CITE DU VATICAN, Mercredi 31 juillet 2002 (ZENIT.org) – En baisant publiquement l’anneau du pêcheur du pape Jean-Paul II, lors de la cérémonie de bienvenue à l’aéroport de Mexico le 30 juillet au soir, le président Vicente Fox a brisé un tabou séculaire: les personnalités politiques ne devaient pas manifester leur foi.
Les journaux mexicains ont publié ce mercredi la photo du président mexicain, aujourd’hui âgé de 60 ans, saisi dans ce geste significatif. Un contraste avec l’attitude, la veille, des huit chefs d’Etat d’Amérique centrale, présents au Guatemala, pour saluer la venue de Jean-Paul II et assister à la canonisation de San Pedro.
« Le Mexique confié à Jean-Paul II », titre «Reforma». «Impact du baiser de Fox», commente «El Universal» sur huit colonnes. «La Jornada» s’interroge à la Une: «Et l’Etat laïc?».
La communauté catholique du Mexique, deuxième du monde en chiffres, n’a en effet joui d’aucune reconnaissance juridique pendant la majeure partie du XXe siècle. Les prêtres catholiques, en particulier, étaient privés de la plupart des droits civils.
Cette situation paradoxale était un héritage de la Constitution et des lois promulguées à la fin des années 1910-1930, déchaînant des persécutions sanglantes, comme en témoignent les martyrs canonisés le 21 mai 2000 et les Indiens que le pape béatifiera demain, 1er août.
Jusqu’en l’an 2000, le pays a été en effet pendant plus de 70 ans sous le pouvoir du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), et les présidents mexicains interdisaient toute manifestation publique de la foi, considérant que cela aurait constitué une violation de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Le dernier président de ce parti, Ernesto Zedillo, avait commencé à briser les tabous historiques, en participant à l’inauguration de la cathédrale d’Ecatepec, aux portes de la capitale, le 25 mars 1999, sans pour autant faire des gestes qui auraient été des manifestations publiques de foi.
Le président Fox, qui se dit ouvertement catholique, a interrompu cette tradition. A la suite de son succès aux élections de juillet 2000, il a surpris le pays en venant se prosterner devant l’image de la Vierge en la basilique de Guadalupe, le 1er décembre.
La conception, héritée d’une tradition maçonnique du XIXe s., des rapports de l’Eglise et de l’Etat au Mexique, empêchant toute personnalité politique de manifester publiquement sa foi, a été critiquée à la veille de la venue de Jean-Paul II par le cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque primat de Mexico.
Dimanche 28 juillet en effet, le cardinal a déploré que la liberté religieuse en soit pas encore totale dans la République, prenant comme exemple la pression reposant sur la charge de président: il devait se défaire de son investiture pour assister à la canonisation de Juan Diego ce mercredi.
« Ce n’est pas nécessaire de faire des fictions juridiques, parce que le président est le président, chez lui ou en dehors de chez lui, dans l’église et en dehors de l’église », a déclaré l’archevêque à la presse.
Il suggérait une modernisation de la législation concernant la relation Eglise-Etat.
La liberté religieuse souffre d’autres limites au Mexique, la loi actuelle déniant en effet à l’Eglise la liberté d’expression dans les media et la possibilité d’enseigner la religion dans les écoles.