Dn 3: "Personne n'est exclu de la bénédiction du Seigneur"

Allocution à l’audience générale du 10 juillet

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CITE DU VATICAN, Mardi 17 juillet 2002 (ZENIT.org) -« Personne n’est exclu de la bénédiction du Seigneur », affirme Jean-Paul II dans son commentaire du cantique des trois jeunes Juifs dans la fournaise, que présente le livre de Daniel. Jean-Paul II voit dans la longue litanie d’exhortation à la louange comme une « procession cosmique » de toute la création. Voici la traduction de l’Italien publiée par L’Osservatore Romano en français du 17 juillet (cf. http://www.vatican.va).

– Allocution de Jean-Paul II –

1. Dans le chapitre 3 du livre de Daniel est insérée une lumineuse prière sous forme de litanie, un véritable Cantique des créatures que la Liturgie des Laudes nous propose à plusieurs reprises, en divers fragments.

Nous venons à présent d’en écouter la partie fondamentale, un choeur cosmique grandiose, encadré par deux antiennes qui le résument: « Vous toutes, oeuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement… Béni sois-tu dans le firmament du ciel, chanté, glorifié éternellement » (vv. 56.68).

Entre ces deux acclamations se trouve une hymne solennelle de louange, qui s’exprime par l’invitation répétée: « Bénissez »: de prime abord, il s’agit seulement d’une invitation à bénir Dieu qui est adressée à la création tout entière; en réalité, il s’agit d’un chant de remerciement que les fidèles élèvent au Seigneur, pour toutes les merveilles de l’univers. L’homme devient la voix de toute la création pour louer et rendre grâce à Dieu.

2. Cette hymne, chantée par trois jeunes juifs qui invitent toutes les créatures à louer Dieu, débouche sur une situation dramatique. Les trois jeunes, poursuivis par le souverain babylonien, se trouvent plongés dans une fournaise ardente en raison de leur foi. Pourtant, même s’ils vont subir le martyre, ils n’hésitent pas à chanter, à se réjouir, à louer. La douleur âpre et violente de l’épreuve disparaît, semble presque se dissoudre en présence de la prière et de la contemplation. C’est précisément cette attitude d’abandon confiant qui suscite l’intervention de Dieu.

En effet, comme l’atteste de façon suggestive le récit de Daniel, « l’ange du Seigneur descendit dans la fournaise auprès d’Azarias et de ses compagnons; il repoussa en dehors la flamme du feu et il leur souffla, au milieu de la fournaise, comme une fraîcheur de brise et de rosée, si bien que le feu ne les toucha aucunement et ne leur causa ni douleur ni angoisse » (vv. 49-50). Les cauchemars se dissolvent comme brume au soleil, les peurs s’évanouissent, la souffrance est effacée lorsque tout l’être humain devient louange et confiance, attente et espérance. Telle est la force de la prière quand elle est pure, intense, emplie d’abandon à Dieu, qui est providentiel et rédempteur.

3. Le Cantique des trois jeunes fait défiler devant nos yeux une sorte de procession cosmique, qui part du ciel peuplé d’anges, où brillent également le soleil, la lune et les étoiles. D’en haut, Dieu diffuse sur la terre le don des eaux qui sont au-dessus du ciel (cf. v. 60), c’est-à-dire les pluies et les rosées (cf. v. 64).

Voilà cependant que soufflent également les vents, qu’explosent les éclairs et que font irruption les saisons avec la chaleur et le gel, avec l’ardeur de l’été, mais également le givre, la glace, la neige (cf. vv. 65-70.73). Le poète inclut également le rythme du temps au chant de louange, le jour et la nuit, la lumière et les ténèbres (cf. vv. 71-72). A la fin, le regard se pose également sur la terre, en partant des sommets des montagnes, des réalités qui semblent relier le ciel et la terre (cf. vv. 74-75).

C’est alors que s’unissent à la louange de Dieu les créatures végétales qui germent sur la terre (cf. v. 76), les sources qui apportent vie et fraîcheur, les mers et les fleuves avec leurs eaux abondantes et mystérieuses (cf. vv. 77-78). En effet, le poète évoque également les « monstres marins » aux côtés des poissons (cf. v. 79), comme signe du chaos aquatique primordial auquel Dieu a imposé des limites à observer (cf. Ps 92, 3-4; Jb 38, 8-11; 40, 15-41, 26).

C’est ensuite le tour du vaste règne animal dans sa variété, qui vit et qui évolue dans les eaux, sur la terre et dans les cieux (cf. Dn 3, 80-81).

4. Le dernier acteur de la création qui entre en scène est l’homme. Le regard s’étend tout d’abord à tous les « enfants de l’homme » (cf. v. 82); puis l’attention se concentre sur Israël, le peuple de Dieu (cf. v. 83); c’est ensuite le tour de ceux qui sont pleinement consacrés à Dieu non seulement comme prêtres (cf. v. 84), mais également comme témoins de la foi, de la justice et de la vérité. Ce sont les « serviteurs du Seigneur », les « esprits et les âmes des justes », les « saints et les humbles de coeur » et, parmi eux, apparaissent les trois jeunes, Ananias, Azarias et Misaël, qui se sont faits la voix de toutes les créatures, dans une louange universelle et éternelle (cf. vv. 85-88).
Les trois verbes de la glorification divine ont constamment retenti, comme dans une litanie: « Bénissez, chantez, exaltez » le Seigneur. Telle est l’âme authentique de la prière et du chant: célébrer le Seigneur sans relâche, dans la joie d’appartenir à un choeur qui comprend toutes les créatures.

5. Nous voudrions conclure notre méditation en laissant la parole aux Pères de l’Eglise, tels qu’Origène, Hyppolite, Basile de Césarée, Ambroise de Milan, qui ont commenté le récit des sept jours de la création (cf. Gn 1, 1-2, 4a), précisément en relation avec le Cantique des trois jeunes gens.

Nous nous limiterons à reprendre le commentaire de saint Ambroise, lequel, en se référant au quatrième jour de la création (cf. Gn 1, 14-19), imagine que la terre parle et, en discourant du soleil, trouve toutes les créatures unies dans la louange à Dieu: « Le soleil est vraiment bon, car il est utile, il aide ma fécondité, il alimente mes fruits. Il m’a été donné pour mon bien, il est soumis avec moi à la même oeuvre. Il gémit avec moi, pour que vienne le temps de l’adoption des fils et de la rédemption du genre humain, afin que nous puissions nous aussi être libérés de l’esclavage. A mes côtés, avec moi, il loue le Créateur, avec moi, il élève une hymne au Seigneur notre Dieu. Là où le soleil bénit, la terre bénit, les arbres fruitiers bénissent, les animaux bénissent, les oiseaux bénissent avec moi » (Les six jours de la création, SAEMO, I, Milan-Rome 1977-1994, pp. 192-193).

Personne n’est exclu de la bénédiction du Seigneur, pas même les monstres marins (cf. Dn 3, 79). En effet, saint Ambroise poursuit: « Même les serpents louent le Seigneur, car leur nature et leur aspect révèlent à nos yeux une certaine beauté et ils montrent qu’ils ont une justification » (ibid., pp. 103-104).

A plus forte raison, nous qui sommes des êtres humains, nous devons ajouter à ce concert de louange notre voix heureuse et confiante, accompagnée par une vie cohérente et fidèle.
© L’Osservatore Romano – 17 juillet 2002

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ZENIT Staff

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