ROME, Mercredi 21 mars 2001 (ZENIT.org)
– Alors que la crise agricole frappe les éleveurs (ESB, fièvre aphteuse, inondations, etc), Mgr Raffin propose un rendez-vous aux paroisses, le 25 mars, pour manifester la « solidarité » de la communauté chrétienne et porter dans la prière « les victimes de l´effondrement d´une profession ».
En effet, quelques mois après les joyeuses célébrations du jubilé du monde agricole (12 novembre 2000), « les agriculteurs vivent une crise dramatique ». En réponse, les évêques français, en particulier Mgr Jacques Fihey, évêque de Coutances et président du comité épiscopal de la mission en monde rural, Mgr Pierre Raffin, évêque de Metz, Mgr Gaston Poulain, évêque de Périgueux et Sarlat, et Mgr Yves-Marie Dubigeon, évêque de Sées, et la Mission Rurale de l’Orne, invitent la communauté chrétienne à la solidarité avec le monde rural, à la « une » de cef.fr (pour le communiqué de Mgr Dubigeon, cf. « Documents »).
« Droit dans le mur »
Mgr Jacques Fihey évoque les « drames humains » vécus dans le monde agricole en donnant la parole aux éleveurs: » « Nous sommes dans le mur ». Cette réflexion , bien des éleveurs me la font ; jusqu´à présent ils disaient « nous allons droit dans le mur ». Aujourd´hui ils disent qu´ils y sont. Et je les crois volontiers quand s´accumulent les drames de la « vache folle » et de la fièvre aphteuse, sans compter la tremblante du mouton. N´oublions pas que les « légumiers » ont eux aussi une année difficile : la pluie a causé bien des dégâts et des exploitants sont aussi « dans le rouge ». »
Marquer notre estime pour les agriculteurs
« Qu´y pouvons-nous ? », demande l´évêque. Il propose quatre types de réponses: « D´abord être attentifs aux personnes : discrètement mais fraternellement parler avec ceux dont on devine qu´ils sont en difficulté. Certains connaissent une grande solitude. Parler avec ceux qui, même s´ils sont un peu solides, vivent cette situation. Parler parce que ce sont des frères et ces sœurs. Lorsqu´un agriculteur fait une opération « ferme ouverte », ne pas hésiter à nous y rendre. Quand je propose aux communautés relais « et aux mouvements en monde rural (C.M.R., M.R.J.C., A.C.E.) d´être attentifs aux événements locaux, c´est bien le cas de le vivre. Ensuite essayer de comprendre ce qui se passe et comment nous sommes tous plus ou moins concernés par ces drames… Marquer aussi notre estime pour les agriculteurs et éviter de répercuter les slogans que l´on fait courir à leur sujet, par exemple : « ils ne vivent que de primes ». Réaliser ce qu´est ce métier, si prenant… Enfin, dans nos choix de société, et jusque dans nos votes, prendre en compte cet élément de discernement parmi d´autres : quelle société voulons-nous ? »
Et sympathie
« Alors que l´agriculture et l´élevage connaissent présentement une crise sans précédent, je voudrais exprimer aux agriculteurs et aux éleveurs de Moselle mon estime et ma sympathie », dit Mgr Raffin dans son message. Il invite, avec les mouvements ruraux (ACE, CMR, MRJC) et leurs accompagnateurs prêtres à un geste précis « pour dire aux familles touchées par la crise de l´agriculture et de l´élevage notre solidarité dans l´épreuve et notre compréhension de leurs problèmes »: « Nous invitons les communautés chrétiennes du diocèse de Metz à s´informer avec exactitude de la situation présente, à manifester leur solidarité et à porter dans leur prière les victimes de l´effondrement de toute une profession, dimanche 25 mars, premier du printemps ». L´évêque de Metz évoque pour la situation en Moselle. « Lors de mes visites pastorales, dit-il, j´ai eu plusieurs fois l´occasion de rencontrer agriculteurs et éleveurs et d´apprécier à leur juste valeur les services qu´ils rendent à la société, ainsi que leur effort pour respecter la création grâce à une saine écologie. Tout récemment encore j´avais la chance de rencontrer un groupe d´éleveurs dans le pays de Sierck ».
Cette estime, il la décline, ajoutant un mot spécial pour ceux qui ont plus particulièrement à cœur le respect de a création: « Je tiens à encourager plus particulièrement les agriculteurs et les éleveurs qui, dès maintenant, recherchent de nouvelles voies plus respectueuses pour l´équilibre naturel ».
« Manifester concrètement soutiens et réconfort »
Pour leur part, Mgr Gaston Poulain et les membres du Conseil épiscopal adressent un message direct « aux agriculteurs du département et particulièrement aux éleveurs », reconnaissant: « Vous vivez dans l´angoisse quotidienne que soit détruit votre outil de travail… Vous ressentez durement le fait que votre travail ne soit pas suffisamment considéré. Vous supportez très mal de ne pas pouvoir vivre du fruit de votre travail, mais à coup d´aides qui font de vous des assistés ».
L´évêque invite les communautés chrétiennes à « être à l´écoute », à « manifester concrètement soutiens et réconfort » et à « sensibiliser » aux problèmes du monde rural « ceux qui n´en ont pas exactement conscience ».
Et il met en garde contre toute surenchère de la « psychose ambiante »: « il serait criminel de l´augmenter ». Il termine par cet encouragement: « Vous n´êtes pas une espèce en voie de disparition, le monde a besoin de vous, de votre travail et de vos produits ».