Haïti/Libre échange: Les religieux et religieuses du Canada tirent la sonnette d´alarme

En faveur d´une île souvent abandonnée au niveau international

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CITE DU VATICAN, Mardi 6 mars 2001 (ZENIT.org) – Nous présentons ci-dessous une déclaration en date du 26 février 2001 des religieux et religieuses catholiques du Canada à la suite d´une rencontre qui s´est tenue à Port-au-Prince, au sujet de la création d´une zone de libre échange (ZLEA) sur le continent Américain et avec les Caraïbes, prévue pour le sommet de Québec en avril prochain.
En 1999, les religieux et religieuses canadiennes s´étaient engagés à soutenir Haïti, remarquant que « Haïti s’est vue souvent abandonnée par la communauté internationale et par nombre de mouvements voués à la défense de la justice sociale et des droits humains ».
Comme ils craignent maintenant les effets négatifs de cette nouvelle politique économique sur un pays qui est déjà le plus pauvre de la planète, ils réclament au préalable, et « dans l’esprit de consolider véritablement la démocratie », « un débat public avec la pleine participation de toutes les personnes concernées par cet accord ».

Déclaration:

« Les présidents, les présidentes et les secrétaires des Conférences religieuses de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine et des Caraïbes se sont rencontrées du 23 au 26 février 2001, à Port-au-Prince. Nous représentons quelques 270 000 religieux, religieuses de tout l’Amérique. Nous sommes des hommes et des femmes qui avons travaillé depuis plusieurs années avec des partenaires dans les Amériques. Nous voulons annoncer une parole de vie et de soutien en faveur de la lutte des pauvres, des femmes, des enfants, des jeunes, des sans emplois, des estropiés de nos continents.

« Ces quatre Conférences se sont réunies à la rencontre interaméricaine de Toronto, Canada, en 1999. Nous nous sommes alors engagés à soutenir le peuple d’Haïti :

« Alors que l’attention du monde se tournait vers des crises plus urgentes vers la fin des années 1990, le peuple haïtien connaît toujours d’amères privations, la tourmente politique et l’injustice internationale. Tandis que des pays déchirés par la guerre et l’oppression sociale progressaient même un tant soit peu sur la voie de la démocratie, du développement économique et de la réconciliation sociale, Haïti s’est vue souvent abandonnée par la communauté internationale et par nombre de mouvements voués à la défense de la justice sociale et des droits humains dans le monde d’aujourd’hui ».

« Nous voulons adresser une parole d’appui et de solidarité au peuple et aux religieux, religieuses d’Haïti, dont plusieurs ont consacré tous leurs efforts et même donné leur vie pour la libération d’Haïti. Nous écrivons au peuple des Amériques en provenance d’Haïti, le pays le plus pauvre de notre hémisphère.

« Nous savons que les chefs d’États de tous les pays des Amériques se rencontreront au mois d’avril à Québec pour signer la première ébauche de la création d’une zone de libre échange des Amériques (ZLÉA). Nous considérons que le plan d’action pour cet accord est profondément biaisé. Le plan d’action pour la rencontre à Québec parle de consolider la démocratie, de créer une prospérité par la croissance économique qu’elle produira, de réaliser le potentiel humain.

« Notre expérience nous démontre que la mise en œuvre d’accords semblables ne produit pas les objectifs escomptés et ne stimule pas le bien commun. Nous voyons chaque jour les effets des politiques de libre marché sur les populations de nos pays : des personnes déplacées, la destruction des cultures locales ; l’augmentation du nombre des sans abri ; l’insuffisance de soins de santé et des services d’éducation ; l’exploitation des femmes et des enfants ; le manque d’emplois et la destruction de l’environnement. Ces effets de la pauvreté affectent particulièrement les femmes et les enfants de nos pays.

« En ce qui a trait à la création de la prospérité par la croissance économique, nous exigeons la mise en place de dispositions capables de protéger les cultures, les droits des travailleurs et travailleuses et l’environnement tout en considérant l’impact de cet accord sur la vie des femmes, des enfants et des pauvres. Nous insistons pour que cet accord garantisse des services humains élémentaires pour les plus vulnérables.

« Par conséquent, dans l’esprit de consolider véritablement la démocratie, nous exigeons un débat public avec la pleine participation de toutes les personnes concernées par cet accord ».

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ZENIT Staff

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