. Elle offre sa contribution et sa participation. Elle souhaite participer aux débats qui traversent notre société. Quand elle intervient dans l’accueil des « sans-papiers », dans les questions sur l’insécurité réelle ou ressentie ou dans le domaine de la sécurité routière, l’Eglise le fait dans une volonté de prendre sa part dans la construction d’un véritable « vivre-ensemble » en France. Le travail que nous amorçons cette année, La place de l’Eglise catholique dans la société française : notre expérience d’évêques, est le premier volet de cette réflexion. Nous dirons comment nous-mêmes, évêques, nous voyons cette place, comment nous l’habitons. La réflexion devra se poursuivre ensuite au sein même de nos diocèses.

Des réunions régulières Eglise catholique – Gouvernement

On perçoit aujourd’hui chez beaucoup de responsables politiques une conscience plus aiguë que si la liberté religieuse a une dimension éminemment personnelle elle a aussi de légitimes prolongements sociaux et communautaires. La religion ne saurait être cantonnée dans le pur domaine des opinions privées relevant de la seule conscience des croyants. La recherche de solutions à des problèmes posés par l’insertion de l’islam dans le tissu de la société française a été certainement pour beaucoup un facteur important de cette nouvelle perception. Dans mes rencontres avec les responsables de l’Etat (Président de la République, Premier ministre, ministres…), il m’a souvent été réaffirmé que les religions avaient une dimension sociale qui devait être prise en compte, un rôle à jouer à côté d’autres familles de pensée pour apporter leur contribution aux interrogations et aux problèmes de notre société.

C’est dans ce contexte que s’est exprimé au sommet de l’Etat un désir de concertation avec les différents cultes et en particulier avec les représentants de l’Eglise catholique, qui est dans notre pays, la confession à laquelle se rattache une majorité de Français. Une rencontre a eu lieu à Matignon le 12 février dernier qui réunissait le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur et leurs conseillers, Mgr le Nonce apostolique, le Président et le Vice-président de la Conférence, le Cardinal Archevêque de Paris, Mgr de la Soujeole et Mgr Stanislas Lalanne. Au cours de cette rencontre a été prise la décision de réunions régulières entre le Premier Ministre, les ministres concernés et les représentants qualifiés de l’Eglise catholique pour aborder, analyser et si possible résoudre les problèmes qui peuvent apparaître dans les relations entre l’Eglise et les pouvoirs publics. Qu’il me soit permis, au nom de notre Conférence, de dire tous nos remerciements aux deux Premiers Ministres successifs, Monsieur Lionel Jospin et, actuellement, Monsieur Jean-Pierre Raffarin, aux Ministres concernés et à leurs conseillers, pour l’initiative prise et l’amorce du travail entrepris.

Des prolongements du côté de l’Europe

Je souhaite que ce qui se dessine aujourd’hui en France puisse avoir aussi des répercussions positives dans la construction européenne et tout particulièrement dans la rédaction de la future Constitution européenne. Il serait souhaitable que l’Europe non seulement ne méconnaisse pas son patrimoine spirituel, religieux et humaniste, mais qu’elle accueille positivement la contribution actuelle des Eglises et des communautés religieuses à cette construction européenne. Ne serait-il pas bon de faire figurer dans un Traité constitutionnel de l’Union européenne que l’Union européenne respecte l’identité et la contribution spécifique des Eglises et des communautés religieuses et entretient avec elles un dialogue structuré ? Nous aurons l’occasion de reparler de cela dans le cadre de cette assemblée et de nous prononcer sur ce point.

Pour l’expérience d’une plus grande collégialité

S’il est encore un point où la référence conciliaire peut encore éclairer nos travaux, c’est la tenue même du Concile. En effet, dans une profonde intuition spirituelle, le pape Jean XXIII a perçu que l’Eglise ne pouvait relever les défis d’une évangélisation renouvelée qu’en renforçant les liens de communion entre les évêques. Si l’Eglise est, comme le dit Jean-Paul II, une « communion missionnaire », elle ne peut vivre sa mission qu’en renforçant sa communion et vivre sa communion qu’en renforçant sa dynamique missionnaire. Si nous voulons relever ensemble les défis de la mission aujourd’hui dans notre pays, c’est bien à un renforcement de la communion entre évêques que nous sommes appelés. D’ailleurs, les réponses à l’enquête menée cette année auprès de vous sur la restructuration de notre Conférence épiscopale ont révélé qu’il y avait dans notre Assemblée un désir très net d’une plus grande collégialité. N’oublions pas que cette Assemblée s’est largement renouvelée. Un certain nombre d’évêques nommés ces dernières années éprouvent le besoin d’une meilleure connaissance entre évêques, de temps de rencontre, de partage, de réflexion commune, en vue de décisions vraiment concertées.

Le travail en provinces ecclésiastiques devrait permettre d’offrir un échelon proche où pourra se vivre entre évêques voisins une forme de cette expérience collégiale. Ce travail va prendre la suite de celui des Régions apostoliques. Mais il a comme ambition nouvelle de faciliter une entraide et une collaboration entre diocèses proches. Au moment de notre débat sur la constitution des provinces, la question avait été posée de l’avenir de nos régions administratives. Celles-ci n’ont certes pas les promesses de la vie éternelle… mais les projets actuels de lois concernant la décentralisation vont dans le sens d’un renforcement des res
ponsabilités régionales. Nous ne pourrons pas ne pas en tenir compte pour notre travail ecclésial.

Ce travail en provinces va nous faire souhaiter de plus larges rencontres entre évêques au niveau national. C’est là qu’il nous faut avancer dans la réforme des structures de notre Conférence. Il sera important de trouver le bon rythme pour la mener : ni la marche forcée ni l’enlisement. Il s’agira surtout de se donner l’outil qui nous permette de grandir dans l’expérience d’une plus grande collégialité en évitant, pour le fonctionnement de notre Conférence, émiettement, fractionnement du travail et maintien de structures qui ne correspondent plus aujourd’hui aux impératifs de la mission ou à nos possibilités d’investissements en personnes et en finances.

Garder vif le souci de toutes les Eglises

Loin de nous enfermer dans une communion repliée sur nous-mêmes, l’expérience d’une réelle collégialité nous ouvre sur les autres Eglises. D’ailleurs, la visite récente de dix-huit évêques venus des divers continents à l’occasion de la Semaine missionnaire et la présence de nos frères évêques délégués à notre Assemblée par d’autres Conférences épiscopales sont par elles-mêmes une invitation à vivre cette communion hors frontières. Le Concile Vatican II rappelait : « Successeurs légitimes des apôtres et membres du collège épiscopal, les évêques doivent se savoir toujours unis entre eux et se montrer soucieux de toutes les Eglises ; en vertu de l’institution divine et des devoirs de sa charge apostolique, chacun d’eux, en effet, est responsable de l’Eglise avec les autres évêques » (Décret La charge pastorale des évêques, n° 6).

Comme l’exprimait récemment notre Conseil permanent dans sa Lettre aux Eglises dans la tourmente, nous ne pouvons pas ne pas porter dans notre réflexion et notre prière tous nos frères et sœurs chrétiens qui souffrent de par le monde.

Il y a trois ans, nous accueillions dans cette même Assemblée Mgr Wacko qui nous parlait de la situation dramatique des communautés chrétiennes au Sud Soudan. Nous ne les avons pas oubliées. En février prochain une délégation de notre Conférence ira leur apporter l’assurance de notre amitié et de notre aide.

Ce n’est pas sans une réelle inquiétude qu’ici à Lourdes nous pensons à Jérusalem, aux Israéliens, aux Palestiniens et à tous ceux qui habitent la Terre Sainte ravagée par la violence et même la haine. Nous lançons un appel pour que des acteurs de paix, courageux, se lèvent de part et d’autre pour ouvrir un dialogue constructif qui fasse taire définitivement les armes afin que la sécurité, la dignité et la justice soient rétablies. Nous n’oublions pas nos frères chrétiens de Terre Sainte. J’espère bien, à la fin de cette année, pouvoir aller avec une délégation de notre Conférence leur témoigner sur place de notre amitié, de notre aide, de notre prière fraternelle et les assurer du soutien et de la solidarité des catholiques de France.

Portons aussi dans nos prières le peuple irakien. Il subit déjà le poids de l’embargo qui touche ce pays. Puisse-t-il ne pas avoir à supporter dans sa propre chair les ravages et les séquelles qu’entraînerait une nouvelle guerre !

Notre Assemblée est à pied d’œuvre. Le travail ne manque pas. Je ne sais s’il nous faudra comme saint Paul travailler nous aussi « nuit et jour »… Mais puissions-nous, à travers notre prière, nos échanges et nos décisions, avoir la joie de servir comme lui « l’annonce de l’Evangile de Dieu » (1 Th 2, 9) !

Lourdes, dimanche 3 novembre 2002

Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des Evêques de France

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ZENIT Staff

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