Indonésie: Une musulmane demande pardon pour la campagne de conversions forcées

Lettre ouverte à une chrétienne forcée à renier sa foi

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ROME, lundi 26 mars 2001 (ZENIT.orgFIDES) – « Nous sommes tristes et nous avons honte. Nous ne savons que dire, à vous spécialement, les victimes. Nous demandons pardon de tout notre coeur « . C’est ce qu’écrit Mme Miriam Abdulah, une femme musulmane des Moluques, dans une lettre ouverte de solidarité destinée aux chrétiens de l’archipel, persécutés par les intégristes islamiques.

La lettre, parvenue à Fides, est adressée à Mme Christina Sagat, une femme catholique de 33 ans habitant l’île de Keswui ; au mois de novembre 2000, elle avait été mutilée lors d’une tentative de conversion forcée par les membres du mouvement Laskar Jihad ; ils avaient débarqué sur les îles de Keswui et de Teor, dans les Moluques centrales. Après avoir enfermé catholiques et protestants dans les mosquées, ils les ont torturés et contraints à abjurer leur foi. Mme Christina Sagat a eu le courage de décrire les violences qu’elle avait subies.

« Chère soeur, écrit Miriam à Christina, je me sens très triste parce que, aujourd’hui encore, il y a des personnes menacées et contraintes à abjurer leur foi. A ma tristesse s’ajoute le fait que cette violence a été faite par des frères musulmans du Laskar Jihad vis-à-vis d’autres frères indonésiens ». Miriam déclare qu’elle n’a pas cru, au début, aux rumeurs de conversions par la violence. Mais quand les faits ont été confirmés par l’ONU et par des musulmans indonésiens, elle a dû y croire : « Cela m´a profondément attristée, ainsi que beaucoup d’autres musulmans ».
« J’espère, et je prie pour que les dirigeants musulmans aient l’humilité de parler ouvertement et de demander pardon, à toi et à tes frères chrétiens, au nom de la communauté musulmane. Ma lettre aura difficilement de l’influence sur eux. Ceux qui font l’islamisation pensent que l’Indonésie, en devenant musulmane, sera un pays dans l’ordre et sans révoltes. Mais ils ne voient pas ce qui se passe dans des pays comme l’Afghanistan et l’Iran ; au lieu de la paix, c’est le chaos et le despotisme ».

La lettre parle aussi du malaise psychologique de Christina : « J’espère, ma chère soeur Christina, que tu ne perdras pas ton estime de toi-même et que tu ne te sentiras pas en faute pour avoir abjuré ta foi. Je suis sûre que Allah, en qui je crois, sera miséricordieux. Ce n’est pas toi qui as péché, mais ceux qui ont menacé de t’enlever la vie ».

Le 22 mars dernier, on a enterré Agus Wattimena, le dirigeant protestant tué le 20 mars à Amboine, la Capitale des Moluques, dans des circonstances peu claires. Des membres de la police ont également assisté à la cérémonie. Des affrontements entre militants chrétiens et les forces de police ont malheureusement eu lieu après la cérémonie. D’après le Centre de Crise d´Amboine, la situation est toujours tendue, et la trêve fragile. Dans la nuit du 23 au 24 mars, les habitants de Galala, Tantui et de Halong Atas, des faubourgs de Amboine, ont entendu des tirs, qui étaient dirigés contre un poste de police.

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ZENIT Staff

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