ROME, Mardi 27 mars 2001 (ZENIT.org) - "L´Eglise ne se range aux côtés d´aucun parti" titre aujourd´hui le "Messaggero", le quotidien le plus vendu à Rome, à la suite d´une déclaration du cardinal Camillo Ruini, vicaire du pape pour Rome et pour la troisième fois président de la conférence épiscopale italienne (CEI). Mais le cardinal Ruini a donné des indications aux Catholiques pour leur discernement et les a invités à exercer leur droit de vote.

"Il Messaggero" cite les propos du cardinal Ruini qui a inauguré hier après-midi son troisième mandat de président de la CEI, lors de l´ouverture du conseil permanent de la conférence des évêques. "L´Eglise, disait-il, et donc le clergé et les différentes réalités et expressions ecclésiales ne doivent pas et n´entendent pas s´impliquer dans les choix d´une formation politique ou d´un parti". "Cela ressemble, commente le quotidien, à un coup d´arrêt mis à toute forme d´avances, de manipulation ou de spéculation".

"Mais", "neutralité ne veut pas dire indifférence", continue le commentaire. Et de citer ce "mais" du cardinal Ruini: "Cela ne légitime pas pour autant une ´diaspora´ culturelle des catholiques, c´est-à-dire une façon de retenir n´importe quelle idée ou vision de la vie comme compatible avec la foi, et pas davantage une adhésion facile à des forces politiques et sociales qui s´opposent ou ne prêtent pas une attention suffisante aux principes et aux contenus spécifiques de la doctrine sociale de l´Eglise".

Dans son discours, le cardinal Ruini insistait sur le "discernement" du programme des partis en ce qui concerne en particulier le caractère "central" de la personne humaine, la protection de la vie humaine "à tout moment de son existence", au "respect intégral des embryons", le refus du clonage et de l´euthanasie, la défense du caractère spécifique de la famille fondée sur le mariage "grâce à une législation organique", la "pleine et concrète réalisation de la parité scolaire". Mais aussi: soutien convaincu à la recherche scientifique, aux problèmes du travail et du chômage, justice sociale et efficacité du système économique et de la production, immigration et sécurité des citoyens, soins de santé et sauvegarde de l´environnement.

Il précisait: "Il n´est pas dans l´intention de l´Eglise d´imposer aux non-croyants une perspective de foi mais seulement d´interpréter et de défendre les valeurs enracinées dans la nature même de l´être humain".

Pour "La Repubblica", la nouvelle est à la Une: "Elections, l´appel de l´Eglise". Avec ce sur-titre: "La CEI: Nous sommes neutres, mais nous défendons nos valeurs". Et comme sous-titre: "Ruini: Catholiques, allez voter!"

Pour sa part, "Il Corriere della Sera" titre (p. 3): "Votez pour qui suit les idées de l´Eglise". Sur-titre: "Ruini: Il y a une variété d´option pour les Catholiques. Condamnées les rixes entre les formations: non aux ´délégitimations´ réciproques". En sous-titre: "Décalogue des évêques sur la vie, la famille, l´école et le travail: allez tous aux urnes"".

Le quotidien présente en effet un schéma des "indications" des évêques en dix points:
1. Vie: la défendre à "tout moment de son existence", "respect intégral des embryons". Non au clonage et à l´euthanasie.
2. Famille: "fondée sur le mariage", n´est pas assimilable à d´autres formes. Urgence d´une "loi organique" avec des mesures fiscales et d´assistance.
3. Parité scolaire: "Demeure un but de première importance" et doit comporter un soutien "plein et concret" aux écoles libres.
4. Justice sociale: Travail, emploi, "attention" aux couches sociales plus faibles et au Sud, en assurant la "liberté et l´efficacité du système économique".
5. Immigration: "Accueil" pour une "insertion digne" dans le "respect des valeurs et des normes qui règlent la coexistence".
6. Sécurité: S´opposer fermement à "toute criminalité ou illégalité", sans manques aux "principes et aux garanties de l´Etat de droit".
7. Santé, environnement, nature: Les défendre en combattant les dangers "dérivés des violations des réalités dont dépend notre vie".
8. Réformes institutionnelles: Les compléter en mettant en valeur "les autonomies locales et les corps sociaux intermédiaires" avec le renforcement adéquat de l´exécutif central.
9. Unité européenne: "Pleine contribution de l´Italie" à une telle entreprise, sans pour autant renoncer au "patrimoine culturel, civil et moral" du pays.
10. Solidarité internationale: "Dévouement" à cette cause, à celle de la justice et de la paix, surtout pour "les populations en condition de pauvreté inhumaine".

Le discours du cardinal Ruini fait aussi la Une de "L´Avvenire": invitation à éviter les anathèmes réciproques des formations politiques et à exercer le droit de vote. "Le futur attend des réponses", titre le quotidien d´inspiration catholique. Il insiste sur l´appel du cardinal vicaire à l´engagement: "Ruini: Nécessaire engagement de toutes les forces vives".

Avant de consacrer deux pages à l´exposé du cardinal Ruini, le quotidien explique à la Une que les passages les plus forts de ce discours inaugural étaient: "La primauté et le caractère central de la personne, le rôle irremplaçable de la famille fondée sur le mariage, le devoir de reconsidérer nos responsabilités éducatives à la lumière des épisodes dramatiques de Novi Ligure et de Pompéi [matricides, ndlr], mais aussi, à la veille de la campagne électorale, un fort rappel aux politiques afin qu´ils évitent des polémiques ayant leur fin en elles et les "délégitimations" réciproques".

"Après avoir rappelé le principe de subsidiarité, continue L´Avvenire, (…) le cardinal Ruini a dédié une longue page aux thèmes de la vie politique. Il a rappelé que l´Eglise et les évêques "ne doivent pas et n´ont pas l´intention de s´impliquer dans un choix de formation politique". Mais cela ne signifie pas que "toute idée ou vision de la vie soit compatible avec la foi". D´autre part, ne serait pas non plus justifiable "l´adhésion facile à des forces politiques et sociales qui s´opposent ou ne prêtent pas une attention suffisante aux principes et aux contenus spécifiques de la doctrine sociale de l´Eglise".