CITE DU VATICAN, Mercredi 17 avril 2002 (ZENIT.org) - Malgré l’indifférence du gouvernement et l’hostilité de certains groupes hindous, des chrétiens se sont mis au service des victimes des derniers troubles, rapporte l´agence des Missions étrangères de Paris, Eglises d´Asie (EDA, eglasie.mepasie.org) dans son édition du 16 avril.

Après les troubles du Gujarat qui, du 28 février au 2 mars dernier, ont fait quelque 800 morts, la plupart musulmans, et détruit des milliers de maisons, en représailles du massacre de 58 hindous brûlés dans un train par une foule musulmane, de nombreux militants chrétiens se sont efforcés de porter assistance aux victimes survivantes, malgré l’indifférence des pouvoirs publics et l’animosité de beaucoup d’hindous.

Après les troubles, de très nombreuses victimes ont trouvé asile dans environ 101 camps d’hébergement où le nombre de pensionnaires (plus de 100 000) excède d’au moins trois fois les réelles capacités d’hébergement. Début avril, ceux-ci refusaient toujours de rentrer sur les lieux de leurs anciennes habitations craignant pour leur sécurité.

Par ailleurs, les hindous manifestant une certaine répugnance à reprendre leurs anciens employés, les musulmans hébergés dans les camps savent qu’ils n’auront plus de travail et aucune ressource pour survivre.

Pourtant, les camps établis à l’intérieur de cimetières ou d’écoles sont dépourvus de tout, y compris du strict nécessaire. En raison du manque d’hygiène et d’approvisionnement en eau potable, très rapidement des épidémies de gastro-entérite s’y sont développées.

Cependant, ce qui préoccupe le plus les chrétiens venus porter assistance aux pensionnaires des camps, c’est le traumatisme psychologique très grave subi par les victimes lors des massacres et qui continue d’habiter leurs esprits. Les femmes et les enfants sont particulièrement concernés par ce choc émotif.

L’évêque d’Ahmedabad, Mgr Stanislaus Fernandes, qui a quitté le Congrès biennal de la Conférence épiscopale auquel il participait pour organiser l’aide aux sinistrés, a recommandé aux chrétiens d’en tenir le plus grand compte et d’essayer de le dissiper d’une manière rapide et positive.

Les militants chrétiens, pour assurer l’aide dans les camps, se sont organisés en une association intitulée « Initiative citoyenne pour l’assistance aux victimes ». Par ailleurs, la Société de service social, animée par les jésuites, a transformé ses bâtiments en entrepôts où sont stockés un certain nombre de produits de première urgence.

Début avril, la société avait déjà distribué 10 000 dollars américains et 50 000 couvertures dans les divers camps. En fait, les chrétiens, particulièrement les prêtres et religieuses qui se sont introduits dans les camps avec l’accord des médecins musulmans, ont été bien accueillis par les pensionnaires qui, par ailleurs, ont souvent refusé de faire confiance aux autres communautés religieuses.

L’œuvre d’assistance des chrétiens a été menée dans l’indifférence des pouvoirs publics qui, selon la remarque du P. Victor Mose, directeur de la Société de service social, ne se préoccupent guère de savoir si les divers secours parviennent aux victimes. Selon un autre prêtre, le gouvernement ferait preuve d’une certaine discrimination dans le classement des victimes des troubles, celles-ci devant faire la preuve de la destruction de leur habitation pour être acceptées comme véritables « victimes ».

L’engagement des chrétiens au service des pensionnaires des camps – dans leur grande majorité, des musulmans – s’est aussi heurté à l’hostilité de certains hindous peu désireux de voir l’aide parvenir jusqu’aux mains de victimes appartenant à l’islam, remarque EDA. Certains groupes d’assistance qui s’étaient volontairement portés au secours des camps se sont même retirés par crainte de réaction hostile de certaines associations hindoues, rendant ainsi beaucoup plus lourde la charge des chrétiens engagés au service des pensionnaires des camps.